La poupée représentant la Première ministre pendue à une potence, en ouverture du cortège lors des manifestations des 7 et 11 février à Marseille, suscite l'indignation d'une partie de la classe politique. Récit d'une polémique en quatre actes.
Un "pousse au crime", une "incitation au meurtre" ou encore "un acte ignoble qui doit être puni". Depuis samedi, sur Twitter, les députés et sympathisants de la majorité présidentielle sont vent debout contre une mise en scène de la Première ministre par la CGT à Marseille. La raison de leur colère ? Un mannequin gonflable censé représenter Elisabeth Borne, pendu à une potence, sur le véhicule de la CGT en ouverture du défilé marseillais samedi 11 février.
Acte 1 : la CGT défile à Marseille mardi avec une poupée représentant Elisabeth Borne
Si la polémique ne s'est fait jour que samedi 11 février après la diffusion de photos et de vidéos prises le jour même, la poupée n'est pas pour autant nouvelle. Dès la mobilisation du mardi 7 février, France 3 Provence-Alpes avait constaté la présence du mannequin pendu sur le véhicule en ouverture du cortège de la manifestation contre la réforme des retraites. Toutefois, cette initiative ne suscite alors aucune réaction particulière, seuls quelques commentaires émergent sur les réseaux sociaux.
Acte 2 : un député LFI publie une photo avec la tête d'Olivier Dussopt sur un ballon
C'est une autre mise en scène dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites qui fait parler d'elle, quarante-huit heures plus tard. En postant jeudi 9 février une photo de lui écrasant du pied un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt, le ministre du Travail, le député de Seine-Saint-Denis Thomas Portes (LFI) suscite lire de la classe politique et mit le feu à l'Assemblée nationale : l'examen de la réforme des retraites a été momentanément interrompu vendredi dans l'hémicycle et le parlementaire est exclu pour quinze jours, la plus lourde sanction disciplinaire pour un député.
Acte 3 : la poupée de Borne fait son retour à Marseille
C'est dans ce contexte houleux que la journée de mobilisation samedi 11 février, la quatrième depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, s'ouvre. A Marseille, le camion sonorisé de la CGT retrouve sa place en amont du cortège, tout comme la potence au bout de laquelle la poupée d'Elisabeth Borne était de nouveau pendue. "C'était exactement la même chose", assure à France 3 Provence-Alpes un manifestant qui a participé aux deux rassemblements, ce que confirment les photos prises aux deux dates. Même cause, mais pas les mêmes effets puisque les réactions de colère se multiplient rapidement.
"En démocratie, on manifeste, on exerce son droit de grève et on exprime des opinions. On ne met pas en scène de façon macabre l’exécution de ceux qu’on combat !", a réagi Renaud Muselier, président de la Région Paca sur Twitter. "Honte à la CGT Marseille qui a osé l’indigne, l’ignoble, l’infâme. C’est quoi l’étape d’après ?", s'est emportée la députée Renaissance Sabrina Agresti-Roubache, réputée proche du président Macron.
Des dizaines de réactions semblables, dont certaines de membre du gouvernement, ont été postées et partagées sur Twitter tout au long de la journée de dimanche 12 février.
Acte 4 : la CGT tente d'éteindre la polémique
Dans les rangs de la CGT marseillaise, on ne comprend pas forcément la polémique suscitée par cette représentation. "Quand on ne veut pas sa tête sur une poupée ou sur un ballon, on ne fait pas de politique", a réagi Olivier Mateu, secrétaire de l'union départementale CGT Bouches-du-Rhône sur BFMTV.
Reconnaissant le caractère blessant que pouvait avoir la démarche, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a estimé pour sa part que "ce n'est pas bon pour le mouvement social" sur les ondes de BFMTV et de RMC lundi 13 février.
Ce type de polémique n'est toute fois pas nouveau. En 2016, les opposant à la loi Travail avaient réalisé un "bûcher" dans lequel brûlaient les portraits du Président de la République de l'époque, François Hollande, de son Premier ministre, Manuel Valls, de deux ministres et du président du Medef.
Selon les informations de France 3 Provence-Alpes, sans toutefois que la CGT ne le confirme, le mannequin d'Elisabeth Borne devrait être de nouveau présent dans le cortège de la prochaine manifestation à Marseille, jeudi 17 février.