Près de deux ans après le drame de la rue d'Aubagne qui avait coûté la vie à huit personnes dans l'effondrement de deux immeubles, la rue d'Aubagne rouvre enfin à la circulation. Celle des piétons uniquement, en attendant celle des voitures, au printemps prochain.
"C’est comme une espèce de libération, de voir ôter ces grillages, j’ai l’impression de renaître", raconte Sabine, une habitante de la rue d'Aubagne. "J'ai l'impression de retrouver un peu la liberté... on retrouve de la lumière, et surtout j'ai le sentiment de revivre. J’avais l’impression d’être un peu en prison chez moi.".
Deux ans après l'effondrement de deux immeubles dans la rue d'Aubagne, qui avait causé la mort de huit personnes, la rue reprend enfin un peu de ses droits.J’habite en face de la dent creuse. Là où sont morts nos voisins. Pour moi, c’est à la fois une douleur et un soulagement.
Bardée de grillages installés pour la sécurisation des lieux, et d'autres immeubles menacés de péril, la rue d'Aubagne ressemblait "un peu à Beyrouth", comme le disent de nombreux habitants.
Totalement fermée à la circulation, il ne restait pour les piétons qu'un tout petit passage, véritable étranglement de 80 cm seulement, qui rendait insécuritaire ce bout du quartier Noailles.
"Quand je prenais ce passage, j’étais obligé de demander : "Monsieur, excusez moi, je voudrais passer"", explique Abdou, qui tient un atelier de retouche. "Moi je n'avais pas peur, mais les personnes qui ne sont pas du secteur, qui ne connaissent pas la mentalité de ce secteur, elles ne venaient pas".
Déplacé, juste après le drame, de la rue de la Palud pour un autre local à la rue d'Aubagne, Abdou confesse avoir eu des difficultés à travailler au milieu des grillages, et des barrières installées pour les travaux.
"On était étouffés par les grilles. Cela empêchait les clients de nous voir. Là, c’est une aération, comme une grande fenêtre qu’on vient d'ouvrir", dit-il, heureux.
Sophie Camard, maire du 1er secteur, était sur place ce matin, accompagnée de l'adjoint Patrick Amico, délégué à la politique du logement et à l'habitat insalubre.
"La rue d'Aubagne souffrait d'un effet coupe-gorge", explique Sophie Camard. "Il y avait un climat de très forte insécurité ces derniers temps, dû au fait que la rue s'était vidée de ses habitants délogés. Beaucoup d'appartements ont ainsi été cambriolés. Il y avait des troubles le soir, des menaces sur les gens... Les habitants n'en pouvaient plus.
L'optique de la mairie est de poursuivre les travaux de consolidation, tout en continuant à gérer les périls.Il fallait redonner vie au quartier et tranquilliser les habitants
"Nous sommes en phase de réduction du périmètre de sécurité", explique Patrick Amico."Il y a encore quelques travaux de confortement à l’intérieur de certains immeubles. Cela durera jusqu’au printemps. A ce moment là, la voie pourra rouvrir entièrement, y compris à la circulation automobile".