Unique en France, à l’Institut Paoli-Calmettes, un lieu de recueillement multireligieux est ouvert depuis 20 ans pour les patients, leurs familles et les soignants. C'est un symbole de tolérance et de respect face aux incertitudes des malades et des proches confrontés au cancer.
C'est au fond d'un dédale de couloirs à l’Institut Paoli-Calmettes (9e) que se trouve ce lieu si insolite. Ce n'est ni une Eglise, ni une mosquée, un temple ou une synagogue, c'est un peu tout ça à la fois. Un centre oecuménique qui fait écho à la tradition de dialogue interreligieux de Marseille et à la portée oecuménique de la visite du pape ce vendredi 22 et samedi 23 septembre.
Un lieu pour tous, c'est "fantastique"
Dans un lieu presque caché à l'abri des regards, toutes les confessions religieuses et agnostiques sont rassemblées autour du "mètre cube d’infini", une des œuvres majeures de Michelangelo Pistoletto.
Ici les patients et les familles se recueillent, comme Marie-Thé Boissieux qui vient ici depuis neuf mois. Son mari est hospitalisé : c'est "un lieu essentiel", dit-elle.
"Se côtoyer comme ça entre religions, c'est fantastique, ne pas être séparés, insiste-t-elle. Je n'ai jamais vu cela ailleurs. Pourtant j’en fais des Eglises et j'ai voyagé. Je n'ai jamais vu cela".
Un soutien spirituel pour les malades
"La médecine a sa mission c'est de soigner c'est de nous accompagner à la guérison, mais il y a le plan spirituel aussi qui nous aide à surmonter toutes les épreuves que nous traversons", décrit Jeannine Mobio, patiente de Paoli Calmettes.
Un espace pour chacun ouvert aussi au personnel, quelle que soit sa croyance, ce lieu offre le silence, le repos, la possibilité de se recueillir et enfin de soutenir les patients dans la maladie.
"Lorsque l'on vous annonce qu'on a un cancer, tous les repères s'effondrent, on revient à l'essentiel, Quel est le sens de cette vie? Est-ce qu'il y a une vie après la mort, quel est le sens de cette souffrance? Même si on n’a pas de foi, on a besoin de revenir à l'essentiel", indique Béatrice Der-Gazerian, aumônière.
Mais au-delà de la méditation, ce lieu prône un engagement éthique, celui de n'exclure personne.
Marseille, ville de dialogue interreligieux
"On est bien dans l’image de la Ville de Marseille qui est un lieu de croisement des cultures de civilisation, évidemment des religions, ces religions sont capables de cohabiter", précise Norbert Vey,
Directeur général de l’institut Paoli-Calmettes.
Cité portuaire, terre d'accueil, Marseille promeut le dialogue interreligieux, en tant que ville ouverte aux autres religions, par son brassage culturel et social.
"Marseille Espérance", instance fondée en 1990, réunit d'ailleurs autour du Maire de la Ville, les responsables religieux : catholique, arménien, protestant, orthodoxe, musulman, juif et bouddhiste ainsi que leurs délégués.
Une visée oecuménique également promue par le pape pendant sa visite à Marseille. Vendredi, le souverain pontife se recceuillera devant le mémorial des migrants morts en mer à Notre-Dame de la Garde, entouré de chefs religieux de différentes confessions.
En 2024, le centre oecuménique de l’Institut Paoli Calmettes fêtera ses 25 ans. Pour l’occasion, les Marseillais pourront venir eux aussi découvrir ce lieu de recueillement et de prières.