Ce samedi 18 novembre, plus de 200 personnes ont manifesté à Marseille contre l'installation d'une salle de consommation à moindre risque au 110 boulevard de la Libération à Marseille. Michèle Rubirola, première adjointe à la mairie de Marseille, en charge de la santé, se veut rassurante.
Elles tiennent à la main des ballons rouges pour être vues et pour rappeler la présence d'enfants dans le quartier. Ce samedi à Marseille, plus de 200 personnes se sont rassemblées pour dire "Non" au projet de consommation à moindre risque au 110 Boulevard Libération (4e) à Marseille. La plupart ne se disent pas opposés au projet, mais regrettent son implantation dans un quartier où se trouvent 21 établissements scolaires et périscolaires, soit environ 5000 enfants.
Certains craignent que la salle fasse s'implanter une "toxicomanie de rue'", dans un quartier qui en serait actuellement exempt.
"Je suis en attente de la publication du décret par le ministère de la Santé pour pouvoir faire des réunions collectives avec la population", explique Michèle Rubirola, adjointe au maire de Marseille en charge de la santé. Car c'est au ministère d'entériner l'implantation de cette halte soin addiction (HSA) à Marseille.
Une cour pour éviter les files d'attente
"Nous allons leur expliquer que c'est un dispositif de santé publique, un dispositif social et un dispositif sécuritaire. Ce n'est pas un lieu de non-droit, ce n'est pas n'importe quoi, c'est un dispositif encadré, observé, il y aura un suivi par l'Inserm (institut national de la santé et de la recherche médicale), précise l'élue. C'est une expérimentation, qui a été prolongée par le ministère de la Santé, donc qui va être évaluée."
Sur les questions de sécurité, la première adjointe se veut rassurante : "cela existe dans 90 villes sur huit pays. On ne part pas de rien du tout. Il y en a déjà deux en France, à Paris et Strasbourg. Marseille serait le troisième dispositif en France. On a une évaluation de l'Inserm qui montre des avantages sur le plan sanitaire, sur le plan sécuritaire et sur le plan de l'insertion sociale."
Pour répondre à la crainte des habitants qui ne souhaitent pas voir des personnes usagères de drogue à proximité des établissements scolaires, Michèle Rubirola explique : "Des inconvénients ont été remarqués, notamment quand on parle de la salle de Paris, parce qu'il y a des files d'attente. Nous, on se sert de l'expérience des autres pour optimiser ce dispositif. C'est pour cela que la ville de Marseille a mis à disposition ce lieu, où l'on rentre et où il y a une cour intérieure, qui permettra aux usagers de drogue d'attendre avant de pouvoir rentrer consommer." Elle l'assure : "Il n'y aura pas de nuisances sur la voie publique. Il n'y aura pas d'attente et de point de fixation tel que le redoutent les personnes."
Un dispositif de sécurité autour de la salle
La ville va mettre en place un dispositif de vidéosurveillance et assurer la présence d'un vigile sur les temps d'ouverture, ainsi que de médiateurs, en charge d'amener vers le lieu les personnes consommatrices de drogue. Un numéro vert à destination des habitants du quartier devrait être mis en place pour faire remonter les éventuels problèmes.
Sur la question du lieu d'implantation, ce local était, semble-t-il, le seul à même d'accueillir la halte soin addiction. Le cahier des charges stipulait que la superficie minimum devait être de 400m2 et que la salle devait se trouver à moins de 20 minutes des lieux de consommation. La mairie souhaitait qu'une cour puisse accueillir les personnes consommatrices.
Aux riverains qui aimeraient que la halte soit installée à l'hôpital, Michel Bourrelly, administrateur d'Asud Marseille, l'association qui gèrera le lieu, répond : "Plus on avance, plus on s'aperçoit qu'avoir une Halte soin addiction dans un centre hospitalier réduit le nombre de personnes qui peuvent y accéder parce que le cadre est assez rigide. On a plutôt décidé de faire venir l'assistance publique dans notre Halte soins addiction."
"Cela va aller jusqu'au bout"
Les personnes qui fréquenteront la salle de consommation à moindre risque, sont pour la plupart en situation de grande précarité. "Pour elles, tout tourne autour de l'objet, l'addiction", assure Michèle Rubirola. Nous allons leur proposer un accompagnement sur le plan social. Sur la réouverture de droit ou l'accès au logement."
Serpent de mer à Marseille, la salle de shoot était déjà en projet sous l'ère Gaudin. Plusieurs fois empêchée, cette fois-ci, pour Michèle Rubirola c'est certain : "Cela va aller jusqu'au bout."