Un collectif d'intermittents recouvre de leurs affiches des panneaux électoraux à Marseille pour alerter sur les difficultés qu'ils rencontrent depuis la crise. Il demande la prolongation de l'année blanche et un accompagnement du secteur.
Trois hommes et trois femmes. Depuis quelques jours, dans les rues de Marseille, ils s'affichent en grand formats sur les panneaux électoraux, mais ils ne sont pas candidats. Leur slogan : "Prenons le parti de la culture!".
Cooz est artificier, Lucie technicienne plateau, Emilie régisseuse lumière, Jérémy directeur technique, Lydia chargée de production, Rudy régisseur son. Leurs visages apostrophent les passants au nom du collectif des techniciens.nes et administrateurs.trices du spectacle 13.
Deux milles affiches reprenant les codes de la campagne ont été placardées à travers la ville pour mettre "en lumière ces métiers" sacrifiés par la crise du Covid, indique Renaud Campana, membre actif du collectif.
Ce dernier a été créé en mars dernier pour représenter les intermittents du spectacle vivant qui travaillent surtout sur les concerts et les festivals pour des productions privées.
#noculturenofuture
"En ce moment, avec les annonces du gouvernement, tout le monde a l'impression que ça reprend pour nous, mais ce qui n'est pas le cas, explique-t-il. Ce qui reprend ce sont les opérations subventionnées, ce n'est pas dans le privé."
Les contraintes du protocole sanitaire applicables à ces événements (jauge réduite, pass sanitaire) représentent selon lui un énorme surcoût pour les producteurs, qui dans le même temps savent qu'ils ne pourront pas faire le plein. A l'arrivée, beaucoup préfèrent renoncer.
"Toutes les tournées françaises ou étrangères sont reportées à 2022 voire 2023. Et nous, on ne bosse pas. On n'a pas la masse de travail qu'on a habituellement entre mai et août, la saison où on travaille le plus".
Renaud Campana, 49 ans, est intermittent depuis 20 ans. Il a selon lui toujours "plutôt bien gagné sa vie". Mais avec la crise, comme beaucoup, il n'a pas pu faire ses heures pour toucher pleinement l'assurance chômage. "On sait que dans 6 mois, on va se retrouver au RSA ou avec même pas un smic par mois".
Le collectif demande une reconduction de l'année blanche à partir de la reprise complète du travail pour tous, "qu'on ait 12 mois pour refaire nos droits", souligne Renaud Campana. Il réclame aussi un plan de relance pour la Culture.
Le collectif profite de chacune de ces affiches pour rappeler le poids de ce secteur en France. On peut lire par exemple que "la culture c'est 2,2 % de l'économie et 2,4 % de la population active" ou encore que "le poids de la culture est comparable à celui de l'industrie agroalimentaire"....
Le 28 mai dernier, les intermittents ont envoyé un signal de détresse en allumant des fumigènes autour de la Bonne Mère. Pour la fête de la musique, ils avaient envisagé de donner de la voix avec un concert surprise à Marseille.... ce ne sera pas possible.
Avec cette campagne d'affichage, ils espèrent au moins donner un peu de visibilité à leur cause, à défaut de pouvoir se faire entendre.