C'est une opération place nette qui s'est déroulée à Digne-les-Bains ce mardi 14 janvier à l'aube. Des armes, de la drogue et une voiture de luxe ont été saisies et six personnes interpellées dans la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence. Elles sont soupçonnées de trafic de drogue et, plus grave, de racket, d'extorsion de fonds, de menaces, etc. Retrouvez ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du parquet disponible dans la vidéo.
Loin de Marseille ou Aix-en-Provence, où de nombreux commerçants ont déjà commencé à dénoncer les tentatives de rackets dont ils sont victimes, une affaire de trafic de drogue, de menaces et d'extorsion de fonds d'envergure éclate à Digne-les-Bains. Ce 14 janvier au matin, une opération place nette a permis l'arrestation de six personnes, après quelques semaines d'enquête. "Un vrai et beau succès" après plusieurs opérations coup de poing depuis un an, souligne le préfet des Alpes-de-haute-Provence. Des écoutes ont permis de confirmer un trafic de stupéfiants et ont révélé, chose inattendue au départ de l'affaire, un système de racket : plusieurs patrons de bars et de restaurants à Digne-les-Bains en ont fait les frais à l'automne 2024; cinq seulement ont porté plainte, d'autres pourraient se faire connaître. Le mode opératoire et les détails de l'opération ont été précisés par les autorités dans une conférence de presse que France 3 Provence Alpes vous détaille. "C'est une opération qui était mûrement préparée par la police", a affirmé le préfet des Alpes-de-Haute-Provence.
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Racket, extorsion de fonds : des méthodes façon DZ Mafia, mais ...
"Il n'y a aucun lien établi avec la DZ mafia", a assuré le parquet dans cette conférence de presse. C'est peut-être l'une des informations à retenir de cette conférence de presse, car l'assimilation est tentante et la rumeur courait de bon train dans les rues de Digne-les-Bains depuis des semaines. "La rumeur a été très délétère" a d'ailleurs regretté Patricia Granet-Brunello, la maire de Digne dans ce point presse.
Alors que les policiers écoutaient des suspects pour démanteler un réseau de trafic de stupéfiants, ils ont vite compris qu'une diversification des activités était en cours : du racket est venu s'ajouter à l'affaire de stupéfiants. À l'automne, ils identifient d'abord neuf bars (ou restaurants) dans le viseur du petit gang en place à Digne-les-Bains. Quatre patrons d'établissement, à ce jour, ont porté plainte. C'est donc une deuxième affaire, qui s'ajoute au trafic de stupéfiants et pour celle-ci, un autre juge d'instruction a donc été saisi. "Ces faits d'extorsion durent depuis plusieurs mois, depuis au moins le début de l'année 2024 et sans doute même avant, pour plusieurs restaurateurs", explique Antoine Pesme, le procureur de la République de Digne-les-Bains. Les investigations qui vont se poursuivre sous la commission du juge d'instruction, auront pour but de préciser le préjudice. "Mais le préjudice, évidemment, il y en a au moins deux", détaille le parquet. Un préjudice direct lié aux sommes extorquées, qui "se chiffre en plusieurs dizaines de milliers d'euros". Puis des extorsions directes : des services demandés, des consommations non payées... "Enfin, c'est tout ce qu'on peut imaginer".
C'est aussi, de manière plus indirecte, une perte de chiffre d'affaires puisque ces commerces, ces restaurants ont vu leur fréquentation baisser, ont vu une partie de leur clientèle expulsée même par moment et ont dû fermer pendant les congés.
Antoine Pesme, procureur de Digne-les-BainsConférence de presse
Dégradations, séquestrations, menaces
Le parquet tient à préciser la violence des faits sans donner de détails. "Le mode opératoire était extrêmement violent. Ce sont des dégradations dans les restaurants et les bars, des violences physiques directes. Ce sont sans doute même des faits de séquestration pour au moins deux établissements." Les familles des gérants ont parfois fait l'objet d'intimidation.
Profil des suspects
Sur six personnes interpellées dans le coup de filet mené ce 14 janvier : "quatre sont impliquées à la fois dans les faits de trafic de stupéfiants et dans les faits d'extorsion. Une personne est impliquée davantage dans les faits d'extorsion avec non-justification de ressources et une personne est impliquée dans le seul dossier de trafic de stupéfiants."
Ces six hommes sont tous domiciliés à Digne. Le plus âgé est né en juin 1960, le plus jeune a 25 ans. Les quatre autres sont nés en 1986, 1972,1980 et 1994.
Deux d'entre eux sont inconnus de la justice et "les quatre autres sont bien connus, essentiellement pour des faits de violences aggravées et des faits de trafic de stupéfiants."
Une Ferrari et de l'argent liquide saisis
Pour les autorités, cette opération place nette est "un vrai succès". "Je ne vais pas rentrer dans le détail de ce qui a été trouvé, mais quand même une grosse somme d'argent. Au total, plus de 21 000 euros en liquide, un peu de produits stupéfiants, une Ferrari, une arme d'épaule de calibre douze et puis chez l'un d'entre eux également, tout un matériel de conditionnement."
Les enquêteurs ont investigué en quelques semaines, principalement décembre.
Parmi les interpellés, un commerçant figure dans la liste. "Ce racket, je n'avais jamais été confronté à ça à Digne. Il fallait arrêter cela", a rappelé Patricia Granet-Brunello, maire de Digne-les-Bains.
Certains commerçants et restaurateurs de Digne-les-Bains ont cédé aux menaces. De l'argent a été versé, "un préjudice qui s'élève à plusieurs milliers d'euros", a précisé le procureur de la République. Les investigations vont se poursuivre pendant de longs mois. Pour extorsion en bande organisée, les prévenus dans cette affaire encourent 20 ans de réclusion criminelle, sans compter les 10 ans pour trafic de stupéfiants.