Le sénateur, élu sous l'étiquette du Rassemblement national, passé dans le camp d'Eric Zemmour, est la troisième personnalité la mieux jugée, selon notre sondage Ipsos - Sopra Steria, derrière le maire sortant Benoît Payan (Printemps Marseillais) et le président de région Renaud Muselier (Renaissance).
Stéphane Ravier sur la 3ᵉ marche du podium des personnalités les mieux placées pour les municipales de 2026 à Marseille. C'est le résultat du sondage Ipsos - Storia Steria* réalisé pour France 3 Provence-Alpes, France Bleu et La Provence, dévoilé ce samedi 16 décembre.
A la question : diriez-vous que cette personnalité ferait un bon maire ? Le sénateur ex-RN passé chez Reconquête obtient 29% de "oui". Dix points derrière le maire sortant Benoît Payan (Printemps marseillais), qui reste le meilleur candidat pour les sondés avec 39% de votes. Avec 32 %, le président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier (Renaissance) se place en deuxième position. Suivent la présidente de la Métropole et du conseil départemental LR Martine Vassal (28%) et l'adjointe au maire Samia Ghali (21%).
Ce score de Stéphane Ravier n'est pas une surprise pour le politologue Thomas Guénolé. "Nous vivons dans un pays où l'extrême droite a fait 42% des voix au deuxième à l'élection présidentielle, je m'étonne qu'on l'oublie, commente-t-il, et ça indique que deux Français sur cinq ne voient pas de problème à voter pour l'extrême droite." Un contexte qui favorise la montée de cette mouvance partout y compris à Marseille.
L'homme fort du RN à Marseille
Encarté au FN à 22 ans, Stéphane Ravier n'a jamais caché ses ambitions. De toutes les batailles depuis 1995, il voit chaque élection comme une marche de plus vers le sommet. Depuis plus de dix ans, Stéphane Ravier a fait des quartiers Nord sa terre d'élection. D'abord conseiller municipal, puis régional, il s'est imposé comme le nouvel homme fort du FN à Marseille en remportant la mairie des 13ᵉ et 14ᵉ arrondissement en 2014. Une mairie de secteur, mais la plus peuplée de la ville avec ses 150 000 habitants. Déjà, l'enfant de la Maurelette se rêve en successeur de Jean-Claude Gaudin.
Cette "implantation de longue date sur ce territoire" explique ce bon score de Stéphane Ravier dans ce sondage pour Thomas Guénolé, qui rappelle que "le sud est encore plus d'extrême droite que la moyenne française".
Candidat pour le parti de Marine Le Pen aux municipales de 2020, Stéphane Ravier s'est imposé 3ᵉ au premier tour avec 19,45% des voix, derrière Michèle Rubirola et Martine Vassal. Mais il n'augmente quasiment pas son score au second tour, et est battu de justesse dans sa mairie de secteur par le candidat LR David Galtier.
"L'électorat connaît son nom"
A peine le temps de digérer son échec que déjà Stéphane Ravier se projette sur la suite. Dès 2022, il se lance dans la campagne pour les municipales de 2026. Après 31 ans au FN, désavoué par les instances du parti sur fond de crise de parrainage d’une élue RN marseillaise, il rallie le camp Reconquête des zemmouriens. Le transfuge expliquait alors qu'il est fidèle aux mêmes "idées" depuis son adhésion au FN, il y a 32 ans, mais qu'elles "ne sont plus portées par Marine Le Pen. Elles le sont par Eric Zemmour". Dans la foulée, il crée son mouvement "Marseille d'abord" pour rassembler des personnalités de droites.
Ce ralliement à Reconquête est perçu comme une erreur stratégique. Après l'échec de son camp aux législatives, Stéphane Ravier se retrouve isolé au sein de l'extrême droite marseillaise. Son transfert lui a aussi coûté son groupe au conseil municipal. Le sénateur réélu en 2020 garde cependant des atouts dans son jeu. "Il fait partie de ce très petit club de personnalités locales marseillaises dont l'électorat connaît le nom", souligne Thomas Guénolé. Un atout majeur pour les élections municipales où "les marques locales 'Monsieur Untel' ou 'Monsieur Machin', pèsent plus que les marques nationales, c'est-à-dire les partis". Ce qui reste à jauger, "c'est la force respective de la marque Stéphane Ravier et de la marque Rassemblement national à Marseille", ajoute le politologue, un affrontement qui "ne s'est jamais produit donc on ne sait pas".
Une ambiance qui profite à l'extrême droite
Tout dépendra aussi de celui qui portera les couleurs du RN. Le député Franck Allisio ne l'exclut pas. "Je ferai ce que les instances du parti me diront", a-t-il assuré au Monde. Mais pour Thomas Guénolé, "son principal obstacle, c'est le maire sortant" qui reste le mieux placé pour faire un bon maire de Marseille en 2026 d'après notre sondage.
A deux ans du scrutin, Stéphane Ravier occupe le terrain. Interrogé sur la résurgence de l'ultradroite dans les manifestations après la mort de "Thomas", l'adolescent tué lors d'un bal à Crépol, il avait commenté sur X (ex-Twitter) : "Ce sont les rassemblements de la France qui en a ultra marre. Ultra marre de l’insécurité, ultra marre de la délirante politique d’immigration. Ces jeunes qui manifestent leur ras-le-bol sont l’avant-garde de la majorité silencieuse".
🎥 Ce sont les rassemblements de la France qui en a ultra marre. Ultra marre de l’insécurité, ultra marre de la délirante politique d’immigration. Ces jeunes qui manifestent leur ras-le-bol sont l’avant-garde de la majorité silencieuse.#RomansSurIsere #Crépol pic.twitter.com/5RKjMQgb4Y
— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) November 27, 2023
Sur les réseaux sociaux, le sénateur zemmouriste multiplie les posts sur les thèmes qui lui sont chers. "L'immigration est un véritable fléau"."Au quotidien, les Français ne sont plus les bienvenus chez eux". "La haine des Français et la haine des blancs" . Immigration et insécurité. Des thèmes qui trouvent facilement écho dans le climat ambiant. La dernière enquête annuelle Fractures françaises a révélé "un sentiment de colère qui se traduit par une plus forte adhésion aux valeurs autoritaires".
"Trois Français sur quatre disent qu'il n'y a pas assez d'autorité dans ce pays et qu'il faut la rétablir, et autant qui disent que ce qu'il faut à la France, c'est un vrai chef qui remette de l'ordre, et bien sûr ça profite à l'extrême droite", conclut le politologue. Un sentiment généralisé qui se confirme localement à Marseille dans le sondage Ipsos-Sopra-Steria pour France 3 Provence-Alpes, France Bleu Provence et La Provence : 85% des Marseillais interrogés disent éprouver un sentiment d'insécurité à Marseille.
Sondage réalisé en ligne auprès de 813 personnes du 28 novembre au 11 décembre 2023.