La baisse des rejets polluants issus du transport routier, maritime et de l'industrie, grâce notamment aux progrès technologiques pourrait être en partie annihilée par le réchauffement climatique, selon une étude d'AtmoSud, observatoire de surveillance de la qualité de l'Air en Paca.
Comment respirerons-nous en Paca en 2030 ? Tentative de réponse dans cette étude prospective sur l'évolution de la qualité de l'air dans plusieurs régions françaises et italiennes, rendue publique jeudi par Atmosud, l'observatoire indépendant, qui évalue l'exposition des populations aux polluants atmosphériques en Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
"On constate à cette date une nette amélioration des rejets des pots d'échappement, des navires et de l'industrie, en raison notamment des évolutions technologiques", note Dominique Robin, directeur général d'AtmoSud, citant notamment l'évolution du parc automobile dans la perspective de l'interdiction à la vente des voitures neuves à moteur thermique dans l'UE à partir de 2035.
Mais, ajoute-il, "le fait qu'on ait des canicules plus régulières et des températures en hausse" va parallèlement engendrer plus de pollutions photochimiques et donc plus de particules dans l'atmosphère. Conséquence: en 2030, il n'y aura pas de baisse de concentration (pour l'ozone ou les particules fines) mais, soit une stabilité, soit une hausse".
D'un côté, on fait des efforts, on est plus vertueux, mais tout cela sera annihilé par le climat.
Dominique Robin, directeur général d'AtmoSud
Les polluants émis par les activités humaines sont en effet transformés en une pollution photochimique très nocive sous l'effet du soleil et de la chaleur.
L'ozone est le principal traceur de cette pollution, également composée de particules ultrafines qui passent dans le système sanguin et peuvent occasionner des problèmes cardio-vasculaires.
Entre 50.000 et 100.000 morts chaque année en France
Cette pollution serait à l'origine de 48.000 morts chaque année en France selon le gouvernement, d'autres études évoquant jusqu'à 100.000 morts, selon AtmoSud.
Lors de la grande canicule de 2003, des études avaient montré que la mortalité était imputable à 50/50 entre la pollution et la chaleur, a souligné Dominique Robin.
Les principales sources de pollution sont le transport automobile, les émissions industrielles et, pour la métropole Marseille-Provence, les navires, qui rejettent autant d'oxyde d'azote que les voitures, a précisé AtmoSud.
Le maire de Marseille a lancé mardi une pétition en ligne pour que les navires les plus polluants ne puissent plus faire escale lors des pics de pollution.
Mais "on peut encore agir pour limiter les impacts", a plaidé AtmoSud, qui a entamé un dialogue avec les armateurs, l'union maritime et fluviale, l'Etat et le port de Marseille pour réduire les rejets des navires en agissant sur les combustibles, la qualité des moteurs et le système de traitement des gaz rejetés.