L'été terminé, Marseille tire un premier bilan de son dispositif proposé sur les plages pour lutter contre le harcèlement sexuel, Safer plage. 1.343 personnes ont téléchargé l'application depuis le 1er août.
39 % des femmes de 18 à 34 ans déclarent avoir été harcelées sur les plages, selon un sondage de Yougov. C'est à partir de ce constat que la mairie de Marseille a testé, cet été, une application gratuite pour lutter contre le harcèlement sur la plage, Safer Plage.
Lancée le 1er août sur la plage du Prado Sud, l'application permettait aux femmes victimes ou témoins de harcèlement de faire un signalement au poste de secours. Trois modalités sont proposées : "je suis harcelé.e", "je suis en danger ou témoin" et "je suis gêné.e".
Safer plage a été téléchargée par 1.343 personnes, dont une majorité de femmes. Pour la mairie, le bilan est positif.
"Les Marseillais et Marseillaises étaient ravis de cette initiative. On a pu éduquer, informer et discuter avec eux. Certains jeunes hommes avaient vraiment envie d'échanger avec nous", indique Nathalie Tessier, conseillère municipale déléguée aux droits des femmes et à la lutte contre les violences faites aux femmes, qui a participé au développement de l'application.
Un clic et les nageuses-sauveteuses de la plage s'élencent au secours de la victime. "Le temps que l'utilisatrice de l'application signale et que les nageuses-sauveteuses arrivent, il faut une minute", explique Nathalie Tessier.
Miser sur la dissuasion
Le but de Safer Plage est avant tout de "dissuader" les mauvais comportements. Peu de femmes ont fait des signalements sur cette plage du Prado, mais pour la conseillère municipale, "moins il y a de femmes qui alertent, plus c'est positif".
C'est aussi une manière de permettre aux adolescentes d'aller à la plage en toute liberté et sécurité.
Un outil de sensibilisation
"Une jeune fille de 15 ans venait à la plage seule, en se cachant, elle n'avait même pas de maillot de bain. J'ai parlé à sa mère de l'application, elle a laissé sa fille y aller seule. Elle est même venue avec ses autres filles qui n'étaient jamais allées à la plage à cause de ce problème", confie Naky Sy Savané, présidente de Gams sud et actrice.
Des associations féministes étaient présentes sous un barnum, chaque mardi matin et vendredi après-midi, dont Gams sud, mais aussi Osez le féminisme, Femmes solidaires Marseille, Solidarité femmes 13 et le Planning familial. Les militantes ont sensibilisé les plagistes au harcèlement sexuel, en évoquant le droit des femmes, le viol, le cyberharcèlement, mais aussi les sanctions encourues.
Un délit puni par la loi
Le harcèlement sexuel est puni pénalement. Deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende peuvent être requis contre le harceleur. La peine peut aller jusqu'à trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende, lorsque les faits sont commis par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions.
Le souhait de la mairie est d'étendre cette application aux 12 autres plages de Marseille dès l'été prochain. Ce système, inédit en France, ne peut être utilisé que si la plage est surveillée.