Trois ans après le lancement du plan "Marseille en grand", lancé par Emmanuel Macron, la chambre régionale des comptes PACA a vivement critiqué sa mise en œuvre dans un rapport publié ce lundi 21 octobre. Face aux manquements pointés dans le rapport, Christophe Mirmand, préfet de la Région Paca, a vivement réagi en fin de journée.
Ce rapport présenté par Nathalie Gervais, présidente de la chambre régionale des comptes Provence-Alpes-Côte d'Azur, met en lumière des "moyens consacrés au suivi sont qualifiés d'indigents" avec des "insuffisances intrinsèques et organisationnelles" du plan "Marseille en Grand" cher à Emmanuel Macron. Ce rapport pointe également l'absence de mesures concrètes sur des enjeux essentiels tels que la mixité sociale dans le logement ou le désenclavement des quartiers nord de Marseille.
Un temps considérable accordé au projet
Ces constats font écho à l'inquiétude croissante face au retard pris dans l'exécution de ce projet censé être "exceptionnel". Face à ces accusations, Christophe Mirmand, préfet de la Région, a vivement réagi le soir même de la publication de ce rapport.
Il a notamment réfuté l'idée d'un manque d'implication de l'État. "Je consacre un temps considérable au suivi de ce projet", avec notamment "des comités de pilotage qui se réunissent régulièrement", a-t-il déclaré.
"Je ne sais pas sur quelles données s'appuie la Cour"
La Cour des comptes dénonce l'avancement très lent du plan : fin 2023, seulement 1,31% du montant total annoncé – plus de 5 milliards d'euros – avait été décaissé par l'État.
De nouveau, le préfet conteste les chiffres avancés par la Cour, affirmant qu'il "ne sait pas sur quelles données s'appuie la Cour". Selon lui, les différentes lignes budgétaires impliquées rendent la lecture du plan complexe et fragmentée, ce qui peut "peut rendre difficile sa lecture" d'ensemble.
Un plan qui ne doit pas être décentralisé
Le rapport insiste sur le fait que le plan avait été "conçu de manière précipitée" et "sans concertation préalable avec les acteurs" et "un défaut de cohérence d'ensemble". Dans leurs réponses à la Cour, État, mairie et métropole se renvoient la balle, les services du Premier ministre soulignant une "absence de consensus entre acteurs locaux" et l'incapacité "des collectivités locales à adhérer à l'ambition du plan".
Malgré cela, le préfet rejette l'idée d'une gouvernance défaillante, expliquant qu'il ne juge pas nécessaire de créer une "superstructure" soit "rajouter une structure de gouvernance" pour coordonner le plan.
Il précise que, "si l'État incite les collectivités locales à agir avec détermination, celles-ci restent responsables de la mise en œuvre des mesures", en poursuivant, "il peut y avoir des tensions" entre les collectivités.
"90% des mesures engagées"
Pour rappel, ce plan visait à rénover les écoles insalubres, développer les transports en commun, réduire la fracture géographique et sociale entre quartiers nord et sud, renforcer les effectifs de police : ce plan étant destiné à rattraper les retards historiques de la deuxième ville de France. Or, estime la Cour, "la réalité du caractère exceptionnel et global du plan Marseille en Grand mérite d'être nuancée". Les nouveaux cofinancements s'élèveraient à seulement 28% - soit 1,55 milliard d'euros - du montant total annoncé.
Face à cela, le préfet, lui, a mis en avant les progrès réalisés. Il assure que "90 % des mesures" du plan étaient déjà engagées, d'après le constat du ministère des Relations avec les Territoires et de la Décentralisation. Selon les données du ministère, le rapport "ne reflète plus la situation actuelle".