"C'est une reforme des retraites, mais on ne demande pas d'effort aux retraités" : la proposition alternative d'un économiste

Depuis la présentation mardi par Elisabeth Borne de la réforme des retraites, syndicats et salariés se crispent sur la question. L'essayiste Maxime Sbaihi propose une contribution des retraités, aujourd'hui plus riches que les actifs.

Présentée mardi 10 janvier 2023, par la Première ministre Elisabeth Borne comme "une réforme d'équilibre, de justice et de progrès social", la refonte du système des retraites a du mal à passer.  A l'heure où son parcours parlementaire, les organisations syndicales appellent à manifester  dès mardi 17 janvier sur la Canebière à Marseille, tandis qu'une journée nationale de mobilisation est attendue le 19 janvier à l'appel des 8 principaux syndicats français : le gouvernement visant une application des nouvelles règles au 1er septembre 2023, il faut réagir vite face à un calendrier serré. 

Le projet qualifié de vital selon Emmanuel Macron d'indispensable par le Medef et d'ultralibéral par certains de ses détracteurs, repose essentiellement sur un recul de l'âge légal du départ en retraite à 64 ans et donc sur un allongement de la durée des cotisations des actifs. 

Cette réforme exempte d'effort les retraités, il ne faut pas tout mettre sur le dos d'une jeunesse paupérisée".

Maxime Sbaihi, économiste

à France 3 Paca

Selon l'économiste Maxime Sbaihi, "c'est une réforme des retraites et on ne demande pas d'effort aux retraités". Dans son ouvrage  Le Grand vieillissement (éditions de l'Observatoire), l'essayiste décode les conséquences du vieillissement des "baby boomers", dans une France qui compte 17 millions de retraités.

"La démographie française est inédite, tout le monde y est confronté, tout le monde en est coupable, donc les efforts devraient être mieux repartis sur les générations", expose l'ancien directeur général du "think tank" Génération Libre.

Il affirme que le niveau de vie des retraites est actuellement supérieur à celui des actifs. "Les bénéficiaires du système de retraite sont plus riches en patrimoine et en revenus que les actifs déjà asphyxiés par les cotisations. Par exemple, le taux de CSG est réduit pour les retraités alors qu'il est plus élevé pour les actifs."

"La pauvreté a changé d'âge"

A la question du niveau des retraites, souvent pointé du doigt comme déclinant, Maxime Sbaihi répond que "le taux de pauvreté est le plus bas chez les retraités et le plus élevé chez les plus jeunes. La pauvreté a changé d'âge. Aujourd'hui, un pauvre, c'est un jeune qui commence dans la vie active, des femmes seules, des étudiants que l'on voit faire la queue pour des colis alimentaires. A l'inverse les plus de 65 ans ont un minimum vieillesse 60% supérieur au RSA, niveau garanti par l'Etat qu'ils aient cotisé ou pas. C'est un filet de sécurité très puissant qui n'existe pas pour les moins de 25 ans".

L'économiste affirme que les "baby boomers" perçoivent des revenus deux fois supérieurs à leurs cotisations, ce qu'il qualifie de "retraites généreuses", tandis qu'en 2022 les pensions de retraite ont augmenté plus vite que les salaires. "On fait tout retomber sur la jeunesse qui hérite déjà d'une dette publique phénoménale, qui doit régler la question du réchauffement climatique, qui n'a plus accès au logement... Faisons attention à ne pas mettre sur le dos de la jeunesse nos erreurs passées."

Un mécanisme solidaire permettrait que les retraités riches financent les retraités pauvres

Maxime Sbaihi

à France 3 Paca

Solidarité entre les générations

Pas question de taxer les retraites pour autant. Maxime Sbaihi développe des solutions dans son ouvrage Le grand vieillissement et propose notamment d'agir sur des leviers fiscaux. "Il s'agit d'aligner le taux de CSG des retraités sur celui des actifs. Par ailleurs, la niche fiscale des frais professionnels dans l'impôt sur le revenu, une remise de 10 %, devrait être réservée aux actifs."

Autre proposition systémique de l'économiste: mettre en place un mécanisme de solidarité intragénérationnel "pour que les retraités riches financent les retraités pauvres". Voilà qui devrait permettre selon l'auteur de récupérer "plusieurs milliards", qui restent à chiffrer précisément.

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