Changer la couleur de ses yeux ? C'est tentant et techniquement faisable. Une société marseillaise fabrique des pigments médicaux pour la chirurgie reconstructive des dermes, des muqueuses et des yeux. Certains ont aussi fait le choix de la chirurgie esthétique pour changer de regard.
La kératopigmentation, c'est le nom savant du tatouage de la cornée. Une chirurgie esthétique qui permet à ceux qui le désirent, de changer de couleur d'yeux. Si cette technique fait débat dans le cercle des ophtalmologues, elle est déjà pratiquée en Espagne, et commence à gagner la France.
Le tatouage cornéen est déjà utilisé en France depuis une douzaine d'années pour des iris accidentés ou traumatisés, en cas d'absence d’iris (aniridie) ou de glaucome. Il s'agit de chirurgie reconstructive faisant appel à des pigments.
Ceux de l'entreprise Biotic Phocea installée à Marseille depuis 1999. C'est le seul laboratoire européen à fabriquer des pigments stériles à usage médical. Ses produits biocompatibles et colorés (pannel d'une vingtaine de couleurs) sont reconnus par les agences nationales et européennes de sécurité sanitaire comme implants. Car le pigment est une implantation qui reste à vie.
Le laboratoire marseillais fabrique déjà des pigments médicaux de correction destinés aux problèmes de dermes et de muqueuses : corrections de vitilégos et de cicatrices, becs de lièvre, reconstruction d'aréoles du sein...
300 tatouages cornéens réalisés en France
Le tatouage cornéen s'est ensuite développé depuis quelques années à des fins thérapeutiques. En France, environ 300 opérations de ce type ont été réalisées.Le laboratoire de pigments marseillais collabore à Marseille avec le Dr Georges Baikoff, spécialiste de la greffe cornéenne et pionnier de l'utilisation du cristallin artificiel.
La kératopigmentation consiste à inciser la cornée pour y introduire le pigment rectificateur de la couleur. A l'aide d'un laser du même type que pour les opérations de la myopie et de la presbytie.
Mais de plus en plus, la possibilité de changer la couleur de ses yeux éveille des envies. En Espagne, près de 300 opérations esthétiques ont ainsi été pratiquées ces dix dernières années.
Des ophtalmologues réservés sur le principe
Face à ce développement à visée esthétique, la polémique s'installe dans les rangs des ophtalmologues français. Les détracteurs s'inquiètent d'opérations sur des sujets sains, et émettent des craintes pour d'éventuels examens ou interventions postérieures à la kératothérapie... Comme un fond de l'oeil ou une intervention de la cataracte.A ceux là, le dr Georges Baikoff répond qu'il n'y a "ni danger à faire un fond de l'oeil ni à opérer de la cataracte à la suite d'un tatouage cornéen, car l’orifice pupillaire est de 5 à 5,5 mm ce qui permet une telle chirurgie".
A condition d'utiliser la bonne technique, avec des produits reconnus par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM).
Sur 300 opérations de ce type, déjà réalisées en France (à visée thérapeutique ou esthétique) depuis 2013, aucune plainte n'a été enregistrée.
D'autres techniques ont été abordées dans d'autres pays, comme celle des iris artificiels. Qui ont entraîné dans de nombreux cas, de graves conséquences pour la vue.