Aménagements provisoires de la circulation, prime pour réparer son vélo, le gouvernement veut éviter un report massif de l'usage de la voiture après le confinement. Le ministère de la Transition écologique débloque 20 millions d'euros pour promouvoir la pratique du vélo.
Bus, métros, tramways, les réseaux de transports en commun s'organisent pour permettre aux usagers le respect des gestes barrières et la distanciation physique. Malgré ces mesures, le gouvernement craint un report massif de ces moyens de transport sur la voiture, après le confinement.
60% des "trajets effectués en France en temps normal font moins de 5 kilomètres", selon le ministère de la Transition écologique.
Comment éviter que les habitants, qui risquent de se détourner des transports en commun par crainte du virus, se déportent massivement sur la voiture, ajoutant à l'épidémie des problèmes de congestion des routes et de pollution de l'air ?
La ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, va débloquer 20 millions d'euros pour favoriser la pratique du vélo et aider villes et départements qui préparent des pistes cyclables et des zones piétonnes provisoires.
Depuis mi-avril, plusieurs municipalités, voire des départements entiers, planchent sur le sujet, notamment la métropole de Nice, dans la région.
#PlanVelo de 20 millions € : levons les freins à la pratique du #vélo dans la période de sortie de #confinement !
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) April 30, 2020
✅ soutien aux pistes cyclables temporaires.
✅ aide à la réparation des vélos, installation de places temporaires, formations.
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Un forfait de 50 euros pour réparer son vélo
Pour accompagner l'essor du vélo comme mode de transport en France, à la traîne par rapport à d'autres pays européens, le gouvernement offre un coup de pouce aux personnes prêtes à adopter le vélo pour se déplacer au quotidien.Dans le plan de 20 millions d'euros, un forfait de 50 euros est destiné pour faire réparer sa bicyclette d'occasion (changer des freins, des lumières, des pneus...).
Concrètement, le propriétaire ne paie pas la réparation jusqu'à concurrence de 50 euros, charge aux réparateurs d'obtenir le remboursement.
Les réparateurs seront référencés sur le site de la fédération française des usagers de la bicyclette (Fub), d'ici une semaine.
À Marseille, le Collectif Vélo en Ville se félicite de cette initiative : "parmi les propositions que nous avons formulées à la métropole, nous avions demandé une aide financière pour l'acquisition ou la réparation d'un vélo", indique Thomas Chaussade, président du Collectif Vélo en Ville.
Plusieurs associations comme "L'Heureux Cyclage" ou "Allo Mecano Vélo", spécialisées dans la réparation des vieux vélo, espèrent être référencées par la Fub.
Le gouvernement rappelle que la vente et la réparation de vélos sont autorisées pendant le confinement.
Dans le département des Bouches-du-Rhône, le Conseil départemental a maintenu son dispositif d'accompagnement pour l'achat d'un vélo à assistance électrique. Le dispositif prévoit le remboursement à hauteur de 25 % du prix d'achat, jusqu'à 400 euros.
Depuis le 1er janvier 2019, 6176 dossiers ont été traités, dont 272 depuis le début du confinement.
Faciliter la circulation des vélos en ville
Plusieurs villes et départements prévoient de mettre en place des pistes cyclables et des aménagements piétons temporaires. Pour soutenir les collectivités dans cette démarche, le ministère leur propose un soutien technique et la dispense d'autorisations préalables, "notamment des Architectes des Bâtiments de France"."Le fonds de dotation de soutien à l'investissement local (DSIL) est mobilisé par les préfets pour cofinancer des pistes cyclables temporaires au cas-par-cas avec les collectivités territoriales qui ne disposeraient pas de ressources suffisantes", précise le ministère.
Le gouvernement invite aussi à maintenir "les voies vertes accessibles lorsque les conditions d'ouverture pour les cyclistes y sont remplies".
À Nice, le maire, Christian Estrosi, souhaite tester sur une durée d'un mois l’interdiction de rouler en voiture sur certains axes pour laisser place libre aux deux roues. Ou encore les vélos bleus gratuits. Autant de pistes qui seront affinées dans les prochains jours.
Le collectif Nice à Vélo milite d'ailleurs, sur place, pour l'aménagement de davantage de pistes cyclables. Le collectif demandait "des mesures d'urgence pour développer de nouvelles pistes cyclables afin de promouvoir le vélo comme solution de mobilité permettant l'indispensable distanciation physique à la sortie du confinement".
Par ailleurs, le collectif dénonce des discriminations : "de nombreux cyclistes nous ont fait part d'un contrôle plus systématique quand ils sont à vélo qu'à pied".
Enfin, le collectif rappelle que dans la métropole niçoise, le niveau d'émission d'oxyde de carbone pendant la période de confinement a baissé de 69 % par rapport au seuil habituel : "il serait positif d'en tirer une leçon de savoir-être en terme de déplacement".
Des aménagements de la voirie à Marseille ?
À Marseille, la métropole Aix-Marseille-Provence, en charge de la voirie, ne s'est pas encore prononcée sur le sujet. Lundi 27 avril, le Collectif Vélo en ville et l'association Ramdam ont interpellé Martine Vassal pour agir rapidement, pour qu'un dispositif soit prêt, le 11 mai prochain."Le vélo, mais aussi la marche à pied apparaissent en effet comme une solution de déplacement cohérente, en plus d’être écologique et peu coûteuse. Le vélo et la marche à pied seront d’autant plus un moyen de transport adéquat dans une période où l’appréhension de prendre les transports en commun risque de perdurer bien au-delà du déconfinement", rappelle Thomas Chaussade, président du Collectif Vélo en Ville.
"C'est incontestablement le moment de développer l'usage du vélo à la fois pour des raisons sanitaires, sociales et environnementales", a indiqué, Jean-Yves Petit, président de l'association Ramdam, dans une lettre adressée à la présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.
Ces collectifs ont formulé neuf propositions pour la ville de Marseille. La première d'entre-elles, constituer rapidement une alternative cyclable sur les grands itinéraires desservant Marseille (et ses hôpitaux), en transformant en piste cyclable bidirectionnelle une des voies de circulation automobile.
Le Collectif Vélo en Ville souhaiterait, pendant une durée limitée, qu'un arrêté du maire limite à 30 km/h la vitesse des engins motorisés dans la ville, pour sécuriser les cyclistes et les piétons.
Une formation à la pratique du vélo
Dans le cadre du plan "vélo" du gouvernement, la ministre de la Transition écologique prévoit de financer des "formations à la reprise d'un vélo en confiance, assurées gratuitement". Il existe plusieurs "vélo-écoles" en France.À Marseille, la "vélo-école" existe depuis des années et propose des séances pour les enfants, mais surtout pour les adultes qui n'ont jamais fait de vélo.
"On n'imagine pas le nombre de personnes qui n'ont pas de permis de conduire et qui ne savent pas faire du vélo", précise Thomas Chaussade.
Les séances de la "vélo-école" à Marseille devraient reprendre au parc Borely, après le confinement et une deuxième école devrait ouvrir, à la Belle de Mai, dans le 3e arrondissement.
Pour contacter la "vélo-école" à Marseille, appelez le 09 54 58 88 77.
Le vélo autorisé durant le confinement par le Conseil d'Etat
Par ailleurs le Conseil d'Etat a confirmé jeudi dans une ordonnance que la pratique du vélo est autorisé pour les déplacements durant le confinement.Une bonne nouvelle pour les cyclistes qui ont été verbalisés depuis la mi-mars et qui pourront donc contester l'amende qui leur a été infligée sur la base de ce décret.Le juge des référés ordonne au Gouvernement d’indiquer publiquement et largement que le #vélo peut être utilisé pour les déplacements autorisés durant le confinement #Covid19
— Conseil d'État (@Conseil_Etat) April 30, 2020
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