Marseille : soigner son amaxophobie, la peur de conduire, grâce à la réalité virtuelle

15 à 20% des patients d'Eric Malbos sont "amaxophobes". Au sein du CHU de la Conception le psychiatre soigne la peur du volant avec un casque 2.0.

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"La réalité virtuelle ça m'a beaucoup aidée, je ne pouvais pas doubler un camion à double essieux, après les séances j'ai réussi. C'était un jeudi. Je suis rentrée chez moi, et j'ai dit "j'ai doublé un camion ! un double essieux même !"", raconte fièrement Michèle, 49ans.

Même si il n'y a pas de petite victoire, cette secrétaire médicale n'est pas encore venue à bout de son angoisse de l'autoroute. Cela fait maintenant 13 ans. 

"J'ai pris ma voiture comme d'habitude. Il y avait mon mari à côté et mon fils derrière. Je rentre sur l'autoroute et là d'un coup : crise de panique. C'est mon mari qui m'a aidé à prendre le volant.", se souvient-elle.

Aujourd'hui elle se définit, elle-même comme "une pro des petites routes." Cette fan de karting n'emprunte que des nationales et départementales. 

Michèle est sujette à ce qu'on appelle "l'axamophobie". C'est la peur de conduire ou encore d'être installé dans un véhicule.

Elle a cependant fait le choix de s'installer dans le siège du docteur Eric Malbos, direction l'autoroute. Il est psychiatre à l'hôpital de la Conception à Marseille. Dans ce siège futuriste, entouré d'un poster immense de Myazaki et du film Tron, elle peut rouler en sécurité. 

Dans l'antre de ce bureau 2.0, les patients défilent pour toutes phobies ou addictions. Ses patients touchés par l'amaxophobie représentent 10 à 20% de sa patientèle. C'est un sujet tellement récurrent que le patricien a cosigné un ouvrage "Pas de panique au volant !" reprenant la base de sa thérapie. 

L'anxiété c'est normal. Ce n'est pas une maladie. Ce qui est une maladie c'est de la déclencher à des moments qui ne sont pas justifiés.

Eric Malbos

Le docteur Eric Malbos traite les phobies depuis 20 ans avec la réalité virtuelle. Selon son expérience, sa patientèle pour l'amaxophobie est plus féminine.

"En général le cas classique, c'est une mère de famille en plein été, il fait chaud, elle sort de son travail où il y a eu des tensions, elle récupère ses enfants et là elle panique. Comme cela s'est passé dans la voiture, elle va penser que c'est associé à la voiture et va faire un blocage.", vulgarise-t-il. 

Accepter l'anxiété avec la réalité virtuelle 

L'idée est de stimuler le plus de sens possible pour plonger la personne dans l'illusion la plus totale, la plus proche de la réalité. La technologie actuelle permet d'avoir un graphisme plus réaliste et de proposer quelque chose de plus immersif. 

"80% des patients que je reçois pour l'amaxophobie ont peur de l'autoroute. On y va progressivement, l'avantage c'est que l'on peut régler chaque paramètre.", explique le psychiatre.

Absolument tout peut-être adapté sur le logiciel : la vitesse, la pluie, le nombre de voiture, l'heure, les ponts, les tunnels. Un siège est également connecté. Il reproduit les vibrations de la voiture. "Il est possible d'être seul sur l'autoroute et de rouler à 5 km/h", assure-t-il. 

Pendant que le patient est plongé dans ce monde virtuel, il ressent toutes les sensations du réel : le poul qui s'accélère, l'angoisse qui monte. Dans la même pièce, Eric Malbos communique avec son patient. Au cours de la séance, il modifie quelques paramètres sur le logiciel. 

A chaque étape, il demande au patient de situer son niveau d'anxiété sur une échelle de 1 à 100. Plus le patient augmente son niveau d'anxiété, plus le psychiatre l'invite à mobiliser différentes méthodes. Ces méthodes, le patient l'apprend au cours de cinq séances collectives précédant les séances individuelles virtuelles.  

"Il ne faut pas combattre l'anxiété, mais l'accepter. On apprend les méthodes pour accepter l'anxiété. C'est comme apprendre à nager, on ne va pas jeter un enfant dans l'eau comme ça.", explique le psychiatre. 

Actuellement, il faut compter trois à quatre mois de délais pour avoir un rendez-vous pour des séances virtuelles au CHU de la conception.

Dans la zone francophone,  2.000 thérapeutes sont équipés de réalité virtuelle pour leurs patients. Vous pouvez trouver la liste des praticiens sur le site psy.live

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