Les avocats des principaux prévenus des effondrements mortels de la rue d'Aubagne à Marseille, ont plaidé lundi et mardi la relaxe, renvoyant la responsabilité sur les absents du procès.
Après les réquisitions le 12 décembre, ce mardi 17 décembre était le deuxième jour consacré aux plaidoiries de la défense, dans ce procès des effondrements de la rue d'Aubagne, qui ont fait huit morts le 5 novembre 2018. Les avocats des principaux prévenus ont plaidé la relaxe, se renvoyant la balle ou rejetant les responsabilités sur les absents du procès.
"Le tribunal n'est pas une tribune, il n'est pas saisi de l'habitat indigne", a commencé à argumenter Me Christophe Bass, l'avocat du syndic du 65 rue d'Aubagne, qui s'est effondré le 5 novembre 2018, tuant huit personnes.
Pour lui, le cabinet Liautard "a fait son travail même si ses propositions ont été rejetées par les copropriétaires".
"Une hérésie"
Selon Me Pierre Ceccaldi, c'est "une hérésie" d'avoir poursuivi des copropriétaires du 65 rue d'Aubagne qui n'avaient pas été poursuivis pendant l'instruction, mais ont été cités à comparaître par des parties civiles. Pour l'avocat, il a été fait le "procès d'intention" sur un prétendu "appât du gain" de son client, Xavier Cachard, propriétaire, avocat du syndic et aussi à l'époque, élu régional. Il n'a certes pas "exprimé ses sentiments" lors des sept semaines d'audience, mais c'est par "pudeur", l'a défendu Me Pierre Ceccaldi, estimant qu'il n'y avait "rien" pour le condamner.
Le procureur avait pourtant réclamé, pour lui, la peine la plus lourde, à savoir cinq ans de prison dont trois ferme, estimant que les copropriétaires avaient "connaissance des problèmes structurels", mais qu'ils avaient "joué la montre" pour "dépenser le plus tard possible et le moins possible".
"Abasourdi" par les réquisitions
S'agissant de l'architecte Richard Carta, qui avait expertisé l'immeuble moins de trois semaines avant son effondrement, une relaxe a également été réclamée par ses avocats qui ont confié que la peine requise (trois ans dont deux fermes) l'a "abasourdi". Me Cyril Gosset s'est étonné que son client soit poursuivi et pas l'autre expert, Reynald Filipputti, qui avait bénéficié d'un non-lieu "alors qu'il connaissait l'immeuble depuis quatre ans".
Son autre avocat parisien, Me Cyrille Charbonneau, a insisté sur le rôle de l'expert judiciaire qui n'est pas, dit-il, de mettre fin au péril d'un immeuble, mais à l'imminence d'un péril. Certes, il n'a pas proposé de faire évacuer la totalité des locataires, mais dans tous les cas, c'est la mairie qui a le pouvoir de décision.
Ce mercredi, la défense de Julien Ruas, qui était justement l'adjoint au maire chargé de ces questions à la mairie dirigée alors par Jean-Claude Gaudin, doit plaider. Les prévenus auront la parole une dernière fois.
La décision du tribunal correctionnel sera mise en délibéré.