Lyon, Toulouse, Nice, Saint-Tropez… Les joueurs viennent souvent de toute la France pour participer à La Marseillaise à pétanque. Si certains ont fait des procurations pour les législatives, beaucoup sont désabusés et n'iront pas voter.
À Marseille, 12 336 joueurs et joueuses participent à cette première journée du Mondial La Marseillaise à pétanque. Pendant que le public suit attentivement les mènes qui s'enchaînent sur les terrains, un autre match se joue. Dans les urnes. Les élections législatives anticipées ne sont pas un sujet de conversation dans les travées du parc Borély, à en croire les boulistes. "Ça parle que boules et pastis, s'amuse un vieux marseillais, habitué des terrains. On ne parle pas politique, on ne veut pas gâcher les amitiés."
Lui, est allé voter dès 8 heures, à l'ouverture des bureaux, avec ses compagnons de triplette : "C'est très important quand même !" Ce soir, ils regarderont ensemble les résultats du premier tour. Ils les suivront avec la même attention que les scores des parties en cours.
Espoirs et résignation
Mais tous les joueurs ne sont pas aussi impliqués. "Je m'occupe que des boules, pas de politique", dit un autre membre de leur club du 12e arrondissement de Marseille. "On votera si on rentre assez tôt", ajoutent deux trentenaires du même club, allongés sur la pelouse, à suivre les parties qui se jouent après leur élimination. "Les enjeux sont importants", reconnaît l'un d'eux. Mais il en est persuadé, "ça ne va changer les choses. Les hommes politiques sont pleins de discours."
L'impression que tout se vaut est assez partagée le long des terrains. Elle s'assortit pourtant d'une forte envie de changement. "Je ne vais pas regarder les résultats", insiste un homme venu de la Drôme assister au tournoi. "Je sais que demain, je retournerai travailler et à la fin du mois, je paierai les mêmes impôts. La vie sera toujours aussi chère." Si une révolution s'annonce, il en sera. Le vote, c'est "non" pour ce quinquagénaire, venu initialement à Marseille pour la finale du Top 14 de Rugby.
"Ça demande un effort"
Un trentenaire, majordome à Saint-Tropez, tente une analyse : "A la pétanque, ce sont des 'petites gens' qui jouent. Ils veulent de la simplicité". Lui, par exemple, n'a pas fait de procuration parce que cela lui semblait trop compliqué : "Avec le travail, il faut se déplacer pour faire vérifier son identité. Ça demande un effort. Je préfère aller jouer aux boules. Mon vote ne compte pas assez".
Une triplette de Lyon, qui ne veut surtout pas "parler de politique", éliminée 13-4 le matin au premier tour estime que "c'est la merde partout. La pétanque, ça nous fait du bien. C'est notre thérapie".
Et comme pour garder espoir, malgré le discours défaitiste, l'un des joueurs montre le terrain autour duquel les spectateurs s'amassent. David Riviera, Michel Hatchadourian et Jordan Scholl s'imposent sans difficulté sur le terrain annexe du Mondial, contre l'équipe de Gioe : "C'est pour eux qu'il faut voter. Ils mettent carreau à chaque coup." Regarderont-ils les résultats, ce soir à 20 heures ? "Oui, de la pétanque !"