Portrait. Handicap au travail : " il ne faut pas avoir honte de ses difficultés, on peut réussir !"

Du 14 au 20 novembre, se déroule la semaine pour l'emploi des personnes handicapées. Une situation qui s'améliore doucement en France. Portrait d'un jeune commis de cuisine, qui a signé un CDI dans une entreprise de restauration collective à Marseille.

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Chaque matin, dès 7h, Cheick Kotia enfile sa tenue blanche. Il la porte avec plaisir, et même beaucoup de fierté. Le jeune homme de 23 ans est reconnu travailleur handicapé. Il souffre de troubles cognitifs, et de "dys", des troubles spécifiques de l'apprentissage.  

Cheick a signé un CDI en avril dernier, pour une entreprise de restauration collective. Il prépare les entrées et les desserts pour les résidents de la maison de retraite Bon Pasteur à Marseille. 

Aujourd'hui au menu, c'est pommes au four : " tu vas commencer à éplucher, puis vider les pommes", lui explique Coline Blouzard. C'est la responsable de la cuisine ce jour-là. 

"Ca change de la plonge ! Ici, c'est le plaisir de communiquer avec les résidents, ou avec mes collègues ! et puis j'aime la cuisine, c'est comme de la magie", se réjouit Cheick, le geste sûr, pommes après pommes.

Mais le commis admet quelques difficultés. " Le plus dur, c'est la concentration. Quand mes chefs me demandent beaucoup de choses à la fois, j'ai du mal à assimiler dans mon cerveau", explique-t-il. 

Un constat que Coline Blouzard reconnaît également. Face au handicap de Cheick, "il faut parfois faire preuve de plus de pédagogie. Lui rappeler de bien lire les menus, et les quantités, mais quand on explique bien, il fait !"

Cheick Kotia est "toujours volontaire, et il ne demande qu'à apprendre de nouvelles choses".

Un accompagnement individualisé par l'UNAPEI

Le jeune homme a décroché cet emploi tout seul. Titulaire d'un CAP d'agent polyvalent de restauration, il occupait avant cela un poste de plongeur dans le 14ème. "Je voulais évoluer", explique-t-il. 

Alors il se déplace à un forum de l'emploi au Vieux-Port. Il dépose des dizaines de CV, et un jour décroche un entretien chez Restalliance, une entreprise de restauration collective spécialisée dans le secteur santé. 

Cheick signe alors un CDI. C'est là qu'intervient l'UNAPEI, l'Union Nationale des Associations de Parents d'Enfants Inadaptés, qui déclenche le Dispositif Emploi Accompagné. Il s'agit d'un accompagnement sur mesure pour l'inclusion et le maintien en emploi de personnes en situation de handicap. 

"Cheick Kotia vient de Cap Emploi (un organisme de placement spécialisé). Ils n'arrivaient pas à pérenniser ses contrats, car il a besoin d'un accompagnement très serré", explique Isabelle Bartos, directrice adjointe de l'UNAPEI-Alpes Provence. 

Le commis de cuisine est depuis "job-coaché" : c'est le référent de Cheick, qui fait le lien avec les équipes. Il intervient toutes les semaines, voire tous les jours au début de la prise de poste. "Le job-coach va voir s'il y a des choses à améliorer au niveau des consignes. Il peut demander à l'équipe d'adapter le planning, ou les tâches du salarié", explique Isabelle Bartos.

L'UNAPEI accompagne 91 personnes dans les Bouches-du-Rhône. 

Le taux de chômage des travailleurs handicapés deux fois plus élevé que dans la population générale

L'employeur de Cheick Kotia, Restalliance, emploie actuellement 130 personnes en situation de handicap en France. C'est 4% de sa masse salariale. 

La loi impose que les entreprises de plus 20 salariés en emploie 6% : "ce n'est pas si évident. Embaucher, c'est facile, mais il faut pérenniser les postes", explique Olga Mishina. Elle est responsable Santé Sécurité Handicap au sein du groupe. 

"Il y a des contraintes liées à la cuisine, à la manutention. D'où l'intérêt de travailler avec les associations", ajoute-t-elle. "Il y a l'intégration, mais aussi la partie managériale, et les équipes. Comment vont-elles réagir ? Est-ce-que cela rajoute des contraintes ? Pas forcément..." tempère Olga Mishina.

Si les 6% d'emploi de personnes en situation de handicap sont difficiles à atteindre, le groupe progresse cependant. En 2020, son taux était de 3,29%, et il atteint 4,07 en 2021. 

Une tendance qui se retrouve dans les taux du chômage des personnes handicapées : en trois ans, il est passé de 19 à 14%. 

Mais il est encore deux fois plus élevé que dans la population générale. En Paca, 9% des chômeurs sont en situation de handicap. Ils sont plus de 40.000.

Il ne faut pas avoir honte de ses difficultés. On peut réussir avec elles. Parce que c'est ta personnalité. C'est toi en fait!

Cheick Kotia

De son côté, Cheick se dit "fier de ma vie, de mon parcours". Pour lui, le travail est primordial. Sur son temps libre, il fait du foot, et du basket. Et il prépare le code de la route. Cheick espère un jour avoir une voiture, et même un appartement. Une quête d'autonomie, qui le porte chaque jour.

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