Rejets d'eau douce dans l'étang de Berre: le tribunal de Marseille se déclare incompétent

Le tribunal correctionnel de Marseille s'est déclaré territorialement incompétent lundi pour juger EDF accusé d'atteinte à l'environnement. Des rejets massifs d'eau douce dans l'Etang de Berre avaient contribué, selon les parties civiles, à une grave crise écologique à l'été 2018.

L'usine d'EDF étant située à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), l'affaire relève du parquet d'Aix-en-Provence selon le tribunal correctionnel de Marseille qui, de ce fait, ne se considère "pas de compétence territoriale ordinaire" pour la juger.

Le parquet de Marseille dispose d'un pôle spécialisé en matière d'atteintes à l'environnement mais, a rappelé la présidente du tribunal Céline Ballerini lundi, "seul le procureur de la République" peut saisir une juridiction spécialisée, pas les parties civiles.

14,5 millions d'euros de préjudice

A l'été 2018, des milliers de poissons avaient péri dans ce qui est une des plus grandes lagunes méditerranéennes d'Europe et des herbiers avaient souffert, victimes d'une "anoxie" sans précédent, une absence d'oxygène fatale causée notamment par une forte chaleur et l'absence de vent.

Un phénomène aggravé, selon le Gipreb (le syndicat de l'étang de Berre), par un turbinage intensif, dans les mois précédents, de la centrale hydro-électrique de Saint-Chamas.

Outre la "remise en état durable" de l'écosystème, notamment par une nouvelle limitation de ses rejets d'eau douce, le Gipreb demandait à EDF près de 14 millions d'euros au titre des préjudices économique et écologique.

Le Comité régional des pêches maritimes, également partie civile, a demandé 50.000 euros au titre de son préjudice tiré de l'atteinte à sa mission de protection de l'environnement.

Les déversements d'eau douce en accusation

A la barre, lors de l'audience le 2 mai, un ingénieur en biologie marine, Patrick Astruch, avait estimé que les déversements d'eau douce d'EDF étaient "clairement un des facteurs" de cette crise écologique.

Interrogé par l'AFP après le jugement lundi, Didier Khelfa, maire de Saint-Chamas, a estimé que malgré la décision du tribunal "un éclairage a été apporté sur l'équilibre précaire de notre étang".

Cette année, a-t-il annoncé, "pour la première fois un organisme vivant a été observé tout au fond de l'étang, alors que d'habitude à ces profondeurs la stratification est telle que c'est impossible". Une bonne nouvelle qui s'explique selon lui par le fait qu'EDF "a cessé de turbiner en février".

Depuis 2020, une concertation associant tous les acteurs du territoire, et notamment EDF, évalue les bénéfices d'une réduction des déversements d'eau douce.

Fin juin, du fait notamment de l'invasion de l'Ukraine et des menaces énergétiques sur la France, EDF a annoncé suspendre l'expérimentation des quotas sur Berre "afin de préserver autant que possible les capacités de production de la chaine hydroélectrique Durance-Verdon à laquelle appartient l'usine de St Chamas".

L'entreprise fournit un tiers de l'électricité de Provence-Alpes-Côte-d'Azur grâce à ses centrales hydroélectriques.

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