Municipales : "beaucoup d’émotion", les premières confidences de la nouvelle maire de Marseille Michèle Rubirola

Elle est celle qui a fait perdre samedi 4 juillet la droite à Marseille. Elle devient la première femme à la tête de la deuxième ville de France. Au lendemain d'une journée forte en émotions, Michèle Rubirola revient sur la campagne et les projets à venir.

En face de l'Hôtel de Ville, la nouvelle maire de Marseille, s'est exprimée sous le regard de la Bonne Mère, au lendemain de son élection depuis le bateau le Cyos.

Le regard de Michèle Rubirola flotte sur les façades de cette ville dont elle est désormais responsable.

Invitée de l'émission Dimanche en politique, elle se plie à son premier exercice médiatique. Retour sur une semaine de suspens, une journée électorale chargée en tractations, surprises et émotions.

"Beaucoup d'émotion hier, surtout de la part des Marseillais qui avaient peur qu'on leur vole leur victoire avec cette loi PLM, malgré nos 13.000 voix d'avance. C'était très difficile pour eux d'être rassurés sur l'issue de ce troisième tour", confie Michèle Rubirola.

Gouverner différemment

"Je vais faire les choses différemment", confie la nouvelle maire de Marseille, bien déterminée à marquer la rupture exprimée par les Marseillais.

"Le Printemps Marseillais est un mouvement sans précédent, un rassemblement inédit, de diverses forces politiques de gauche, écologistes et citoyennes, nous allons faire avec toutes ces forces", précise la nouvelle maire.
"Nous ferons comme nous avons construit notre programme, avec les Marseillaises et les Marseillais, une politique en accord avec les citoyens, très attentive à leurs besoins, leurs désirs et leurs propositions", promet-elle.

Michèle Rubirola est la première femme élue maire de Marseille. Elle met fin à 25 ans de politique emmenée par la droite et l'indétrônable Jean-Claude Gaudin. Avec ses travers, il reste celui qui aura consacré sa vie à la politique. 

"C'est un Monsieur pour moi. Si j'ai critiqué sa politique et son mandat, je n'ai jamais critiqué l'homme et je ne m'attaquerai jamais au personnage politique, seulement au projet", avoue encore émue Michèle Rubirola.

La rupture commence avec le changement de style, d'approche politique, de programme et avec une nouveauté, une femme à la tête de la deuxième ville de France."Je suis ravie d'incarner la première femme maire de Marseille et j'espère qu'il y en aura d'autres. Il y a de plus en plus de femmes qui arrivent en politique. Il va vraiment falloir leur faire confiance. Je fais confiance aux femmes".

En toute fin de journée samedi, après la passation de pouvoir Michèle Rubirola s'est rendue dans le bureau qui sera le sien pour les six prochaines années. Elle est allée s'imprégner de l'atmosphère, à quelques mètres seulement des bravos de ses sympathisants, encore nombreux sous les fenêtres de l'hôtel de ville.

"Je suis montée voir un petit peu ce qui m'attendait. C'est un bureau à l'image de M. Gaudin, qui a donné toute sa vie à la politique; c'est un bureau imposant, peut-être un peu trop pour moi, il va falloir que je lui donne un peu plus de légèreté et de fraîcheur pour que je m'y sente vraiment bien."

Retour sur la campagne

Mère de trois enfants et grand-mère, à 63 ans Michèle Rubirola a pu compter sur le soutien indéfectible de sa famille "dans une campagne longue, difficile et calomnieuse."

La médecin a eu peur que ses proches soient trop touchés par les à-côtés de la campagne. "Ce ne sont pas des rocs, ils ne sont pas préparés pour cela, mais ils ont fait bloc, ils ont assumé, car le projet du Printemps que je portais est un projet auquel ils croyaient."

Engagée, dynamique et combattive, l'élue compte incarner la fonction de maire comme elle a incarné ses précédentes fonctions.

"Je me sens maire de Marseille, c'est une fonction que j'appliquerai comme je l'ai toujours fait tout au long de ma vie; j'ai toujours partagé des projets, travaillé en équipe. Être maire, c'est travailler sur un projet, donner des orientations, s'appuyer sur une équipe."
L'édile y'a n'avait pas comme plan de carrière de devenir un jour maire, sa fonction et sa vocation de médecin l'ont conduite à prendre soin des gens, dans les quartiers Nord notamment. 

Inconnue ou presque du grand public, celle qui est montée sur le fauteuil de maire de Marseille a été choisie comme candidate du Printemps Marseillais au mois de janvier.

À ce moment-là, elle anime la commission santé de ce collectif de gauche, rassemblant des citoyens, membres du parti socialiste, communiste et de la France insoumise. Parmi 25 autres commissions thématiques, c'est un travail de fond qui est lancé sur la deuxième ville de France.
"Le but dans ma vie n'était pas de devenir maire de Marseille depuis toute petite. Mon projet, c'est de rendre le bien-être aux habitants de cette ville comme tout médecin le veut. J'ai la volonté de changer les choses", insiste Michèle Rubirola.

Tourner la page Gaudin 

Novice en politique, elle a autour d'elle des piliers de la politique, habitués de l'hémicycle comme le socialiste Benoît Payan, déjà dans les rangs de l'opposition municipale sous l'ère Gaudin ou encore la sénatrice ex-socialiste Samia Ghali, maire des 15-16emes arrondissements, ces quartiers Nord défavorisés. "J'ai à mes côtés toutes les forces du Printemps Marseillais, Benoît Payan qui est au cœur du projet municipal depuis six ans et Olivia Fortin qui travaille depuis trois ans sur les nouvelles orientations", détaille Michèle Rubirola. A l'image du Printemps Marseillais, Michèle Rubirola souhaite faire de la démocratie participative la nouvelle façon de faire de la politique à Marseille.

"Jean-Claude Gaudin, c'est la personnalisation de la politique, avec nous c'est une page qui se tourne, pour un travail collectif que l'on portera ensemble, en s'appuyant sur un personnel municipal redynamisé", insuffle Michèle Rubirola.

En cette fin d'entretien, l'émotion de la remise de l'écharpe revient. Ce moment où dans l'hémicycle Jean-Claude Gaudin lui glisse sur l'épaule l'étoffe tricolore, un moment émouvant pour les deux personnalités. 

"Je pense que ce n'était pas facile pour lui aussi", décrit Michèle Rubirola. 

"Ce n'est pas facile de laisser la place, il y a consacré toute sa vie, il s'est vraiment impliqué dans sa fonction, ce n'est pas comme un autre politique M. Jean-Claude Gaudin. C'était vraiment sa vie, sa ville", reconnaît la nouvelle maire de Marseille.
Au creux de l'oreille, celui qui a incarné Marseille pendant un quart de siècle lui glisse : "Ne pleurez pas". "Il a bien vu que j'avais beaucoup d'émotion", raconte Michèle Rubirola, "très impressionnée de rencontrer ce monsieur, parce qu'il y avait aussi de l'émotion dans son regard, un peu de trouble".

"Il m'a dit, je vous félicite et je vous souhaite beaucoup de courage". Le plus dur commence sans doute à peine pour la nouvelle maire de Marseille.
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