Marseille : lourdes peines requises au procès des tortionnaires présumés d'un jeune revendeur de drogue

L'accusation a requis jeudi de lourdes peines, jusqu'à 25 ans de prison, contre quatre accusés jugés pour le lynchage accompagné de tortures d'un jeune revendeur de drogue dans une cité marseillaise.

Âgé de 16 ans, Mathieu (le prénom est modifié) surpris en août 2019 à dealer quelques grammes de cocaïne et de cannabis sans l'autorisation des gérants du réseau de la cité Félix-Pyat, avait été molesté, séquestré, torturé.

"Il a connu un voyage au bout de l'enfer", a lancé son avocat Me Xavier Torré, rappelant qu'il a été brûlé à quarante reprises avec une cigarette et au chalumeau sur les parties génitales. "Ce sont 5% de son corps qui ont été brûlés au 3e degré essentiellement, et une cigarette allumée, c'est 800 degrés", a martelé l'avocat.

L'expertise avait noté qu'un mois après sa séquestration une nuit entière, l'adolescent portait toujours aux poignets la marque de ses liens.

25 ans de réclusion requis

Les quatre accusés étaient tous renvoyés pour enlèvement, séquestration avec tortures et actes de barbarie. Mais, dans son réquisitoire, l'avocate générale Vinciane de Jongh a fait le distinguo entre deux d'entre eux, qui ne pouvaient être condamnés que pour enlèvement, et les deux autres pour séquestration accompagnée d'actes de torture et de barbarie.


Elle a requis la plus lourde peine, 25 ans de réclusion, contre El Kabir M'Saidie Ali, désigné comme "le principal auteur". Cet homme de 24 ans conteste sa présence dans la cité au moment des faits. Il a été désigné par un témoin sous X comme l'un des deux tortionnaires ayant brûlé la victime "pour s'amuser, pour tester s'ils étaient capables de torturer quelqu'un".

Lors d'un tapissage vocal, Mathieu avait reconnu parmi six voix celle de cet accusé qu'il n'avait pu voir, ayant eu les yeux bandés lors des sévices. Un des enquêteurs a raconté aux jurés comment la jeune victime s'était "décomposée" en entendant cette voix de l'autre côté d'une porte.

Une peine de sept ans a été requise contre Abou Bacari Madi, 23 ans qui, selon l'avocate générale, aurait fait obstacle à une tentative de Mathieu de s'enfuir du local où il était retenu. "Par curiosité, je suis passé au local, s'est-il expliqué. Il y avait un groupe et on lui a dit de rerentrer pour ne pas attirer l'attention, il avait le visage amoché et marchait difficilement".

Deux autres accusés ont, aux yeux de l'avocate générale, uniquement participé à l'enlèvement. Elle a réclamé neuf ans de prison contre Kassim Ahamada, 30 ans, formellement reconnu par la victime comme membre de la  "meute  d'une quinzaine de personnes" qui lui était tombée dessus après qu'un guetteur du réseau avait découvert qu'il dealait en "free-lance".

Des regrets

Parlant d'une "histoire de malade", Kasim Ahamada nie les coups de barre de fer dont l'accuse la victime, assurant n'avoir plus remis les pieds à la cité Félix Pyat depuis fin 2018 en raison d'une "embrouille pour une fille" avec un voisin. Une peine de sept ans de prison a été requise contre Hichem Mchangama, 22 ans, seul accusé à avoir reconnu "les taquets et les patates" portés à la victime, l'un des tout premiers à avoir questionné et vraisemblablement fouillé Mathieu. "C'est par son action que la victime est livrée à la meute", a relevé Vinciane de Jongh. "Je l'ai frappé et je le regrette sincèrement", s'était repenti l'accusé dans la matinée.

Les avocats de trois des accusés vont plaider leur acquittement et le verdict est attendu vendredi soir.

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