Un chantier particulièrement atypique est en cours dans les bassins Est du Grand port maritime de Marseille. L'ancienne base navale allemande de la seconde guerre mondiale se transforme en "data center" pour accueillir les échanges numériques du futur.
Vous êtes devant votre ordinateur et, comme bien souvent, celui-ci vous propose d'enregistrer votre photo de famille sur le "Cloud" ("nuage" en français). Vous vous êtes certainement demandés où était enregistrée cette photo. Certainement pas dans les airs, mais où ? A Marseille ? En France ? Aux Etats-Unis ?
Et bien, dans quelques mois, votre photo sera peut-être stockée dans l'ancienne base navale allemande qui devait accueillir les sous-marins du IIIe Reich. Ce gigantesque blockhaus, situé dans les bassins Est du Grand port maritime de Marseille (GPMM) était abandonné depuis quelques années. Dans quelques mois, il sera transformé en "data center", en centre de stockage et d'échange de données informatiques.
Un chantier de quelque 140 millions d'euros est en cours pour transformer le passé en futur. Ce "data center" est baptisé MRS3, tout simplement parce que c'est le troisième centre de données de la société Interxion situé à Marseille.
Pourquoi un "data center" à Marseille ?
La société Interxion est leader européen des "data center", elle en possède 54 en Europe et dans le monde.explique Fabrice Coquio, président de la société Interxion France.Nous avons besoin d'être le plus proche possible de nos clients pour que les temps d'accès aux données informatiques soient le plus court possible, de l'ordre de la mico-seconde
Traditionnellement, ces centres de données informatiques sont situés au cœur des principales capitales économiques, alors pourquoi Marseille ?
Si Marseille a été choisie pour installer ces infrastructures informatiques, c'est pour une raison bien particulière. La cité phocéenne est une "Gate way", une porte d'entrée et de sortie des données numériques. C'est ici, à Marseille, qu'arrivent 14 câbles sous-marins de communication. Ces liaisons filaires permettent les échanges de données entre l'Europe, l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie. 80 % de ces échanges passent par Marseille.
Pourquoi un "data center" dans une ancienne base sous-marine ?
C'est un contrat gagnant-gagnant. D'un côté, l'Etat et le GPMM cherchaient depuis plus de 75 ans à se débarrasser de ce blockhaus ou à lui trouver une utilité. Il a été longtemps un entrepôt de stockage de l'armée, puis des douanes, avant d'être abandonné.De l'autre côté, pour la société Interxion, il faut être au cœur de l'activité économique et il faut être proche de ces câbles sous-marins de communication. La société possède déjà un "data center", le MRS1, à la Joliette, sur l'ancien site de SFR et un deuxième centre, le MRS2, sur la zone portuaire, au niveau de la porte 4. La base sous-marine inoccupée est donc un site idéal, sans compter que le bâtiment lui-même, en béton armé, offre une sécurité physique rassurante pour les clients de la société.
La fin de la première phase des travaux devrait être terminée fin décembre 2019. Les premiers clients devraient s'installer au premier trimestre 2020. Des clients qui pourraient s'appeler Apple, Microsoft, ou encore Netflix.