Les eaux de nos rivières, nappes souterraines et lacs se portent bien, c'est le constat dressé par l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée qui publie ce mardi son dernier rapport annuel. Mais des pollutions persistent, comme les PFAS, qui fragilisent les espèces aquatiques et menacent l'alimentation en eau potable.
Réchauffement climatique, pollutions de toutes sortes... l'eau est devenue une denrée rare. Selon le rapport sur l'état des eaux en Paca publié ce mardi 5 novembre par l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée Corse, la situation de cette ressource précieuse est bonne en Paca.
L'agence souligne que 62% des eaux de rivières, lacs et nappes souterraines de Paca sont en bon état, en quantité et en qualité. C'est ce qui ressort de l'analyse de 6,5 millions de données collectées en 2024. Présence de substances dangereuses, nitrates, pesticides, mais aussi température de l'eau, acidification ou encore présence de poissons... 1400 paramètres chimiques et biologiques sont mesurés chaque année, huit fois plus qu'il y a 30 ans, souligne l'agence de l'eau, dans son communiqué.
En territoire montagneux, l'eau est de bonne à très bonne qualité, selon le rapport. La concentration des polluants est la plus forte dans les zones de plaine et sur l'arc méditerranéen, densément peuplées, et où le débit des cours d'eau est faible en été.
Le plateau de Valensole contaminé au dichlobénil
Bon bilan du côté des eaux souterraines, dont 87 % sont jugées en bon état. La pollution persiste cependant dans les alluvions de l'Arc, l'Huveaune, le Gapeau ou l'Eygoutier. Sur le plateau de Valensole, dans les Alpes du sud, le rapport pointe une contamination au dichlobénil, un herbicide largement "utilisé auparavant pour la culture du lavandin". Ce pesticide a été interdit de vente en mars et interdit d'utilisation l'année suivante.
Selon l'agence, la nette amélioration de l'eau de nos rivières aux cours des dernières décennies est le résultat des efforts entrepris pour mieux assainir les eaux domestiques. Ainsi, la pollution à l'ammonium a été divisée par 20 depuis 1990.
Micropolluants et nouveaux pesticides
Cependant, l'agence prône la surveillance des micropolluants. En 2023, sur les 1400 paramètres analysés, par l'agence, 706 produits de synthèse ont été détectés au moins une fois dans les cours d'eau, et 356 dans les eaux souterraines. La moitié est des pesticides. "Dans la majorité des cas, les rivières ne sont pas plus polluées qu'avant mais l'amélioration de la capacité de détection fait apparaître des nouveaux polluants quoi ne sont donc pas intégrés à l'évolution de l'état des eaux, faute de normes environnementales", analyse l'agence de l'eau.
Quelque 159 polluants "d'intérêt émergent" sont dans le viseur de l'agence : substances pharmaceutiques, stéroïdes, hormones, stimulants, cosmétique, etc. "Parmi ces substances 130 sont présentes dans les cours d'eau (...) rejetées principalement par les excrétas (urine, fécès) des humains et des animaux domestiques et dont le traitement dans les stations d'épuration n'est souvent que partiellement efficace", pointe le rapport.
L'impact inquiétant des "polluants éternels"
Des polluants qui suscitent une inquiétude particulière, ce sont les PFAS, des substances chimiques largement utilisées depuis les années 50 dans la composition de produits courants, textiles, emballages, revêtements antiadhésifs ou produits phytopharmaceutiques, etc. Des polluants très persistants dans l'environnement, parfois qualifiés "d'éternels" et dangereux pour la santé des populations. Ces PFAS ont été détectées au moins une fois dans 71% des rivières et 50% des stations en eaux souterraines.
Rejets urbains et industriels sont principalement à l'origine de la présence de ces substances dans nos rivières à l'aval de certaines villes, comme l'Arc à Rousset, la Cadière à Marignane, le ruisseau des Aygalades à Marseille... L'agence note que la présence de ces polluants rend les rivières plus sensibles au réchauffement climatique : augmentation de la température, baisse des débits l'été, etc. et fragilisent les espèces aquatiques et dans les cas les plus graves, provoquent leur disparition. "Ces altérations peuvent également compromettre l'alimentation en eau potable à partir des cours d'eau et des nappes souterraines, ainsi que les activités économiques et récréatives qui dépendent de ces milieux", alerte l'agence.
L'agence prône la mobilisation de tous les acteurs du territoire pour "reconquérir le bon état des eaux", dans un contexte d'épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents. Elle cite, à titre d'exemple, les travaux de restauration écologique et de lutte contre les inondations sur l'Huveaune, pour un budget de 7 millions d'euros, financés à hauteur de 35% par l'agence de l'eau.