Rafles de Marseille en 1943 : la Ville commémore les 80 ans de la rafle du Vieux-Port

Marseille a commémoré aujourd'hui les 80 ans de la rafle du Vieux-Port. 12 000 personnes arrêtées, 1 642 déportations dont 782 juifs. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, était présent à cette cérémonie, suivie par un millier de personnes.

Ce dimanche 29 janvier est marqué par un triste anniversaire. Il y a 80 ans, entre le 22 et le 24 janvier 1943, Marseille a connu les rafles les plus importantes après celle du Vél' d’Hiv à Paris. 

Cette histoire a été oubliée, effacée de la mémoire collective. Pourtant, c'est Hitler en personne qui avait donné l'ordre de raser le cœur de Marseille, le quartier Saint-Jean. 20 000 personnes évacuées, 12 000 déplacées, 800 déportées vers les camps de Sobibor, Mauthausen, Aurigny et Sachsenhausen. 

80 ans après ce drame, au moment où les derniers témoins disparaissent, la cité Phocéenne s’est attachée à rendre hommage à la mémoire des hommes, femmes, enfants, arrêtés, évacués de force puis pour certains déportés parce que nés juifs, résistants ou simplement parce qu'ils étaient marseillais.

Journée de commémorations

Cette commémoration solennelle, les descendants des victimes de la Shoah l'attendaient, l'espéraient.

Sur le parvis de l'Hôtel de Ville, plusieurs centaines de personnes sont saisis par l'émotion. Parmi elles, Dany Aben, petite-fille de déportés du quartier de l'Opéra. Son grand-père et son oncle ont été raflés et envoyés au camp de Sobibor. Ils n'en sont jamais revenus. 

"Mon grand-père travaillait à la Préfecture, et malheureusement il a été dénoncé par des personnes. Dans la nuit du 22 au 23 janvier 1943, mon grand-père et son fils ont été raflés. Quand j'étais enfant, ma grand-mère vivait avec nous, donc cette histoire me colle à la peau. C'est une évidence pour moi d'assister à cette commémoration aujourd'hui", témoigne Dany Aben.

Georges Baudon, fils de résistant, tenait à être présent lui aussi, "C'est important par rapport à mon papa qui a été raflé. Il ne faut jamais oublier cette histoire. Je viens pour honorer sa mémoire et celle des autres victimes".

Un peu plus loin dans la foule, une dame tient dans ses mains le portrait de son grand-père. Résistant en 1943, il a été raflé dans le quartier du Panier. Aujourd'hui, elle regrette de ne pas en savoir plus sur le parcours de vie de son grand-père.

"Il étaient italiens, ils sont arrivés après avoir fui les chemises noires. Quand on est jeunes, on ne pose pas de questions ; puis, le temps passe et l'on regrette de ne pas avoir posé de questions", confie Rosemarie Roger, petite-fille de raflé du quartier du Panier.

Travail de mémoire

Tout un parcours mémoriel a été installé sur le Vieux-Port, de l'Hôtel de Ville à l'Opéra.

L'exposition retrace l’histoire des rafles marseillaises de 1943, de l’évacuation forcée et de la destruction des Vieux-Quartiers, des transferts et déportations des marseillais.

Pour Benoît Payan, le maire de Marseille, cette tragédie ne doit surtout pas tomber dans l'oubli, "dans l'histoire de France, c'est quelque chose qui n'a pas été assez enseigné et mon devoir en tant que maire de Marseille, c'était de le rappeler, de marquer le coup, de dire les choses. Il ne s'est pas rien passé à Marseille".

Au cours de cette cérémonie le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a également appelé, dans son discours, à se souvenir de "la folie barbare qui a endeuillé Marseille et ouvert une plaie de 14 hectares au cœur de Marseille. Marseille meurtrie parce qu’elle était Marseille".

Une plainte contre l'humanité a été déposée en 2019 au nom des survivants et des descendants de cette rafle. L'instruction est toujours en cours.

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