La journée mondiale de sensibilisation à l'autisme a lieu ce 2 avril. A Marseille, la maison Perce-Neige les prend en charge. Lino Ventura avait alerté sur la situation des enfants handicapés en 1966. 55 ans plus tard, des méthodes permettent de progresser. Doucement.
"Dire son premier mot à 60 ans, c’est quand même un exploit", constate la psychologue Sophie Tinard.
Effectivement, la doyenne de la maison Perce-Neige est arrivée sans n'avoir jamais parlé. Et puis elle a prononcé ses premiers mots. Elle souffre d’autisme, comme tous les autres résidents de cet établissement d’accueil médicalisé basé à Marseille.
Les progrès ne viennent pas du soleil et de la bonne humeur du personnel, mais de méthodes conçues par des neuroscientifiques.
"Elle parle, mais ne communique pas"
Isabelle Plaindoux a 41 ans. Diagnostiquée autiste sévère, elle fait partie de l'établissement depuis 2013. Sa famille constate ses progrès.
"Quand Isabelle va bien, nous on va bien" raconte son père, "elle a passé des périodes où elle allait mal et c’est très compliqué d’arriver à savoir pourquoi parce qu’elle parle, mais ne communique pas (...).
Au fil des ans, Isabelle Plaindoux "s’est stabilisée" dans l'institution. "Elle s’intéresse à des choses qui ne l’intéressaient pas avant. On a pu diminuer sa dose de médicaments".
Des méthodes cognitivo-comportementales
Leur nom n’est pas très avenant, mais leur pratique se révèle efficace, selon le personnel de cette maison.
Elles donnent un moyen de communication alternatif aux autistes. Par exemple, des petits dessins sont disponibles pour s’exprimer. Montrer un dessin d’œuf peut signifier qu’on n’a pas envie d’en manger.
"Ces approches-là nous permettent de leur enseigner de nouvelles compétences et de les rendre plus autonomes. Que ce soit pour prendre sa douche seul ou se servir correctement des couverts à table", explique la psychologue Sophie Tinard.
Développées dans le nord de l’Amérique vers 1975, elles ne sont vraiment utilisées en France que depuis 2012.
L'association Perce-Neige a été créée par l'acteur Lino Ventura en 1966. Lui-même père d'une enfant autiste, lance un appel à cette époque. Pour Linda, sa fille, "pas comme les autres".
Beaucoup d'enfants en situation de handicap ne sont pas reconnus et vivent "cachés". Des "enfants inadaptés" selon la médecine, des "anges incompris" comme le dénonce l'acteur à l'ORTF en 1965.
L'association a créé trois maisons sur le territoire français. À Marseille, 34 adultes sont accueillis, pris en charge, et aidés. Évidemment, c'est très insuffisant.