"On le surnomme Terminator" : invasif et destructeur, le crabe bleu terrorise les pêcheurs de l'étang de Berre

Particulièrement vorace et agressif, le crabe bleu est devenu la bête noire des pêcheurs de Méditerranée. Les professionnels luttent contre cette espèce exotique envahissante, qui menace de mort leur activité.

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Le crabe bleu est depuis quelques années devenu la hantise des pêcheurs. Ce crustacé, originaire d’Amérique du Nord, colonisant à toute allure les lagunes de Méditerranée, ne laisse plus de place aux autres espèces.

C'est ainsi que les anguilles et les mulets manquent à l'appel dans l'étang de Berre, où les pêcheurs ne remontent plus dans leurs filets que ces crustacés colorés, devenus leur calvaire. "Il est opportuniste et mange tout ce qu'il trouve", explique Baptiste Giocomoni, qui tient entre ses mains un spécimen aux pinces bleues, pêché le matin même dans le plus grand étang salé d'Europe. Mais ce qui frappe ce professionnel, c'est l'agressivité de l'animal, ce qui lui vaut d'ailleurs son surnom de Terminator. Comme pour en faire la démonstration, il avance son pied vers un crabe posé au sol et le beau crustacé se jette immédiatement sur sa chaussure.

Menace sur la pêche en Méditerranée

La prolifération massive de ce prédateur inquiète sérieusement les professionnels de la pêche. L'espèce est invasive et destructrice, s'attaquant aux poissons, comme aux filets. "On voit bien une myriade de petits trous" explique Baptiste Giocomoni, en montrant la résille du filet déchiquetée. Voilà qui permet aux anguilles de s'échapper, en dépit des réparations de fortune. "C'est la fin de mon activité si on ne trouve pas une solution".

Il y a de surcroît urgence à agir, lorsqu'on sait qu'une femelle de crabe bleu peut pondre jusqu’à deux millions d’œufs plusieurs fois dans l'année.

Alerte rouge au crabe bleu

Le sujet n'est donc pas à prendre avec des pincettes. Une alerte au crabe bleu a été lancée ces dernières années dans plusieurs lagunes de la Méditerranée et des plans d'action régionaux sont mis en œuvre, notamment en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, où le crustacé a été repéré dans l'étang de Berre mais également en Camargue et dans le Var.

Originaire des côtes atlantiques américaines, ce crabe bleu, portant le nom scientifique de Callinectes sapidus, aurait été introduit par le transport maritime, par le biais notamment des eaux de ballast des porte-conteneurs. Il est observé dans l’est de la Méditerranée depuis les années 1950. En Espagne, sa présence est devenue problématique pour la pêche et la biodiversité depuis 2017, en particulier dans le delta de l’Ebre. Depuis, il a poursuivi sa prolifération vers les côtes françaises méditerranéennes en Corse, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur où on le retrouve en milieu lagunaire et côtier.

Consommation ou régulation

Ce crabe bleu constitue un véritable défi écologique. Selon les zones du globe, l'espèce invasive peut à la fois représenter une manne économique ou une menace pour la biodiversité, en venant perturber les écosystèmes.

Une façon efficace de faire barrage à ce crustacé vorace, c’est de le manger, d'autant que sa chair est réputée pour être goûteuse. Mais selon Raphaël Grisel, le directeur du syndicat mixte pour la réhabilitation de l'étang de Berre, "en Provence, on n'a pas cette culture de la consommation de crabes, contrairement à la Bretagne ou aux États-Unis, d'où ce crabe provient et où il est très apprécié au point qu'ils n'en ont plus". 

L'autre hypothèse face à sa prolifération : réguler sa présence, en introduisant d'autres prédateurs comme les poulpes, qui raffolent, eux aussi, de sa chair savoureuse, et les palourdes, qui se nourrissent de ses œufs.

Mais sur leurs bateaux, les pêcheurs de l'étang de Berre trouvent le temps long. Ils attendent avec impatience que la température de l'eau descende sous la barre des 14 degrés, et que le crabe bleu s'enterre enfin sous le sable. Une fois en hibernation, il peut rester jusqu'à cinq mois sans se nourrir.

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