L'annonce d'Emmanuel Macron d'implanter le RER dans 10 métropoles, ce lundi, n'était pas attendue. À Marseille, le projet d'un RER est déjà sur les rails depuis plusieurs mois.
Un RER à Marseille. Dans la cité phocéenne, il existe déjà des TER. Alors, qu'est-ce que cela va vraiment changer ?
Emmanuel Macron a annoncé ce lundi , son souhait d'implanter des RER dans 10 métropoles en France. Pour la deuxième fois, le président de la République a répondu à des questions d'internautes qui lui ont été adressées sur Twitter, Facebook, Instagram ou encore Snapchat. La vidéo, qui dure 13 minutes, est centrée autour de l'écologie. À partir de sept minutes, Emmanuel Macron répond à une question sur les transports en communs.
RER dans 10 métropoles
"Que faites-vous pour développer le transport ferroviaire en France et offrir une vraie alternative à la voiture?" lui demande une internaute. Le président évoque alors le développement d'une dizaine de trains de nuit et insiste sur la nécessité du train en général, comme "formidable moyen de se passer de la voiture quand on peut". Puis il explique vouloir développer les trains quotidiens.
Il annonce alors la création, dans dix grandes métropoles, de RER, jusque-là uniquement présents à Paris.
Pour tenir notre ambition écologique, je veux qu’on se dote d’une grande ambition nationale, qui est, dans dix grandes agglomérations, dix grandes métropoles françaises, de développer un réseau de RER, de trains urbains. C’est se dire, au fond, le RER, ce n’est pas que sur Paris. Dans les dix principales villes françaises où il y a thromboses, où il y a trop de circulation, où les déplacements sont compliqués, on doit se doter d’une vraie stratégie de transports urbains et c’est un super objectif pour l’écologie, l’économie, la qualité de vie.
Emmanuel Macron
Depuis, les membres du gouvernement tentent, sur les plateaux de télévision, d'éclaircir cette annonce soudaine. Pas de liste exhaustive sur les villes concernées. Matignon confirme Lille, Bordeaux, Lyon et Aix-Marseille seulement. Pas d'informations non plus sur le calendrier ou le financement.
96% des déplacements en voiture
Pour désenclaver les quartiers nord notamment, le chef de l'Etat avait fait des transports l'une de ses priorités du plan "Marseille en grand". Il en avait déjà parlé lors de son déplacement dans la cité phocéenne le jeudi 2 septembre 2021. Le chantier de création d'un RER sur le réseau Aix-Marseille, comme alternative à la voiture, s'annonce long et colossal mais indispensable.
Et pour cause. Sur le territoire de la métropole Aix-Marseille, on circule mal. Cela représente 3 148 km2, soit quatre fois le grand Paris, réparti sur 92 communes et un taux de motorisation à 50% (plus élevé que la moyenne nationale). En parallèle, 22% des ménages n'ont pas de voitures et les transports en commun sont insuffisants.
Les déplacements interurbains de plus de sept kilomètres ne représentent que 10% des déplacements quotidiens mais génèrent à eux seuls 70% de la pollution, parce que 96% des déplacements se font en voiture.
Différences entre RER et TER
À Marseille, le développement des trains urbains n'est pas un projet nouveau. Il existe déjà des TER (transport express régional) qui relient, par exemple, Aix à Marseille.
La différence, c'est d'abord l'appellation. Un RER (réseau express régional) est un train qui ne circule, pour l'instant, qu'en île-de-France. Il dessert plus de 200 gares et plusieurs centaines de villes. Voilà une autre différence. Le RER marseillais pourrait desservir davantage de gares.
Surtout, le vice-président du conseil régional en charge des transports, jean-Pierre Serrus a expliqué à nos confrères de France Bleu que dans les agglomérations de Marseille, Nice et Toulon "nous travaillons avec les autorités locales pour intensifier. Le projet est d'avoir une plus grande fréquence et d'augmenter l'amplitude et la régularité".
Plus de trains, dans toutes les gares : "nous visons un train tous les quarts d'heure, par exemple à Marseille. Ce qui fait que lorsque vous arrivez dans une gare, vous savez que dans les 10-15 minutes pour aller pouvoir embarquer dans un train" ajoute-t-il.
Fausse nouveauté
Le développement des TER existants, ou la transformation de ces derniers en "RER", n'est pas vraiment une nouveauté. En effet, un projet de ligne appelée "Nouvelle Provence Côte d'Azur" est déjà sur les rails. L'objectif est déjà d'augmenter l'offre ferroviaire, d'améliorer les temps de parcours et "la desserte des territoires grâce à de nouvelles gares intermodales".
Avant les annonces d'Emmanuel Macron, le 23 novembre 2022, la région PACA soulignait déjà l'implication du gouvernement dans ce projet. Le président de la région, Renaud Muselier, évoquait l'engagement "historique" d'Elisabeth Born dans un tweet.
L'engagement d'Emmanuel Macron est une valeur ajoutée, dont se réjouit une partie des acteurs locaux.
Levier d'attractivité
La chambre de commerce et de l'industrie (CCI) d'Aix-Marseille Provence, souligne un "levier d'attractivité économique supplémentaire, permettant à notre territoire de mieux rivaliser avec les grandes métropoles européennes et d’attirer chez nous les meilleurs, entreprises et talents".
La CCI demande à la métropole et à l'Etat "d'inscrire ce projet de RER et le financement associé à l'ordre du jour des prochains travaux du GIP Mobilités", le groupement d'intérêt public.
En tant que représentante des 134.000 entreprises de ce territoire, la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence a toujours plaidé pour des solutions de mobilité modernes, fluides et décarbonées à la hauteur des besoins de la deuxième ville de France, l’ambition portée par le président de la République est donc une excellente nouvelle pour notre territoire !
Jean-Luc Chauvin, président de la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence
Le RER marseillais ou plutôt, le développement du TER pourrait voir le jour d'ici une décennie, d'après Jean-Pierre Serrus, toujours sur France Bleu. Il pourrait relier Aubagne à Vitrolles, entre autres.
Plusieurs milliards d'euros
En ce qui concerne le coût, le vice-président du conseil régional en charge des transports rappelle : "nous avons investi récemment, très lourdement, 250 millions d'euros sur la branche entre Aix et Marseille". Et d'ajouter : "rien que les premières phases 1 et 2 de la ligne nouvelle Provence-Côte d'Azur, qui va servir à la fois à la métropole Aix-Marseille-Provence, mais également celle de Toulon et celle de Nice, cela va coûter trois milliards et demi d'euros".
Interrogé sur le coût de l'amélioration des pôles d'échange et des gares, l'enveloppe globale serait de "plusieurs milliards d'euros", affirme Jean-Pierre Serrus.