"Nous avons régulièrement des appels" : présente en Méditerranée, l'araignée violoniste ne tue pas directement mais reste dangereuse

Le venin de cette araignée n'est pas mortel. Il peut dans certains cas provoquer des complications pouvant entrainer la mort. Deux personnes sont décédées en Italie cet été.

Depuis le début de l'année, cinq personnes ont été opérées en région Provence Alpes-Côte d'Azur et en Corse après avoir été mordues par cette araignée, selon le centre anti-poison de Marseille.

"Nous avons régulièrement des appels, une vingtaine par an qui concernent cette araignée-là. C’est souvent difficile d’identifier l’araignée. Quelquefois, on voit l’araignée écrasée ou la lésion cutanée caractéristique", précise le docteur Katharina Von Fabeck, médecin du centre.

Vous avez été mordu ? Les consignes :

Quand on pense avoir été mordu par l'araignée violoniste, il faut surtout bien désinfecter la plaie. Quand ça fait mal, prendre des antalgiques comme du paracétamol, appliquer du froid, et des antibiotiques s'il y a une infection après avoir contacté son médecin.

Le docteur Katharina Von Fabeck explique "qu'après, il faut malheureusement attendre, le venin va se diffuser et le venin peut se diffuser dans toute la cuisse avec une zone rouge très élargie". 
Pour extraire la partie nécrosée, qui peut atteindre plusieurs centimètres, il faut attendre que la zone rouge ait disparu. En effet, une cuisse humaine entière peut devenir rouge pendant la diffusion du venin et redevient ensuite blanche, mais cela peut prendre jusqu’à un mois. 

Dans certains cas, quand la nécrose est trop importante, il faut réaliser une greffe de peau. Les personnes opérées marchent en béquilles durant plusieurs mois.

La vidéo d'une araignée violoniste capturée dans une boîte :

Deux morts en Italie

Il avait 23 ans et travaillait pour une entreprise de jardinage. Giuseppe Russo est décédé d'un choc septique et d'une défaillance de plusieurs de ses organes. 

Les médecins qui l'ont soigné affirment qu'il a été mordu par une araignée violoniste, une araignée présente sur le pourtour méditerranéen. Sa présence a été constatée de l'Hérault aux Alpes-Maritimes et en Corse.  

Il s'agit du deuxième décès cet été qui serait lié à la morsure de cette araignée après la mort d'un carabinier de 53 ans en Sicile, mordu pendant qu'il jardinait.

Difficile de relier les décès à la morsure

"À chaque fois nécrose, on parle d’araignée violon alors qu'on peut faire des nécroses à cause des acariens, des plantes. On peut faire des réactions si on a une allergie, système immunitaire fragile ou qui n'est pas à jour de vaccination", selon Christine Rollard, enseignante-chercheuse au muséum national d'histoire naturelle de Paris.

Cette spécialiste des araignées a travaillé sur un cas avéré de nécrose dans l'Hérault en 2020 qui a donné lieu à une publication scientifique écrite avec le chirurgien qui a opéré la patiente mordue.

"L'araignée s'était glissée dans le pantalon de la dame" ajoute Christine Rollard. Elle précise qu'à sa connaissance, moins d'une dizaine de cas de morsures avérées d'araignée violoniste sont recensés en France.

En Italie, l'agence de presse Ansa rapporte que le premier cas de morsure mortelle a été décrit dans le pays en 2015.

Un venin puissant, mais pas mortel

La Loxosceles rufescens mesure un peu plus d'un centimètre et se loge dans les placards ou les greniers, à l'abri de la lumière. Son habitat naturel reste à l'extérieur, dans des endroits assez secs, sous les pierres ou dans des crevasses.

70% des morsures ne causent pas de dommage sérieux. "Dans un cas sur trois, l'araignée violoniste parvient à injecter une toxine"  affirme Donata Favretto, toxicologue de l'université italienne de Padoue citée par l'ANSA.

Des lésions peuvent alors apparaitre dans les 24 à 48 heures et, si elles ne sont pas traitées, risquent d'aboutir à une nécrose des tissus. La peau autour de la morsure devient alors noire. Les humains ne meurent pas uniquement à cause de l'injection du venin, une série d'autres facteurs expliquent les rares décès. La spécialiste des araignées Christine Rollard rappelle que cette espèce ne s'attaque pas à l'homme sauf dans des cas exceptionnels, comme lorsqu'elle se retrouve prisonnière de vêtements.