"On nous disait qu’il y avait certains métiers qu’il fallait oublier", des jeunes des quartiers formés au concours de médecine

A Marseille, l'entraide permet à des jeunes filles et garçons, issus de milieux modestes et défavorisés, de se préparer au prestigieux concours de médecine au sein d'une écurie solidaire.

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Hichma est étudiante en 5e année de médecine. Elle a eu la chance d'avoir le soutien de sa famille qui a toujours cru en elle. Mais à l'extérieur, la jeune fille originaire des quartiers Nord de Marseille a dû combattre de nombreux préjugés pour mener les études auxquelles elle aspirait.

"J'étais dans un collège de Zone d'Éducation Prioritaire, et dès le collège, on nous disait qu'il y avait certains métiers qu'il fallait oublier, dont les études de santé et moi, je trouvais que c'était dommage, parce que quand même, on est en pleine construction, et ce n'est pas le discours qu'il faut porter envers des jeunes qui essaient de s'en sortir et qui sont constamment mis dans des cases". 

Des freins psychologiques, auxquels s'ajoutent le coût des prépas ou écuries privées qui aident à la préparation du concours de médecine, souvent plusieurs milliers d'euros l'année.

Un modèle solidaire unique 

Si Hichma a brillamment réussi le concours, c'est grâce au Sel de la vie, la première écurie Médecine sociale et solidaire, créée il y a quatre ans par Aïssa et Salim Grabsi (l'un professeur d'économie et l'autre responsable de laboratoire pour les classes de physique-chimie en lycée). Une formation pour les lycéens de milieux modestes et défavorisés. Tout est gratuit pour les étudiants boursiers et le coût ne dépasse pas quelques centaines d'euros pour les autres.

"Dans ces quartiers-là, il y a tellement d'autocensure qu'ils n'y croient pas ou qu'ils n'y croient plus. Et pourtant, le potentiel existe, l'excellence existe", souligne Aïssa Grabsi.

Pendant deux ans Hichma a été la tutrice de Chiraz, qui a intégré l'une des premières promotions de l'écurie. Elle se souvient que lycéenne à Diderot, elle était la seule de sa classe à vouloir faire médecine. "C'était une vocation depuis toute petite", confie-t-elle. Elle a dû combattre les préjugés. Et y croire malgré l'avis de certains de ses enseignants. Elle n'oubliera pas ce jour où sa professeure de maths rendant les copies et lui a dit : "je sais Chiraz que tu voulais faire médecine, mais tu as eu 15/20 et pour faire médecine, il faut 20/20". Mais la jeune fille s'est "accrochée" à son rêve. 

Aujourd'hui, Chiraz est en 3ᵉ année, elle est coordinatrice de la prépa médecine. "Quand j'ai réussi, je me suis dit, c'est l'occasion pour moi de redonner ce que j'ai eu".

Un taux de réussite de 45%

Les élèves d'hier sont les tuteurs d'aujourd'hui. "S'ils réussissent, ils seront à leur tour tuteurs, ils transmettront ce que je leur ai appris et ce qu'ils ont appris eux-mêmes", explique Nathan, tuteur en prépa médecine. La prépa revendique un taux de réussite toutes filières confondues de 45%, nettement supérieur à la moyenne générale des étudiants. 

"Réussir le concours pour moi, c'est vraiment de travailler ensemble, cette histoire de solidarité, de partage, et d'avancer ensemble, car c'est très compliqué de réussir tout seul, la grande force de l'écurie, c'est ça", affirme Christophe Dracos, co-fondateur de l'association.

Cette réussite a donné lieu à un documentaire intitulé "Un jour, je serai docteur", coproduit par France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur et disponible sur la plateforme de France Télévision.

"J'avais envie de montrer à quel point, au-delà des clichés qu'on colle facilement à la ville de Marseille, le tissu associatif marseillais était source d'inspiration et de choses positives", explique Olivier Pekmezian, le réalisateur du documentaire.

En 2020, ils n'étaient que douze étudiants dans la première promotion. Pour le concours de médecine 2025, 40 tuteurs épaulent 150 étudiants. 

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