"On n'est pas des sous-policiers" : cinq questions sur la grève des policiers municipaux le 24 et le 31 décembre

Le collectif des policiers municipaux en colère maintient la pression sur le gouvernement pour une revalorisation du statut de ces agents, en première ligne lors des émeutes après la mort de Nahel. Un appel national à la grève a été lancé pour le 24 et le 31 décembre.

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"On nous demande de faire toujours plus, sans valoriser nos responsabilités et la pénibilité de notre métier." Membre du collectif des "policiers municipaux en colère" à Marseille et déléguée de la Fédération syndicale unitaire (FSU) territoriale, Christine Donadio revient sur les raisons de l'appel à la grève du 24 et du 31 décembre, considéré comme un "acte II après la grève des PV" qui sévit depuis le mois de novembre dans plusieurs villes de France. Quels sont les syndicats qui soutiennent le mouvement, quelles sont leurs revendications ? France 3 Provence Alpes fait le point.

1  Quelles sont les revendications ?

C'est une annonce d'Élisabeth Borne qui a mis le feu aux poudres. Le 26 octobre, la Première ministre a proposé de "donner la possibilité aux polices municipales d'accomplir certains actes de police judiciaire", sous le contrôle des parquets pour les maires qui le souhaitent. Le tout "sans proposer de reconnaissance à la hauteur", estime Christine Donadio.

L'un des principaux points de mécontentement concerne la prime indemnité spéciale des policiers municipaux : "C'est une reconnaissance des risques auxquels nous sommes exposés, l'équivalent de la 'prime feu' chez les sapeurs-pompiers. Mais à la différence de ces derniers, les policiers municipaux ne cotisent pas pour leur retraite sur cette prime. On n'est pas des sous-policiers, il est tant que ça change", poursuit la représentante sydicale.

Par ailleurs, le collectif demande "une revalorisation des salaires ainsi que la bonification dont bénéficient les agents de la police nationale afin de partir plus tôt à la retraite en raison de la pénibilité de leur métier", poursuit la policière. Ces derniers gagnent le droit de partir une année plus tôt tous les cinq ans, là encore, en raison de la pénibilité particulière du métier.

2 Quels sont les syndicats qui appellent à la grève ?

Le collectif à l'initiative de la grève rassemble huit syndicats représentatifs (UNSA, CGT, CFDT, FSU) et non représentatifs (SUD, CFTC, SNSP, SNPM), ainsi que la nouvelle Fédération nationale des policiers municipaux de France (FNPMF) et de l’Association nationale des cadres territoriaux de sécurité dans plusieurs villes de France.

À ce jour, les deux principaux syndicats, FA-FPT et FO, n’ont en revanche pas opté pour la grève, car ils préfèrent privilégier les discussions avec le gouvernement. "Nous partageons certaines revendications, mais nous attendons la présentation de nouveaux éléments par le gouvernement en début d'année 2024. S'ils ne sont pas satisfaisants, nous n'hésiterons pas à appeler à la grève aussi", explique Michel Choukri, secrétaire adjoint FO police municipale à Marseille.

3 Quelle sera l'ampleur des grèves le 24 et le 31 décembre ?

Les syndicats n'ont pas encore présenté d'estimation chiffrée. À Marseille, l'ampleur des grèves sera forcément limitée puisqu'elles ont lieu un dimanche, "alors que de nombreux policiers municipaux ne travaillent déjà pas ce jour-là dans notre ville. Par ailleurs, "nous continuerons à intervenir, si nécessaire, en cas d'urgence", assure Christine Donadio.

Mais un autre rassemblement est déjà envisagé le 3 février  "devant toutes les préfectures de région, si nous n'obtenons pas de retour satisfaisant concernant nos revendications d'ici là", poursuit la policière. Le collectif dispose enfin d'un dernier argument massue : en dernier recours, il envisage un "acte III lors des Jeux Olympiques de Paris 2024", dont certaines épreuves se dérouleront dans la cité phocéenne.

4  Comment est-ce que le collectif met-il la pression sur le gouvernement ?

Après l'annonce d'Élisabeth Borne, le collectif a appelé à une "grève des PV". À Marseille, "on est passé de 11 600 PV en octobre à environ 5 000 en novembre, et la baisse devrait se poursuivre en décembre", fait valoir Christine Donadio.

Et avant la grève nationale du 24 et du 31 décembre, plusieurs autres actions ont déjà eu lieu à l'initiative du collectif dans certaines villes de France. Le 25 novembre, les policiers municipaux se sont mis en grève symboliquement le jour de l'inauguration du marché de Noël à Strasbourg, avec le soutien de la maire (EELV), Jeanne Barseghian, qui a écrit à la Première ministre, Élisabeth Borne. Autre exemple à Longjumeau, en Île-de-France, où certains agents ont décidé de n'assurer plus que les missions les plus urgentes depuis le 15 novembre, comme le rapporte le Parisien.

5 Quel est le rôle des policiers municipaux ?

Les policiers municipaux ont pour principale mission la prévention et le maintien du bon ordre, de la tranquillité, de la sécurité et de la salubrité publique, selon le code de la sécurité intérieure. Ce sont des agents territoriaux placés sous l'autorité du maire, à la différence de ceux de la police nationale, qui peuvent être amenés à travailler partout en France et appliquent les instructions du Directeur général de la Police nationale (DGPN).

Concrètement, les policiers municipaux veillent au respect des arrêtés pris par le maire, rédigent des procès-verbaux, surveillent les bâtiments publics, maintiennent l'ordre sur la voie publique... "On a été les premiers à intervenir lors des émeutes après la mort de Nahel. À Marseille, on doit aussi assurer la sécurité des écoles sur les points de deal et intervenir lors des débordements des supporters lors des matchs de l'Olympique de Marseille...", explique Christine Donadio.

Les policiers municipaux collaborent étroitement avec la police nationale dont ils assurent le relais. Mais ils ne disposent pas des mêmes prérogatives, notamment pour mener des enquêtes : par exemple, les policiers municipaux n'ont pas accès aux fichiers des personnes recherchées, ni à celui des véhicules volés.

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