Démolition de deux immeubles de la rue d'Aubagne à Marseille : “On l'a appris dans la presse”, dénonce un propriétaire

La mairie de Marseille a annoncé la déconstruction de deux immeubles de la rue d'Aubagne. Il s'agit de bâtiments jouxtant ceux qui s'étaient effondrés le 5 novembre 2018, causant la mort de huit personnes. Les propriétaires et associations dénoncent l'absence totale d'informations. 

Ils étaient encore debouts au bord du trou béant laissé par l'effondrement du 5 novembre 2018. Les 69 et 71 de la rue d'Aubagne vont être rasés. Le 3 avril, la mairie a pris un arrêté dans ce sens suivant l'avis d'experts attestant d'une instabilité alarmante de la structure.

"Seule leur déconstruction est envisageable et réalisable", écrit la mairie de Marseille. Les deux bâtiments jouxtent les numéros 63 et 65 qui se sont effondrés le 5 novembre 2018 et le 67 détruit par les pompiers au lendemain du drame. 

La déconstruction "interviendra dès que le collège d'experts en aura déterminé, lors de sa réunion prévue mi-avril, les modalités précises", précise la mairie.Mael Camberlein est propriétaire d'un appartement au 5e et dernier étage du 69. "Les arrêtés ne nous ont jamais été notifiés, on l'a appris dans la presse", s'insurge-t-il.

"On demande que la mairie donne tous les documents qui justifient de démolir, aux propriétaires, aux associations et aux collectifs impliqués depuis le début dans le suivi du dossier. Dans l'arrêté, il y a l'affirmation que ce n'est pas possible de stabiliser, montrez-le nous." 

Demande de transparence sur les choix de la mairie

Le couple a acheté cet appartement avec terrasse de 10 m2 deux ans et demi avant le drame de la rue d'Aubagne. Il ne comprend pas ce choix de démolir l'immeuble. "Il y a eu une mise en co-propriété de l'immeuble et on a eu un diagnostic technique général qui disait qu'il était sain et en parfait état."

Le Collectif du 5 Novembre s'inquiète par ailleurs de l'impact de ces démolitions sur les immeubles voisins. "Démolir le 71 ne va-t-il pas fortement fragiliser le 73", s'interroge Mael Camberlein membre du C5N qui réclamant plus de transparence.

"Où est-ce qu'on s'arrête ? On n'a aucun élément. La mairie prend des décisions importantes et il y a des choses qui doivent être communiquées aux associations."

La procédure de déconstruction intervient également en pleine crise de Covid 19, alors que les associations s'inquiètent des difficultés pour la population du quartier de vivre confinée.

Plus de 420 immeubles évacués

"Est-ce qu'on va évacuer les bâtiments en face, à côté ? Est-ce qu'on va déloger plein de personnes pour les mettre à l'hôtel ?, demande Mael Camberlein. La ville dit qu'elle a déjà choisi l'entreprise de démolition mais elle n'explique pas ce qu'elle a l'intention de faire." 

A Marseille, depuis le drame de la rue d'Aubagne, 420 immeubles et plus de 3.700 personnes ont été évacuées à Marseille, selon la mairie.

Le "Collectif du 5 Novembre Noailles en colère" comptabilise lui plus de 4.000 délogés, 100.000 personnes vivant dans des taudis sur un parc de 40.000 logements indignes. 

Au lendemain des effondrements de 2018, une information judiciaire a été ouverte pour "homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité".
    
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