Première mondiale en Méditerranée : embarquez avec Laurent Ballesta en totale immersion

Depuis le 1er juillet, quatre plongeurs cohabitent dans un module pressurisé de 5 m2, par 120 m de fond. Cette station sous-marine va rallier Marseille à Monaco pendant 28 jours. Le but est d’explorer sans limite les grandes profondeurs.

C'est le photographe et plongeur Laurent Ballesta qui est à l'origine de ce projet un peu fou, une première mondiale: rester 28 jours dans un module immergeable par 120 m de fond, permettant des sorties individuelles en autonomie. Il est accompagné par trois autres plongeurs expérimentés : Antonin Guilbert, Thibault Rauby et Yanick Gentil.

La station de vie qui accueille les plongeurs est nommée Bathyale. Ce nom fait référence à la zone bathyale qui désigne en océanologie les grandes profondeurs au-delà de 200 m, juste avant la zone abyssale.

Deux jours d'acclimatation ont été nécessaires aux plongeurs pour s'habituer à leur nouvel environnement.

"Les deux premiers jours, ils étaient fatigués, il a fallu qu'ils s'habituent à la pression, aux différences de températures entre le module et le fond de l'eau, et il y a eu aussi un petit temps de relâche après les nombreuses sollicitations médiatiques et autres", détaille Florian Holon, plongeur et membre de l'équipe technique.

A bord du bateau qui pilote la station Bathyale, Florian Holon gère notamment la liaison avec les plongeurs et leur apporte une aide technique lorsque c'est nécessaire. Jeudi 4 juillet, l'expédition se trouvait au large de La Ciotat. 

Une seule et même plongée de 28 jours

Comment vont-ils vivre pendant près d'un mois ? Le concept est simple. Un module de 5 m2 leur sert de lieu de vie aux quatres plongeurs pendant la durée de l'expédition. 

A bord du module, l'air est pressurisé à 11 bars comme à 100m de profondeur. Les conditions de vie y sont compliquées.

"A bord à la surface, la température intérieure est de 40°C environ et lorsque les plongeurs sont au fond de l'eau la température est de 12°C. Cette variation de température fatigue énormément les organismes", ajoute Florian Holon.

Pendant toute la durée de l'expédition, ils ne vont pas sortir du module. La pression à 120 mètres est 13 fois supérieure à celle en surface. À la sortie, ils devront rester quatre jours en décompression avant de pouvoir fouler à nouveau la terre ferme. 

Avant chaque plongée quotidienne, les plongeurs doivent se soumettre à une série de tests médicaux pour éviter tout risque d'accident de décompression.

"Ces tests obligatoires doivent prévenir tout souci de santé, car à cette profondeur, les plongeurs risquent un oedème pulmonaire", détaille Florian Holon, coordinateur à bord et ami de Laurent Ballesta.

Pourquoi cette plongée est exceptionnelle ?

Par sa durée, mais surtout parce que le temps de plongée n'est plus limité grâce à l'application de deux techniques : 

  • La plongée à saturation (c'est-à-dire la pression à laquelle les plongeurs sont soumis dans la station);
  • La plongée sportive dite profonde en autonomie avec des scaphandres recycleurs. 


"Les scaphandres recycleurs ont un dispositif qui capture et fixe le CO2. Le gaz est ensuite enrichi d'oxygène et d'hélium, le tout géré par une tabletteCela laisse aux plongeurs la liberté d’explorer des espaces encore jamais visités pendant des heures", détaille Florian Holon.

Il a fallu toutefois adapter le matériel aux contraintes de l'expédition. "Nous avons dû apporter une modification au recycleur de Laurent, le dispositif était positionné sur son dos, mais avec le matériel scientifique à transporter, il a ressenti un essoufflement sur les premiers jours, donc on le lui a mis en position ventrale et il semble que cela soit mieux"

Pour des sorties pendant près de 4 heures par 120 m de fond et à 12°C, il a fallu aussi choisir des combinaisons adaptées. Les plongeurs portent les mêmes que pour des expéditions en Antartique.

Entre air et mer, un système inédit 

Une station de vie est installée sur une barge tractée par un remorqueur. Il se déplace au large des côtes méditerranéennes entre Marseille et Monaco pour explorer différents sites.

La station est composée de plusieurs modules, un dit de "vie" où il y a les couchettes, un dedié aux sanitaires. Le dernier, "la tourelle ascenseur" se sépare et immerge les plongeurs jusqu'à leur lieu de sortie. En surface, un sas permet aux plongeurs de recevoir la nourriture.

A bord de cette barge, toute une équipe scientifique et technique procède aux analyses des prélèvements et assure l'assistance des plongeurs. Ils pilotent également la tourelle.

"Nous sommes très satisfaits de ce début d'expédition, car nous pouvons poser cette tourelle précisément sur les sites définis. Nous avions une crainte au départ à ce sujet et nous sommes soulagés à présent", se félicite Florian Holon.

La station de vie n'est immergée que lorsque les plongeurs partent en exploration sous-marine. Le reste du temps, ils sont au-dessus de la mer, mais restent confinés dans leur module pressurisé.

"Comme il fait 40° à l'intérieur lorsqu'ils sont en surface, nous avons imaginé un système qui pompe l'eau de mer et la projette sur le module afin de le rafraîchir au maximum; nous avons également installé une bâche pour tenter de les protéger au mieux du soleil", explique Florian Holon.

Un sas permet aux plongeurs de recevoir la nourriture. La station est composée de plusieurs modules, un dit de "vie" où il y a les couchettes, un dedié aux sanitaires. Le dernier  se sépare et plonge en profondeur pour permettre la mise à l'eau  autonome des plongeurs.

Les plongeurs communiquent à l'aide de casques équipés de micro avec les équipes de surface à bord de la barge. Ils détaillent ainsi leur ressenti en plongée, les choses qu'il faudrait améliorer, etc...

A quoi va servir l'expédition Gombessa 5 ?

"La Méditerranée... Parce que les hommes y voyagent depuis des millénaires, on la croit sans secret. Parce qu’ils l’ont conquise et maltraitée, on la croit dévastée. Mais pourtant, la Méditerranée est toujours une mer vivante qui reste à explorer", écrivait Laurent Ballesta avant son départ.

Dans le cadre de cette mission de grande envergure, des recherches scientifiques sur l'environnement marin, des prélèvements et des études d'espèces vont être réalisés. A la sortie, une cartographie de la faune et la flore sous-marine.

"Après les deux premiers jours, où les plongeurs se sont peu éloignés de la tourelle lors des plongées à cause de leur fatigue", a constaté Florian Holon. "Ce mercredi (3 juillet, ndlr), ils ont demandé plus de matériels scientifiques, pour faire plus d'analyses et de prélèvements. Ce qui est un trés bon signe."

Chaque prélèvement est envoyé dans un conteneur qui remonte à la surface à l'aide d'un parachute. Ces échantillons sont analysés dans la foulée, alors même que la sortie des plongeurs n'est pas encore terminée.

Le montant total du projet Gombessa 5 est de 2,7 millions d'euros, financé par des sponsors et plusieurs centres de recherches qui attendent beaucoup des expériences menées à bord.

Notamment sur l'état des lieux de la faune et la flore sous-marine et les résultats des prelèvements. Avec peut-être la découverte de nouvelles espèces...

Comment suivre leur aventure ?

Sur Facebook, une page est dédiée. Mise à jour quasi quotidiennement, elle permet de suivre les étapes de l'aventure: Expeditions GombessaUne application gratuite sur smartphone, DONIA, permet également de savoir où se trouve précisément l'expédition et de la suivre en temps réel.
 
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