Le procès en appel des anciens dentistes condamnés pour avoir mutilé plus de 300 patients s'est ouvert ce mardi en présence du principal accusé et de son pèr .
Lionel Guedj est arrivé en fin de matinée, ce mardi 30 mai, à l'ouverture de son procès en appel, avec une heure et demie de retard, barbe noire, T-shirt noir, l'air hagard. Il est sorti d'un véhicule de l'administration pénitentiaire sous le regard de plusieurs de ses victimes, qui l'avaient copieusement hué lors de sa condamnation en septembre à huit ans de prison.
En raison de son absence le 25 mai, l'audience avait été reportée. A partir de ce mardi 30 mai, le père et le fils sont rejugés à Marseille. Les débats devraient durer jusqu'à fin juin.
"Mon client souffre d'une pathologie cardiaque, qui s'est illustrée il y a un mois, par deux épisodes de syncope alors qu'il était détenu, raison pour laquelle j'avais sollicité en début d'audience une expertise médicale", a expliqué Me Julien Pinelli, l'avocat de Lionel Guedj à nos journalistes Frédéric Renard et Xavier Schuffenecker.
Etat compatible avec sa présence quatre jours par semaine
L'expert a conclu dans son rapport que son état de santé était compatible avec sa présence à l'audience quatre jours par semaine, soulignant au passage que l'ex-dentiste n'était pas porteur d'un pacemaker, contrairement à ce qui avait été indiqué par son avocat jeudi, mais d'un holter, un boîtier qui enregistre les paramètres cardiaques.
"Aucune raison ne s'oppose à la poursuite de l'audience. On va le faire extraire (de la prison des Baumettes, NDLR) le plus vite possible", a annoncé le président Alain Vogelweith.
Condamné en première instance à huit ans de prison pour violences volontaires, Lionel Guedj, 43 ans, est incarcéré depuis septembre. Son père, 71 ans, a écopé de cinq ans de prison. Il a été libéré en mars dans l'attente de ce procès en appel et placé sous strict contrôle judiciaire.
Pour les deux hommes, la peine a été assortie d'une interdiction définitive d'exercer la profession de dentiste.
Plus de 300 parties civiles
Carnot Guedj était lui présent dès l'ouverture de l'audience ce mardi matin pour ce procès hors-norme. 319 patients des dentistes Guedj, majoritairement pauvre et bénéficiaires de la CMU, se sont portées parties civiles dans ce procès.
"Cela fait douze ans qu'on attend, faut reporter, là il est malade, moi je suis épuisé, j'aimerais refaire mes dents une fois pour toute, je n'en peux plus", a confié un plaignant.
Les anciens dentistes sont rejugés pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" et "escroquerie", pour des faits commis entre 2006 et 2012 dans leur cabinet dentaire installé des quartiers nord de Marseille.
Devenu en 2010 le dentiste le mieux rémunéré de France, Lionel Guedj roulait en Ferrari, s'octroyait entre 65.000 et 80.000 euros de revenus mensuels et avait accumulé un patrimoine de 13 millions d'euros.
Selon un calcul du parquet lors du premier procès, ce jeune dentiste avenant avait dévitalisé 3.900 dents saines entre 2006 et 2012, sans aucune justification thérapeutique, sur 327 patients, dans le seul but de leur poser des bridges très rémunérateurs.
Avec AFP.