Après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin, Les Républicains sont menacés dans leur fief de Marseille face à une gauche emmenée par le Printemps Marseillais, arrivée en tête au premier tour. Un second tour qui s'annonce très disputé, avec le Rassemblement national en embuscade.
Arrivé en tête à l'échelle de la ville (23,44%), le Printemps Marseillais, alliance de partis de gauche allant du PCF au PS en passant par des Insoumis, n'a inscrit de liste pour le second tour que dans sept des huit secteurs de la cité phocéenne.
Le mouvement conduit par Michèle Rubirola, une écologiste, a refusé de rejouer le scénario d'une triangulaire qui avait permis au Front National, devenu RN depuis, de s'imposer dans les 13e et 14e arrondissements.
"Ce qui se passe est déterminant avec ces élections, les habitants ont enfin le choix d’une liste qui défend l’intérêt général, face à une droite égoïste, engluée dans la protection de ses propres petits intérêts personnels", a indiqué Michèle Rubirola.
"Après 25 ans de mauvaise gestion et de clientélisme, les Marseillais méritent enfin une municipalité volontaire et compétente avec un projet tourné vers l’avenir".
Dans ce 7e secteur, très populaire, le seul duel marseillais du second tour opposera le sénateur RN Stéphane Ravier, arrivé en tête, au général David Galtier, candidat de Martine Vassal, la dauphine désignée par Jean-Claude Gaudin.Si l’ultra gauche prend les rênes de Marseille, c’est une voie plus qu’aventureuse
En tête dans trois secteurs seulement, Martine Vassal, devancée de plus d'un point sur la ville (22,32%), devant le RN (19,45%), va disputer une quadrangulaire difficile dans son propre secteur, le quatrième, qui inclut les 6e et 8e arrondissements chics où Jean-Claude Gaudin l'avait emporté dès le premier tour lors de ses quatre mandats.
"Face à cette volonté farouche de développer cette ville, il y a donc Michèle Rubirola et les amis de Jean-Luc Mélenchon. Si l’ultra gauche prend les rênes de Marseille, c’est une voie plus qu’aventureuse, au moment où Marseille a besoin d’assurance et de stabilité", ajoute Martine Vassal.
En plus des listes LR, Printemps et RN, les électeurs pourront voter pour Yvon Berland, l'ancien président de la faculté d'Aix-Marseille, seul candidat Marcheur à pouvoir se maintenir au second tour.
Dans deux autres secteurs, les candidats de Mme Vassal devront aussi disputer des quadrangulaires, avec une liste LR dissidente à chaque fois.
En tête et en ballotage favorable dans les trois secteurs du centre de la ville, le Printemps Marseillais a largement fusionné avec les écologistes d'EELV, partis en solitaire au premier tour (8,94%).
Mais il doit encore remporter au moins un autre secteur pour espérer atteindre les 51 conseillers municipaux sur 101 qui assureraient à Michèle Rubirola le bureau de l'hôtel de ville.
Le Rassemblement national en embuscade
Pour cela il disputera un second tour fratricide dans le 8e secteur (15e et 16e arrondissements), le bastion de la sénatrice Samia Ghali, élue maire en 2014 sous l'étiquette socialiste, où deux listes de gauche vont donc s'affronter, avec là encore le RN comme arbitre."Rien n’est plus important pour moi et mes colistiers que le combat qui s’ouvre pour empêcher l’arrivée du Rassemblement National à la mairie du 8e secteur, a indiqué Samia Ghali, regrettant "l’irresponsabilité politique et l’inconscience" de la liste conduite par Jean-Marc Coppola, candidat du Printemps Marseillais.
Entre temps, Debout Marseille, Europe-Ecologie-les Verts et Génération Écologie ont retiré leur soutien au candidat communiste et annoncé soutenir l'élue sortante.
"Je vois dans cette décision un acte fort des écologistes qui affirment nos valeurs communes face à la menace de voir arriver le Front National dans une deuxième mairie de secteur à Marseille", a déclaré Samia Ghali.Un choix de la raison, cohérent avec l’éthique et les valeurs qui nous animent : nous permettons à #Marseille de sortir des vieilles pratiques de gouvernance de la team Gaudin-Vassal (LR) et de la menace du repli portée par le Rassemblement National (RN).#Municipales2020, 15/16. pic.twitter.com/uInncvUHVt
— EELV Marseille (@EELV_Mrs) June 3, 2020
Tout pourrait en fait se jouer au 3e tour, lors de l'élection proprement dite du maire au conseil municipal. Un scénario que n'a jamais vécu Jean-Claude Gaudin, assuré depuis son premier mandat en 1995 d'une majorité absolue dès le soir du second tour.