Des masques pour tous : les petites mains de l’Opéra de Marseille se mobilisent contre le coronavirus

Avec la levée du confinement fixée, pour le moment, au 11 mai prochain, Emmanuel Macron recommande le port du masque pour chaque français. Le chef de l'Etat entend faciliter leur accès, "en lien avec les maires". A l’Opéra municipal de Marseille, on a pris les devants.
 

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La production de spectacles est suspendue jusqu'à nouvel ordre. Alors l'atelier costume de l'Opéra a été reconverti en usine de confection de masques en tissu. Les équipes s’y préparaient depuis la fermeture au public.

"Nous étions engagés sur ce projet dès le début du confinement", explique Aude Eisinger, directrice générale adjointe culture sport et mer à la Ville de Marseille.

"Mais il a fallu attendre la réalisation d’un guide de confection validé par l’AFNOR, disponible début avril, ainsi qu’une homologation délivrée par la direction générale de l’armement".

A partir de là, la production a été engagée. "Il s’agit de fabrication de masques dits alternatifs, à usage professionnel, ou grand public", précise Aude Eisinger.

Ces masques en tissu, réutilisables, doivent permettre de freiner la progression du virus en limitant sa propagation.

Les fameux FFP2 , aussi nommés "becs de canard", et reconnus comme étant les plus efficaces, restent actuellement très difficiles à trouver et réservés aux soignants.

Etonnante reconversion des petites mains

Pour faire fonctionner ce nouvel atelier de confection de masques, un roulement est organisé afin respecter les mesures barrières parmi lesquelles la distanciation sociale : les équipes sont limitées à cinq personnes maximum dans l'atelier.

Au total, une quinzaine de professionnels sont engagés : le couturier affecté habituellement à la voilerie de la direction de la Mer et ceux de la direction des régies municipales ont rejoint l'équipe de l’atelier costume de l’Opéra.

Tous mettent leur savoir-faire à l'oeuvre, pour réaliser indéfiniment le même modèle.

"Ce n’est pas très compliqué, il s’agit d’un basique, un carré de vingt centimètres sur vingt centimètres avec un bordage en biais", explique Alain Gaudessart.

"Mais c’est quand même un boulot intéressant, puisqu’on est utiles à la collectivité", estime le chef de l’atelier costumes de l’Opéra de Marseille.

Des tissus de costumes

"Il fallait des toiles 100% coton, alors nous avons utilisé les stocks de biais" (bande de tissu utilisée pour les finitions, ndlr), explique encore Alain Gaudessart.

"On n'allait pas mettre du brocard à 300 euros le mètre !", sourit-il. "De temps en temps en regardant les tissus on se rappelle ce pour quoi ils avaient été utilisés : l’intérieur d’une veste pour "The Saint of Bleeker Street", par exemple", conclut-il.

Un objectif de 25.000 masques

Avec actuellement 150 masques en tissus fabriqués chaque jour, le chantier est titanesque. Il faudra de la persévérance pour atteindre l’objectif des 25.000 masques attendus pour l’après-confinement.

La distribution concernera en priorité les personnels municipaux, à qui il est prévu d’offrir deux de ces masques en tissu, lavables et donc réutilisables. Ensuite l’équipe de l'Opéra envisage de confectionner des masques à destination de tous les marseillais.

Y en aura-t-il pour tous ?

Dans son allocution du 13 avril, le chef de l'Etat a annoncé la généralisation du port du masque dans les lieux publics, en particulier à partir du 11 mai, démarrage prévu du déconfinement, selon les préconisations de l'Académie de médecine.

A partir de cette date, "en lien avec les maires, l'Etat devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public", a précisé Emmanuel Macron. 

Le chef de l'Etat a ajouté que "pour les professions les plus exposées et pour certaines situations comme dans les transports en commun, son usage pourrait devenir systématique".

Jusqu'ici le port du masque était réservé au personnel soignant et aux personnes en contact avec le public. Mais même pour ces catégories de personnes, l’approvisionnement n’est pas encore totalement garanti.

Alors, les solutions alternatives se multiplient.

Couture ou commerce international, des compétences face à la pénurie

A l’image de l’Opéra de Marseille, de nombreuses initiatives émergent, portées notamment par des TPE ou PME dans le secteur du textile.

Des dizaines de modèles de masques ont été, et continuent d'être examinés via une coopération inédite entre le comité stratégique de la filière de la mode et du luxe, et la direction générale de l'armement, entre-autres.

Chaque modèle artisanal proposé doit être homologué avant distribution. 


En dehors de la couture, et dans une stratégie opposée, d'autres compétences et bonnes volontés se sont manifestées pour résoudre la pénurie française.

C'est le cas pour Fabrice Raffo, spécialiste du sourcing, la recherche de produits spécifiques sur le marché économique international.

L'entrepreneur marseillais a utilisé son savoir-faire pour trouver des masques à vendre en provenance du marché chinois, au début du confinement.
"En une nuit, j’ai repéré un million de masques, avec les bonnes certifications, tout ce qu’il fallait", explique-t-il.

Mais selon lui, "après deux jours pas de réponse des pouvoirs publics que j'avais sollicité pour ces achats, Mairie, Métropole, Région, ARS. J'ai donc décidé d’ouvrir une cagnotte en ligne".

Grâce à la collecte, 7.500 masques ont été achetés puis distribués gratuitement à 246 soignants, qui avaient préalablement passé commande.
Des médecins généralistes ou infirmiers libéraux, auxiliaires de vie ou personnels des Ehpad, souvent en manque de matériel en raison des quotas réservés mais limités en pharmacie.

Un drive a été organisé pour l’occasion, samedi 11 avril, sur une place du quartier Saint Barnabé, à Marseille. La distribution s'est bien déroulée, encadrée par une patrouille de police.

Les soignants ont pu repartir avec des masques FFP2 et chirurgicaux made in China. Une denrée rare.
 
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