Réforme des retraites : les travailleuses du sexe aussi dans la rue à Marseille

Peu ou pas considérées, les travailleuses du sexe se déclarent aussi concernées par la question des retraites, dont l'accès aux droits est compliqué, voire impossible même pour les plus professionnelles d'entre elles.

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Elles sont escort girl, actrice pornographique, prostituée ou encore camgirl sur internet... l'éventail des différents métiers du sexe est large, tout autant que les régimes sociaux auxquels ces travailleuses du sexe sont rattachées.

Eva Vocz a 27 ans et exerce la profession d'actrice de films X. Ce 29 janvier, elle était aussi dans le cortège des manifestants contre le projet de réforme des retraites à Marseille.

La banderole vise plus la police que les retraites mais qu'importe, avant tout il fallait être là, "aux côtés des autres travailleurs précarisés, quel que soit le secteur d'activité".

Pour la jeune femme, militante du Syndicat du travail sexuel (STRASS), les travailleurs du sexe sont stigmatisés par la société et par les lois. "On aimerait avoir accès au même droit commun", souligne-t-elle.

Auto-entrepreneurs, intermittents...

Eva Vocz rappelle que dans les différents métiers du sexe, il y a différents statuts et régimes. Elle déplore le manque d'information.

"On est ballotés d'un régime de retraite à un autre et le problème, c'est que les travailleurs du sexe ne sont pas ou peu informés de leurs droits", déplore la jeune femme. Et de prendre pour exemple son cas, celui des acteurs pornographiques, normalement rattachés au statut d'intermittent.

"En général, c'est ce qui devrait se passer, mais comme la législation est très dure avec les productions françaises, nous sommes de moins en moins payés au cachet et on nous demande de plus en plus de nous déclarer comme auto-entrepreneur".

Ce statut est devenu accessible pour ces professions depuis 2004 et ouvre des droits à l'accès à la retraite.

La retraite mais surtout le droit d'exercer

La grogne contre le projet de réforme des retraites est aussi l'occasion pour ces travailleuses du sexe de revendiquer haut et fort le difficile statut des professionnelles de la rue, doublement pénalisées selon elles, par une absence de droits sociaux et la poursuite de leurs clients par la loi du 13 avril 2016. 

Dans son volet pénal, si la loi a bien abrogé le délit de racolage, elle l'a remplacé par la verbalisation des clients, avec une amende de 1.500 euros pouvant aller jusqu'à 3.750 euros en cas de récidive.

Dans son volet social, le dispositif prévoit un "parcours de sortie", offrant à ses bénéficiaires un logement locatif social ou une place en foyer, un accompagnement médical ainsi que des actions d'insertion sociale et professionnelle.

Mais selon Eva Vocz, cette loi pousse surtout les prostituées qui ne souhaitent pas quitter leur métier, "à moins sélectionner la clientèle, à être moins visibles et donc plus vulnérables, et à précariser encore plus la profession".
 
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