Marseille : coup d’accélérateur dans la pratique du vélo

C’était annoncé comme l’un des enjeux sanitaires du déconfinement : la pratique du vélo a fait un bond incroyable depuis le 11 mai. Nouvelles pistes cyclables, aide de l’état à la réparation… Marseille deviendra-t-elle enfin une ville cyclable ?

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"On vend un vélo comme une baguette de pain en ce moment". C’est dire, si l’on peut parler de coup de pédale à Marseille. On dirait même "un coup de folie", comme l’a remarqué Dorian Marin. C’est le responsable de la boutique Cyclable à Marseille.

Dans cette boutique installée Boulevard Rabatau, en six ans d’activité, on n’a jamais vu un peloton de futurs cyclistes aussi chargé.

"La première semaine du déconfinement, nous avons vendu près de 25 vélos, c’est le double de nos chiffres habituels", explique Dorian. Ces jours-ci, les clients qui entrent dans la boutique ne réfléchissent pas, "si le vélo est disponible, ils repartent avec tout de suite".

Engouement post-confinement, ou simple mode printanière, l’attrait pour le vélo "avait commencé avant le confinement ", mais le vendeur remarque un phénomène nouveau.

"En cette période de l’année, nous vendons habituellement des vélos de voyage, précise-t-il. Cet été, les clients ne partiront pas en voyage, par contre, ils veulent un vélo pour se rendre au travail".

Ici, on répare également de vieux deux-roues sortis des greniers. "Un mois et demi d’attente pour une réparation", c’est ce qu’il vous faudra patienter avant de vous remettre en selle, explique Dorian Marin.

La boutique est, sur Marseille, l’un des 22 ateliers partenaires de l’opération Coup de Pouce lancée par l’Etat.

Un chèque réparation de 50 euros

Permettant de désengorger les transports en commun, et donc de limiter la propagation de l’épidémie de Covid-19, le vélo est devenu un enjeu sanitaire autant qu’environnemental.

Et le gouvernement a décidé de passer le gros braquet en matière de mobilité durable, en débloquant une enveloppe de près de 20 millions d’euros.

Il s’agit d’un "coup de pouce" à hauteur de 50 euros, pour chaque particulier qui souhaiterait faire réparer sa vieille bicyclette, celle qui prend la poussière dans la cave depuis des années. Pour cela, il suffit de s’adresser à l’un des professionnels agréés. Nul besoin d’avancer l’argent, c’est le réparateur qui déduis directement les 50 euros de votre facture, et il se fera rembourser par l’Etat. Une initiative possible jusqu'au 31 décembre 2020.

Pour la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB), partenaire du chèque réparation, en une semaine, plus de 19.000 réparations ont été effectuées en France auprès de 1.700 professionnels. Olivier Schneider, le président de la FUB ne se réjouit pas pour autant. "Ce serait une erreur de dire que le confinement est une chance pour le vélo. Mais le vélo, est bien une chance pour la société française en pleine crise sanitaire ", admet-il.

Car selon lui, l’urgence sanitaire va durer, et "le système vélo a montré sa résilience". "Les collectivités ne pourront pas doubler les métros, ou les bus, pour respecter la distanciation sociale", ajoute-t-il.

C’est pourquoi des villes comme Marseille ou Nice, ont tenté des aménagements "non pas provisoires, mais transitoires".

Car ces nouvelles pistes cyclables, constituent un coup d’accélérateur et un test grandeur nature pour la mobilité de demain.

A Marseille, 9 km de pistes cyclables supplémentaires

De là à chatouiller les pédales de tous les Marseillais, n’exagérons pas, il y a encore des réticences. Notamment autour des nouveaux aménagements. La Métropole Aix-Marseille-Provence, a prévu 9 km de pistes cyclables supplémentaires.
Car, si cela sent encore la peinture fraîche sur l'avenue du Prado, entre Castellane et le Rond Point du Prado, la toute nouvelle piste cyclable prend la place d’une voie de voiture. De quoi irriter les automobilistes aux heures de pointe.

La Confédération des Comités d’Intérêt de Quartier (CIQ) de la ville de Marseille a d’ailleurs publié un communiqué dès le 11 mai, exprimant ses réserves.

Selon Jean-Marc Chapus son président, "peu de personnes, en dehors des sportifs, sont des utilisateurs réguliers" du vélo.

Reconnaissant une "initiative intéressante", les CIQ estiment aussi que le vélo "n’est pas plus sécuritaire que la voiture par rapport à la contagiosité " du Covid.

Contre l’air du temps post-confinement, les CIQ proposent entre autre, de "favoriser les transports en commun", ou de "mettre en place une aide à l’achat de scooter électrique". Aujourd’hui, on estime à trois millions, le nombre de cyclistes quotidiens en France. 19 millions, soit un tiers de la population, utiliseraient leur vélo régulièrement.

Mais combien de nouveaux cyclistes appuieront sur la pédale dans les prochaines semaines de leur déconfinement ? Surtout, si on continue de leur prouver qu'il est possible de créer des aménagements sécurisés, en quelques jours seulement.
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