Marseille : enseignants et citoyens rendent hommage à Samuel Paty, professeur assassiné

Après le meurtre violent de Samuel Paty vendredi des rassemblements étaient prévus partout en France. Dans les Bouches-du-Rhône ils avaient lieu à Marseille, Aix, Martigues ou Arles. A Marseille, des centaines de personnes ont revendiqué leur attachement à la liberté d'expression.
 

Ils se sont rassemblés à 15 heures devant l'ombrière du Vieux port, ont chanté la Marseillaise puis applaudit, longuement. Pour les enseignants, les personnels encadrants des écoles, collèges et lycée et leurs soutiens, les mots semblent ne pas suffire à exprimer la sidération ambiante.


Dans la foule, rares sont les pancartes qui dépassent, les signes partisans. Les professeurs, leurs soutiens, tiennent à faire passer un message : celui du rassemblement, par-delà les clivages, sans viser de communauté en particulier : "nous ne répondrons pas à la haine par la haine", déclare l'un d'eux au micro, avant une minute de silence puis des applaudissements, encore.


L'une des manifestantes, Brigitte, arbore une pancarte "je suis prof, je suis laïque" en fait, elle est directrice d'école à la retraite. "Si on veut former des enfants et des futurs adultes libres, il faut être libre soi-même. Libre de faire son travail, ne céder à aucune pression", juge-t-elle. Pour elle, le rôle des enseignants sera d’essayer d’expliquer aux enfants "le pouvoir des mots", "ne pas laisser faire, continuer sans avoir peur."

 

"Faire remonter ce qui ne va pas"

Aujourd’hui, elle n’est plus tenue au devoir de réserve que lui imposait son statut de fonctionnaire. Elle revendique l’importance de se sentir écoutée par sa hiérarchie : "La grande mode dans l’éducation nationale c’est le "pas de vague". Désormais il faut qu’on puisse faire remonter ce qui ne va pas. Pour faire notre métier sans céder aux pressions d’aucun intégriste, quel qu’il soit."

"La question dépasse le corps enseignant"

Sébastien et Valérie ne sont pas enseignants. Comme d’autres, ils sont venus en soutien, retrouvent dans ce rassemblement l’esprit de cohésion qui avaient suivi les attentats de Charlie Hebdo, les 10 et 11 janvier 2015 : "La question dépasse le corps enseignant. Au quotidien, on peut lutter contre toute forme d’obscurantisme."

Morgane, professeure des écoles à Marseille, a justement débuté sa carrière enseignante l’année des attentats de Charlie Hebdo, dont on voit les dessins arborés çà et là dans le cortège : "J’ai dû expliquer à des enfants comment on pouvait prendre la vie des gens. Le fait que ça se reproduise est scandaleux. Aujourd’hui, je ne sais pas comment je vais revenir sur un sujet comme ça, 15 jours après, au retour des vacances." Face à l’effroi que suscite le meurtre de Samuel Paty, elle souhaite continuer à enseigner à ses élèves les questions de religion, de différence, de vivre ensemble : "J’ai confiance dans mon école, dans mes élèves et leurs parents. Peut-être qu’à force de rester avec des enfants on est un peu trop naïf et optimiste, dit-elle. Mais de toute façon, on ne pouvait pas anticiper ce qui s’est passé."

Après avoir quitté le Vieux Port, les centaines de manifestants ont rejoint la Canebière pour prendre la direction de la Préfecture et s’y rassembler.

 

 

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