Renaud Henry, une des figures de l'opposition à la réforme des retraites, fait partie des personnes interpellées jeudi. Ils sont auditionnés pour des faits de dégradations et de vols.
Renaud Henry, secrétaire générale de la CGT Énergie Marseille et figure de l'opposition à la réforme des retraites, a été interpellé par la police, avec cinq autres syndicalistes, jeudi 16 mars. Ils sont auditionnés au commissariat du 15e arrondissement de Marseille.
À 6 heures du matin, la police s'est rendue au domicile de Renaud Henry pour l'interpeller. Absent, c'est sa femme qui leur a ouvert. "On lui a dit de venir à 9 heures au commissariat", précise à France 3 Provence Alpes, Gilbert Benhamou, ex-secrétaire général de la CGT Énergie Marseille, présent sur les lieux, ce matin.
Six personnes placées en garde à vue
Il est entendu, depuis, par la police. Même situation pour cinq autres syndicalistes, deux autres du syndicat gazier et deux autres du syndicat électricité qui ont été arrêtés. À 11 h 35, un cinquième syndicaliste, un jeune électricien de Sainte-Marguerite, a été placé en garde à vue, alors qu'il était venu soutenir ses camarades devant le commissariat, selon notre journaliste sur place, Virginie Danger.
À 16 h 10, Gilbert Benhamou a appris à France 3 Provence-Alpes qu'un sixième syndicaliste, un gazier, venait de sortir de garde à vue. Les manifestants n'étaient pas au courant qu'il était entendu par la police. Une affirmation démentie par le Parquet qui précise, dans son communiqué de presse, qu'ils étaient seulement cinq.
Dégradations suivies de vols
Les personnes ont été interpellées à la demande du Parquet de Marseille. "Le 1er février 2023, un responsable de la Société Enedis déposait plainte pour des faits de dégradations suivies de vols survenus quelques jours auparavant dans des postes électriques situés dans le 15e arrondissement de Marseille. Il informait les services de faits similaires survenus au mois de juin 2022. Les faits se répétaient quelques jours plus tard dans les 15e et 16e arrondissements", s'est adressé le Parquet de Marseille auprès de France 3 Provence-Alpes.
Le Parquet ajoute que le préjudice des faits des mois de janvier et de février est estimé à "70 000 euros" et que tous ces faits avaient été commis lors des "périodes de contestation sociale".
Une enquête préliminaire a été ouverte pour "vols commis dans un lieu destiné à l’entrepôt de matériels, par une personne chargée d’une mission de service public suivis de destructions en réunion par personne dissimulant volontairement en tout ou partie son visage afin de ne pas être identifié et abus de confiance".
"Les encadrants auraient dit à la police qu'ils avaient reconnu certains agents d'Enedis dégrader leurs agences", réagit le syndicaliste Gilbert Benhamou.
Faits remontant à juin 2022
Ce matin, les syndicalistes apprenaient, par bruits de rumeurs, que Renaud Henry et le deuxième syndicaliste gazier auraient été interpellés pour des faits remontant en juin dernier.
"On en a parlé entre nous, on n'a pas de souvenirs, explique Gilbert Benhamou. Les gaziers de GRDF se sont battus pour les salaires en janvier 2022. Ça a duré jusqu'en mai. Mais en juin, on ne comprend pas ce qu'on peut lui reprocher, c'était le mois le plus calme de l'année pour nous."
Coupures de courant
Ces interpellations interviennent dans un contexte de coupures de courant, avant-hier. Ces actions n'ont pas été évoquées lors des gardes à vue, selon les personnes entendues, et sorties depuis, et selon le Parquet.
Mardi 14 mars, la CGT Énergie Marseille avait revendiqué, sur Twitter, avoir procédé à des coupures de courant, dans la nuit de lundi à mardi.
Celles-ci auraient touché plusieurs lieux symboliques marseillais, dont Notre-Dame-de-la-Garde, le dépôt RTM, le journal de La Provence et la préfecture des Bouches-du-Rhône. La CGT affirme avoir coupé le courant à la patinoire, ce que la mairie dément. Un sentiment d'injustice pour Gilbert Benhamou. "Ils étaient plusieurs centaines de syndicalistes de l'électricité à s'occuper des coupures de courant. Ils en ont pris au hasard deux parmi tous."
Des arrestations au lendemain de la grève du 15 mars
Pour les syndicalistes, ces arrestations sont liées à la mobilisation générale du 15 mars, où les syndicalistes du gaz et de l'électricité étaient particulièrement nombreux. "Enedis était très mobilisée et je pense que ça leur a posé un souci", affirme Kaouther Ben Mohamed, présidente de l'association Marseille en colère, venue en soutien ce matin.
Gilbert Benhamou, ex-secrétaire général de la CGT Énergie Marseille, estime que cette arrestation est un moyen de faire taire l'opposition. "C'est une manœuvre pour ne pas qu'on bouge, qu'on bloque des endroits stratégiques", puisque les syndicalistes sont réunis en nombre devant le commissariat.
Mobilisation importante devant le commissariat
Ils étaient entre 150 et 200 à être mobilisés devant le commissariat du 15e arrondissement de Marseille, ce matin. Les syndicalistes de plusieurs secteurs d'activités, dont ceux du port et de la télécom, sont présents. De nombreux camions Enedis et autres véhicules professionnels sont garés dans l'allée du commissariat, bloquant l'accès au bâtiment.
La CGT Énergie Marseille appelle au rassemblement, à 14 h, devant la Préfecture, à Marseille, pour demander la libération de Renaud Henry et des quatre autres syndicalistes. Un autre rassemblement est prévu, à 18 h, devant la Préfecture, pour s'opposer au texte de loi de la réforme des retraites.