Depuis une semaine, les bouteilles de Ricard se font de plus en plus rares dans les rayons et la situation pourrait empirer cet été.
Tempête dans un verre de... Pastis. Michel-Edouard Leclerc, le patron de la chaîne de grande distribution du même nom, et le groupe Pernod-Ricard sont en conflit depuis plusieurs semaines et la situation risque de se tendre d'ici à l'été. Leur différent commercial dure depuis près de six mois, et ne semble pas près de se régler. Faute de nouvel approvisionnement, certains magasins Lerclec sont donc en rupture de stock de Ricard. France 3 Provence-Alpes revient sur cette brouille en quatre questions.
Quelle est l’origine du conflit ?
E.Leclerc et Pernod-Ricard n'ont pas trouvé d'accord tarifaire à l’issue des dernières négociations commerciales. Le distributeur estime que les prix sont trop élevés. Invité sur le plateau de BFMTV ce lundi, il a affirmé ne pas être prêt "à l’acheter à n’importe quel prix". "Pour le moment on négocie avec eux à travers toute l'Europe pour que les Français puissent avoir leurs bouteilles", a-t-il expliqué sur BFM/RMC.
"Ça montre que ce n'est pas si simple de négocier même pour un grand distributeur", même s'il a des alliances à l'achat avec d'autres enseignes européennes pour améliorer le rapport de force avec les fournisseurs agro-industriels, "avec Ricard qui est le roi de la marge et du profit dans son secteur et qui peut se passer pendant un an de vendre chez E.Leclerc".
"Tout ça finira chez le médiateur" des relations commerciales, a encore estimé Michel-Edouard Leclerc, pour qui "E.Leclerc a plus à perdre [que les industriels] en termes de chiffre d'affaires à ne pas avoir de Coca ou de Ricard" dans ses supermarchés. "Mais en termes de crédibilité auprès de nos clients ce n'est pas bon non plus d'avoir du Ricard trop cher", a-t-il encore dit.
Quels sont les alcools concernés ?
Le groupe Pernod-Ricard distribue le Ricard, mais également Pastis 51, Lillet, Suze, Ballantine’s et Aberlcour. Comme le Ricard, ces alcools risquent de disparaître progressivement des rayons des grandes surfaces Leclerc si le conflit perdure.
Dans certains magasins de la banlieue parisienne, certains magasins sont déjà en rupture d'approvisionnement, précise BMTV.
Comment réagit Pernod-Ricard ?
Le groupe de spiritueux, qualifié par Michel-Edouard Leclerc de "roi de la marge et du profit dans son secteur", se dit "confiant". Contacté par France 3 Provence-Alpes, Emmanuel Vouin, directeur de communication de Pernod-Ricard affirme que le groupe "travaille dur pour trouver une solution dans les plus brefs délais".
Et d'ajouter : "Leclerc est un acteur majeur de la grande distribution, cette situation n'est dans l'intérêt de personne. Nous sommes partenaires depuis de nombreuses années, il n'y a aucune raison de cela cesse." Même si le distributeur E.Leclerc représente 23,4 % de part de marché dans le secteur, Pernod-Ricard se sait en position de force. Sa bouteille iconique est l’un des produits les plus vendus en grande surface, juste derrière l’eau Cristalline, et juste devant le Coca-Cola.
Une telle situation s’est-elle déjà produite ?
Ce n’est pas la première fois que Pernod Ricard et E.Leclerc sont en conflit. En 2019 déjà, le leader français de la distribution alimentaire avait cessé de s’approvisionner auprès de l’industriel. Mêmes causes, mêmes conséquences. Les deux groupes n’étaient pas parvenus à trouver un accord tarifaire, toutes les marques du groupe de spiritueux avaient disparu des rayons pendant près de deux mois.