Elections municipales : trois questions sur le suffrage universel direct qu'Emmanuel Macron veut mettre en place à Paris, Lyon et Marseille

Que disait la loi jusqu'à aujourd'hui ? Qu'est-ce que le suffrage universel direct va changer ? Pourquoi vouloir changer ? Voici les réponses à trois questions à propos du suffrage universel direct que veut mettre en place Emmanuel Macron à Marseille pour les élections municipales.

Lors de sa conférence de presse du mardi 16 janvier, Emmanuel Macron a plaidé pour que les maires de Paris, Lyon et Marseille soient élus au suffrage universel direct. Certains y voient un calcul politique. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Pourquoi ces trois villes avaient-elles un statut électoral particulier ? Qu'est-ce que cela pourrait changer ? France 3 Provence-Alpes répond à trois questions à propos de ce type de vote.

Comment les maires de Marseille, Lyon et Paris sont-ils élus actuellement ?

Depuis le 31 décembre 1982, la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) impose un statut électoral particulier à ces trois villes en raison de leur taille. Il s'agit des seules villes de France qui sont découpées en arrondissements. Cette loi, portée par Gaston Defferre, alors ministre de l'Intérieur, prévoit des élections municipales par arrondissements ou par secteurs électoraux (c'est le cas de Marseille). Ainsi, les habitants votent pour leur maire de secteur et non pour le maire de la ville. Ce dernier est ensuite élu par les conseillers municipaux de ces secteurs, lors du premier Conseil municipal.

Chaque secteur dispose donc d'un conseil de secteur, présidé par le maire de secteur et composé de conseillers municipaux. À Paris, on les appelle les conseillers de Paris. Chacun siège à la mairie centrale, en fonction du poids démographique de leur secteur. Marseille est découpée en huit secteurs regroupant chacun deux arrondissements.

Pourquoi vouloir changer ce mode de scrutin ?

Ce mode de scrutin, souvent comparé à celui en place aux États-Unis pour la présidentielle, s'éloigne du principe "un vote, une voix". Actuellement, un maire peut être élu avec moins de voix que son adversaire puisque le poids du vote des conseillers dépend de la démographie. Ainsi, un Gaston Defferre avait été élu à Marseille en 1983 avec moins de voix que son adversaire de droite.

Un maire peut aussi être élu tout en étant conseiller d'opposition dans son arrondissement ou même avec une minorité d'arrondissements, car il lui suffit d'obtenir une majorité de conseillers au Conseil municipal. Emmanuel Macron a indiqué vouloir revenir "au droit commun" pour qu'un électeur "puisse avoir les mêmes droits et compter autant à Paris qu'à Amiens".

Qu'est-ce que cela va changer ?

Si le maire de Marseille était élu au suffrage universel direct, cela signifierait qu'il serait élu de la même manière que le président de la République. Il faudrait donc que sa liste remporte plus de voix que les autres listes sur l'ensemble de la ville. Les habitants éliraient donc directement le maire de la cité phocéenne. La question à se poser alors est celle de savoir ce que deviendraient les maires de secteur et comment serait géré leur territoire ? Est-ce qu'il n'y aurait pas une perte de proximité dans la gestion de la ville ?

Cela pourrait changer "les équilibres politiques", rapporte le politologue Romain Pasquier à l'AFP, jugeant "peu probable qu'on supprime les maires d'arrondissement".

Opposés à cette réforme, certains y voient un calcul politique à deux ans des municipales. Contrairement à l'exécutif parisien, le maire de Marseille, Benoît Payan (DVG) s'est déclaré, sur France Info, favorable à ce scrutin "simple et transparent".

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