Marseille : les réfugiés ukrainiens doivent quitter le navire Méditerranée

Jusqu’à 930 ressortissants ukrainiens avaient trouvé refuge à bord du ferry “Méditerranée” dans le port de Marseille. Et pourtant, ce vendredi 10 juin, les 683 restants sont dans l’obligation de le quitter, non sans incompréhension.

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Derrière les grilles du port maritime, Olga a les yeux rivés sur le ferry. À l’intérieur, sa famille qu’elle accueillait au début de la guerre chez elle. Mais par manque de place et d’intimité, sa nièce et sa cousine sont parties s’installer il y a plusieurs semaines sur le bateau. Véritable havre de paix pour de nombreux réfugiés ukrainiens. 

"Ce ne sont pas des personnes qui profitent du système français. Ma cousine a décroché un contrat de travail dans une maison de retraite il y a trois jours. Et ma nièce, qui a deux enfants, a eu un accident de voiture, ce n’est pas de sa faute. Mais ils seront désormais à la rue à partir d’aujourd’hui. Ça fait une semaine que je pleure car je ne sais pas comment aider ma propre famille" explique l’ukrainienne, les cheveux blonds tirés en arrière et le regard caché derrière ses lunettes de soleil.  

Car, après plus de deux mois d’existence, c’est un village flottant entier qui s’apprête à voler en éclat. Celui imaginé par la compagnie maritime Corsica Linea, financé par l’Etat français et installé dans un bateau à quai dans la cité phocéenne. "Méditerranée", amarré depuis le 29 mars dernier, doit débarquer et renvoyer les réfugiés vers d’autres sites d’accueil.  

La raison ? La convention avec la préfecture des Bouches-du-Rhône s’arrête à cette date. Il s’agissait d’une "solution transitoire d’accueil" précise-t-elle dans un communiqué. Ce ferry de 500 cabines reprend à nouveau son service sur la ligne Marseille-Alger.  

Résultat : des centaines de familles (environ 600 ukrainiens) se retrouvent désemparées alors qu’elles se sentaient jusque-là protégées, logées, restaurées avec un accompagnement social, médical et d’aide à l’emploi. Avec, en prime, garderie et formation au français.  

À la recherche de solutions d’hébergement pérennes  

Des valises dans les mains, Kristina s’apprête à découvrir son nouveau logement après avoir passé deux mois dans une cabine du ferry. 

"C’est une situation très difficile pour nous car beaucoup d’entre nous avons un emploi, nos enfants à l’école ou certains des problèmes de santé. Et ceux-là n’ont pas d’endroit où aller alors même qu’ils doivent quitter le navire d’ici quelques heures. Moi, je suis très chanceuse car ma famille a obtenu un appartement dans un quartier de Marseille. Je ne sais pas à quoi il ressemble, je vais le voir pour la première fois" lance la jeune femme, les cheveux tressés avec des extensions bleues.  

Avant de poursuivre, en anglais : "Je me sens mal, croyez-moi ! C’est terrible car nous ne sommes pas dans notre pays. Nous avons essayé de prendre nos marques et maintenant, nous devons partir. On vit dans le stress permanent. J’ai une amie qui a un travail à Marseille et à qui on a attribué un logement à l’autre bout de la ville. Tout le monde lui répète que ce n’est pas leur problème !"   

De son côté, Kristina étudie la semaine et travaille le week-end. Seul problème : elle doit transférer sa fille d’une école marseillaise à une autre.  

Après l’Île-de-France, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la deuxième en France à accueillir le plus de ressortissants ukrainiens depuis le début de la guerre. Aujourd’hui pourtant, tous les sites d’hébergement du département des Bouches-du-Rhône.  

La préfecture a donc annoncé qu’ils seront déplacés vers d’autres régions. Six au total : la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, les Hauts-de-France, le Grand-Est et les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté. 

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