Les agriculteurs veulent bloquer l'approvisionnement en carburant contre le "double langage" du gouvernement sur les accords internationaux et les importations de matières premières, le détonateur ayant été le raffinage d'huile de palme par Total à La Mède (Bouches-du-Rhône).
La FNSEA, principal syndicat agricole, et les Jeunes agriculteurs ont annoncé pour lundi matin le début d'un mouvement de blocage à travers la France des raffineries et dépôts de carburant, pour dénoncer les contradictions d'un gouvernement qui exige de ses agriculteurs des normes qu'il n'impose pas aux produits agricoles importés.
Ces blocages, qui pour certains pourraient démarrer dès dimanche, notamment à Gonfreville l'Orcher (Seine-Maritime), sont prévus jusqu'au 13 juin, mais seront reconductibles.
En ligne de mire des paysans, la bio-raffinerie Total de La Mède.
Cette raffinerie va utiliser, à compter de sa mise en service cet été, 50% d'huile de palme importée pour produire du bio-carburant, une concurrence redoutée par les producteurs de colza français et qui a donc grandement inspiré le ton de la révolte du monde agricole.
"Choisir de bloquer les raffineries, c'est un moyen de se faire entendre par le gouvernement, car ce sont les symboles de ces importations distorsives", explique Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA.
Il dénonce "le double langage du gouvernement sur les accords internationaux et les négociations bilatérales qui autorisent des contingents d'importation complémentaires qui viennent déstabiliser l'ensemble des filières en France".
Principale revendication: que le gouvernement s'engage à ne pas rajouter des normes aux agriculteurs français qui s'estiment pénalisés par rapport aux importations. Le syndicat demande donc qu'avant l'application de toute nouvelle norme, soit effectuée une expertise économique et sociale.
Le FNSEA veut également que soit réintroduit dans la loi Alimentation, examinée à partir du 26 juin par le Sénat, un amendement sur l'interdiction d'importer toute denrée produite en utilisant des substances phytosanitaires interdites dans l'Union européenne, même à doses résiduelles, a ajouté M. Despey.
L'Etat est "vigilant"
Le porte-parole de LREM Gabriel Attal a souligné dimanche à l'adresse des agriculteurs s'apprêtant à bloquer raffineries et dépôts de carburant que l'Etat ne pouvait pas se dédire de l'accord scellant l'importation d'huile de palme par la bioraffinerie Total de La Mède, mais qu'il était "vigilant".
L'huile de palme dans le collimateur
Officiellement, 13 sites seront bloqués à Donges (Loire-Atlantique), Gonfreville l'Orcher, Dunkerque (Nord), Coignières (Yvelines), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Grandpuits (Seine-et-Marne), Vatry (Marne), Strasbourg, Cournon (Puy-de-Dôme), Lyon et Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône) et Toulouse.
Un chiffre à mettre en perspective avec les sept raffineries et 200 dépôts dont environ 90 dépôts principaux, que compte la France. Le carburant est acheminé des raffineries aux dépôts par un réseau d'oléoducs de 6.000 km, ainsi que par barge et par train.
La FRSEA d'Ile-de-France a toutefois annoncé son intention de bloquer également le dépôt de carburant de Grigny (Essonne), bloquant ainsi les principaux dépôts de la région.
La FNSEA a indiqué à l'AFP que les barrages débuteraient dès 07H45 le lundi, certains à 11H00, dans la configuration suivante: une centaine de personnes sur chacun des sites, avec une tente, des barbecues et des tracteurs, dans une ambiance qualifiée de "conviviale".