Marseille : arrestation de 34 trafiquants français liés à la mafia calabraise

Il aura fallu pas moins de 570 militaires français et italiens pour mener à l'arrestation, le 15 septembre, de 45 individus liés à un vaste trafic de stupéfiants entre les deux pays. Les criminels français qui sévissaient dans la région, étaient en partie liés à la mafia calabraise "N'drangheta".

Une (visio) conférence de presse commune aux procureurs de la République de Marseille et de Gênes, s'est tenue dans la salle du tribunal judiciaire de Marseille.  A leurs côtés, les représentants des gendarmes et carabiniers qui ont participé à l'enquête.

Le dossier est hors normes, tant par le nombre d'intervenants, que par la coopération exemplaire entre militaires français et italiens. L'enquête a été conduite conjointement par la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS) de Marseille, et le parquet anti-mafia de Gênes.

22 personnes interpellées en Paca

Le 15 septembre,  450 militaires de la gendarmerie française et 120 carabiniers italiens ont procédé à l’interpellation des protagonistes d’un vaste trafic de stupéfiants entre la France et l’Italie.

En tout 45 personnes ont été interpellées, 34 en France, dont 22 dans le Var et les Alpes-Maritimes, et 11 en Italie, sur la riviera ligure.

"Les individus arrêtés dans notre région ont partie liée avec la mafia calabraise : la "N'drangheta",  a d'abord précisé Dominique Laurens, la procureure de la République de Marseille.

"En France, nous avons récupéré 700000 euros de linéaire et 120000 euros sur des comptes bancaires. Cinq armes de poing ont été saisies, dont un fusil et un pistolet mitrailleur. Une trentaine de montres de luxe et six véhicules de luxe ont également été récupérés par les gendarmes. On voit bien là le lien direct entre le trafic de stupéfiants et l'argent qui va avec".

Un dossier "emblématique"

Le colonel Dominique Lambert prend à son tour la parole pour s'exprimer sur la partie opérationnelle. Ses hommes sont à la manœuvre depuis hier matin 6 heures.
Cela fait près de deux ans qu'ils enquêtent sur cette affaire.

"Même si les 34 gardes à vue sont toujours en cours, c’est déjà un succès", explique le colonel. Car il s'agit d'un dossier emblématique à bien des égards".

Cela a commencé de façon assez classique avec une saisie douanière de 20 kg de résine de cannabis.

"Il faut rendre hommage à la brigade de recherches de Draguignan qui a tiré le fil", poursuit le colonel Lambert. "Pendant plusieurs mois, elle a enquêté, jusqu'à dessiner un réseau d'une grande ampleur".

Saisir "l'argent du crime"

Une cellule d'enquête intitulée "Forever" est alors créée en avril 2019. Elle comporte sept enquêteurs qui vont se consacrer uniquement à ce dossier. 

En associant la cellule régionale d’avoirs criminels (CERAC) de paca, et les enquêteurs de la section de recherches d’Ile de France pour la partie parisienne du dossier, les gendarmes vont cibler l’argent du crime pour le saisir.

Les enquêtes sont poussées , il faut aux gendarmes déployer "des techniques d'investigation très intrusives", précise le colonel. "C'est là qu'avec nos camarades de Gênes, on a vu qu'il y avait une convergence des dossiers".

Gendarmes et carabiniers se mettent à travailler ensemble. Les Italiens créent leur cellule d'enquête et la nomment "Ponente".
Désormais l'enquête devient commune aux deux pays et le dossier prend le nom de "Ponente-Forever".

De part et d'autre de la frontière, les filatures peuvent se poursuivre facilement, et l'échange des procédures facilite les perquisitions.

"Cela s'est très bien passé, de manière harmonieuse", exprime le colonel Lambert. "Nous sommes tous militaires et partageons les mêmes modes d'actions".

Des individus sont repérés, dans le Var et les Alpes maritimes, mais aussi en région parisienne, et pour deux d'entre eux, dans l'ouest de la France.

"Ce sont des gens déjà connus de nos services", précise la procureure de Marseille.
"Il apparaît que notre première cible a mis au point toute une organisation lui permettant d'alimenter en drogue, sur le plan local, la Côte d'Azur, en lien avec des gens de la région parisienne.
On s'aperçoit qu'il développe aussi toute une activité avec des individus appartenant à la "N'drangheta", qui eux sont en Italie, mais ont des membres de leurs familles en France".

L'enquête se poursuit. Et les 45 interpellés sont encore en garde à vue.

Réussite de la coopération transfrontière

Pour le procureur de Gênes, Francesco Cozzi, "cette coopération entre nos deux pays a été fructueuse. Elle a permis de mettre en lumière non seulement l’activité criminelle de la drogue non seulement sur la côte ligure ce qui était déjà connu, mais aussi sur la Côte d’azur et les liens qui se sont constitués entre ce réseau criminel français et la mafia calabraise".

"La coopération transfrontière judiciaire est là et porte ses fruits", a estimé pour sa part la procureure Dominique Laurens.


Cette enquête a bénéficié du soutien du fond de sécurité intérieure, financé par l’Europe, et dédié à la lutte contre la mafia. Elle a permis aux enquêteurs de "Ponente-Forever" de bénéficier de moyens techniques supplémentaires.

Enfin, elle s’inscrit dans le cadre de la volonté affichée de l’Italie de sensibiliser ses partenaires européens à la lutte contre les différentes mafias italiennes "qui étendent leur influence bien au delà des frontières de la péninsule".
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