La présidente du département a affirmé sur X (anciennement Twitter) être favorable au port de l'uniforme dans les établissements scolaires. Un outil pédagogique pour l'élue qui permettrait une meilleure cohésion entre les élèves.
Une rentrée placée sous le signe des questions vestimentaires. Alors que les élèves sont revenus aujourd'hui dans les établissements scolaires et que le débat sur l'abaya bat son plein, Martine Vassal, la présidente du département des Bouches-du-Rhône, s'est dite favorable, dimanche 3 septembre, au port de l'uniforme dans les collèges. Une prise de position en écho à celle d'Eric Ciotti, qui a indiqué au JDD vouloir l'expérimenter dans les établissements de son département des Alpes-Maritimes.
France 3 Provence-Alpes fait le point sur ces expérimentations de l'uniforme en Provence.
Quelle est la proposition de Martine Vassal ?
"En cette veille de rentrée scolaire, je souhaiterais que nous ouvrions une grande concertation avec l’Education nationale et les parents d’élèves afin d’expérimenter le port de l’uniforme dans les collèges de notre Département des #BouchesduRhône", a écrit la présidente du département des Bouches-du-Rhône sur X (anciennement Twitter).
D'après l'élue, l'uniforme vise à construire "une identité collective" et à "renforcer la cohésion entre les élèves". Elle soutient l'idée que cela puisse être est "un outil pédagogique à part entière".
"La tenue vestimentaire est souvent source de comparaison, de jalousie, voire de harcèlement et d’exclusion."
Martine Vassal, présidente des Bouches-du-Rhônesur X
Enfin, l'ancienne adjointe au maire de Marseille se dit favorable à cette mesure car la tenue scolaire obligatoire vise "à renforcer la sécurité des élèves en facilitant leur identification ainsi que celle des intrus éventuels au sein de l’établissement" et constitue un "gain de temps et de pouvoir d’achat pour les familles".
Est-ce que l’uniforme est déjà porté dans des écoles du département ?
Bien que les uniformes obligatoires ne soient pas généralisés dans l'ensemble des Bouches-du-Rhône, il existe quelques écoles dans le privé à Marseille où les élèves doivent respecter cette règle. Par exemple, au sein de l'école primaire privée Notre-Dame du sacré-cœur, dans le 12e arrondissement, les élèves doivent porter un haut blanc et un bas bleu marine sans aucune inscription. Les blouses sont aussi obligatoires pour les écoliers à Notre-Dame de France, dans le 6e arrondissement, et à l'école Bienheureux Abbé Fouque, dans le 5e arrondissement.
Au lycée militaire d'Aix-en-Provence, un uniforme, composé d'un pantalon de travail et d'une chemise ou d'un polo bleu clair ou foncé est fourni par l'établissement public. Dans d'autres écoles, comme à Lacordaire, dans le 13e arrondissement, les tenues uniformisées sont obligatoires seulement lors de grandes occasions.
Dans quel contexte intervient cette proposition ?
C'est à l'occasion de la rentrée scolaire de cette année que Martine Vassal s'est positionnée sur la question. Cette déclaration intervient une semaine après que Gabriel Attal, le ministre de l'Education nationale a interdit l'abaya, vêtement traditionnel souvent porté par des femmes de confession musulmane, dans les établissements scolaires. Dimanche, le patron des Républicains, Eric Ciotti a accordé un entretien au Journal du Dimanche, dans lequel il appelle le gouvernement "à généraliser le retour de l'uniforme" à l'école. "Nous souhaitons lancer une expérimentation dans ce sens, dans les collèges des Alpes-Maritimes, en accord avec le président du conseil départemental", plaide le député.
Gabriel Attal, a déclaré, lundi 4 septembre sur RTL, vouloir expérimenter cette idée. Il a précisé qu'il annoncera "à l'automne les modalités d'expérimentation". Il souhaite même "qu'on puisse assez vite lancer des expérimentations sur ce sujet". Ce test doit permettre de voir "ce que ça permet en matière de restauration de l'autorité à l'école, de l'élévation du niveau", assure Gabriel Attal.
Il appelle donc les élus "à se rapprocher de [ses] services pour proposer les établissements dans lesquels ils souhaiteraient expérimenter une tenue scolaire unique". Gabriel Attal souhaite que cette expérimentation soit lancée "dans des territoires différents, des établissements différents, écoles primaires, collèges, lycées".
Quelle est la position du rectorat sur ce dossier ?
Le recteur d'Académie d'Aix-Marseille, Bernard Beignier, contacté par La Provence, s'est dit favorable à l'expérimentation de l'uniforme. "Il faudra que cela se fasse dans tous les quartiers et que l’on détermine qui fournit la tenue", a-t-il fait savoir.
Quelles sont les réactions ?
Les réactions sont clivantes face à cette question. Et sous le post X de Martine Vassal, les internautes donnent leur avis. Une Volonté pour Marseille, premier groupe d'opposition à la Ville écrit : "Nous adhérons pleinement à cette idée qui va dans le sens de l’école républicaine !" Paul-Henri Hallalen, membre fondateur du parti UDI, se dit également favorable. "Je soutiens pleinement l'initiative de Martine Vassal pour cette expérimentation vestimentaire et la fin des tenues rocambolesques à l'école ! Le tablier scolaire, nous l'avons porté, et cela ne nous a pas différenciés. Cela favorisera l'égalité entre tous les élèves."
On peut aussi lire d'autres commentaires allant dans le sens de cette initiative. "Cela rendrait service à beaucoup d’enfants pour éviter une pression constante des autres élèves si on n’est pas habillés à la mode. Du pouvoir d’achat pour les parents. Mais surtout, je pense au bien-être psychologique pour les enfants."
D'autres critiquent cette proposition, estimant que certaines questions mériteraient d'être plus abordées que celle-ci. "C'est vraiment le problème principal des écoles à la rentrée... Pas d'enseignants, ou bien recrutés en job dating, des enfants à la rue ou ne mangeant pas à leur faim, l'école privée largement favorisée, etc", écrit un internaute. "Pendant ce temps, le harcèlement scolaire continue et des enfants handicapés ne sont pas accueillis à l’école… Le sens des priorités", souligne un autre.
Du côté des enseignants, cette initiative est critiquée. L'idée d'un retour de l'uniforme à l'école "détourne l'attention, mais ça ne règle pas les problèmes" de la rentrée, a regretté lundi sur franceinfo Guislaine David, porte-parole du syndicat d'enseignants SNUipp-FSU.
La co-secrétaire générale du premier syndicat du premier degré estime en effet qu'il y a d'autres "sujets majeurs" en cette rentrée scolaire. Elle évoque notamment "la question du nombre d'enseignants, le manque d'enseignants remplaçants, la question du recrutement des contractuels et la question des salaires".
"L'uniforme ne va pas régler les problèmes d'attractivité du métier, et de salaires bien bas."
Guislaine David, porte-parole du syndicat d'enseignants SNUipp-FSUà franceinfo
"Ça ne réglera pas les problèmes d'autorité", ajoute la porte-parole du SNUipp-FSU. Au contraire, elle appelle à diminuer le nombre d'élèves par classe. "Utilisons la baisse démographique pour alléger les effectifs par classe", précise Guislaine David.