En 2021, Marseille vivait un été meurtrier avec de nombreux assassinats liés au trafic de drogue. Deux hommes ont été condamnés à huit ans de prison cette semaine pour une fusillade qui avait marqué le début d'un affrontement sanglant entre deux bandes rivales.
Ils ont tristement marqué l'été 2021. Elamine Chihabddine, 25 ans, dit Elams, et Sadam Youssouf, 28 ans, ont été condamnés lundi 29 janvier à Marseille à huit ans de prison. Ils étaient accusés d'avoir déclenché une fusillade en mai 2021, fait déclencheur d'une série d'au moins sept assassinats l'été suivant dans la guerre opposant "les Blacks" de la cité des Lauriers à leurs voisins des Oliviers. Des cités aux noms champêtres mais minées par la pauvreté et la violence.
Les deux hommes étaient également impliqués dans d'autres dossiers d'assassinat, de trafic d'armes et de trafic de drogue.
Le début du conflit entre les Blacks et la bande des Oliviers A
Le 16 mai 2021, au pied d'un bâtiment de la cité des Hirondelles, cinq ou six jeunes discutent lorsque, à 2h30, deux hommes en noir, armés et cagoulés, les prennent pour cible au fusil d'assaut.
Un adolescent de 15 ans est légèrement blessé par des éclats de verre, les autres détalent. Une fusillade comme Marseille en connaît à certaines périodes, jusqu'à deux à trois par semaine mais, a précisé la procureure Tamara Elbaz, "ces faits marquent le début du conflit" entre les Blacks et la bande des Oliviers A. Elamine Chihabddine et Sadam Youssouf avaient été interpellés quelques mois plus tard.
Des trafiquants haut placés
"Ils sont tous les deux des trafiquants des Oliviers A, à un haut positionnement", a estimé la procureure, citant d'autres dossiers dans lesquels les prévenus sont impliqués.
En février 2023, Elamine Chihabddine est mis en examen pour l'assassinat d'un membre présumé de l'équipe adverse des Lauriers, tué en août 2021 à Martigues (Bouches-du-Rhône).
Il est aussi poursuivi pour association de malfaiteurs et pour des faits de trafic d'armes, en marge d'un double assassinat, en août 2021, visant le gérant de la Marine Bleue, un point de deal d'une autre cité dans la sphère d'influence des Blacks. Autant de mises en cause qu'il conteste tout comme la fusillade aux Hirondelles.
Les prévenus nient leur implication
Son coprévenu, Sadam Youssouf, condamné à quatre reprises pour trafic de drogue, avoue juste un petit rôle de guetteur. Il est mis en cause pour l'enlèvement, en 2019, de deux petites mains d'un réseau, "corrigées" dans les collines marseillaises, l'un de ces jeunes s'étant fait tirer une balle dans le pied. "C'est pas le travail des choufs de corriger ceux qui volent le réseau, c'est des plus hauts gradés", se défend-il.
Illustration de sempiternels "matches retour" entre gangs rivaux, deux des victimes des tirs des Hirondelles sont assises au second rang dans le box des détenus. Parties civiles mais en détention, l'un d'eux, membre des Lauriers, est mis en cause dans un enlèvement suivi de mort, commis le 21 août 2021.
Un membre présumé des Oliviers A avait été jeté dans un coffre de véhicule qui allait être brûlé. La victime était vivante au moment de l'incendie.
Les rivalités se sont effacées pour faire front commun face aux juges. Les deux victimes de la fusillade des Hirondelles ont volé au secours des prévenus. "Pour moi, c'est pas eux", a déclaré le mineur qui avait été blessé et se trouve désormais en prison pour son rôle présumé pour une autre affaire non précisée.