"J'avais confiance en vous. Puis j'ai constaté"... Dans une lettre ouverte au maire de Marseille, une institutrice écrit son inquiétude après avoir préparé pour ce mardi 12 mai, le retour de ses élèves en classe primaire.
Sa lettre était partagée près de 1000 fois mardi matin, soulevant l'indignation dans les commentaires.
Forcément, à l'heure d'un retour en classe très critiqué par les enseignants et les personnels des écoles, le petit mot de cette enseignante d'une école classée REP+ "dans un quartier dit "prioritaire"" de Marseille, ne passe pas inaperçu sur les réseaux sociaux.
Dans ce courrier d'une cinquantaine de lignes, la professeure décrit tout son désarroi alors qu'elle est retournée "pleine de bonne volonté" dans son école, "prête à revenir travailler dans de bonnes conditions", pour préparer le retour de ses jeunes élèves.
"Vous nous aviez dit que "tout était prêt" (…) J'avais confiance en vous. Puis j'ai constaté", écrit-elle au maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin.
Commence une litanie des désordres constatés dans son établissement : des paquets de masques ouverts, "peut-on vraiment dire qu'ils sont stériles ...?", des bidons de gels hydroalcooliques mais pas de flacons pompes, "du coup, comment devons-nous nous servir...?"
La jeune enseignante a depuis retiré son post "malgré ses convictions" souligne-t-elle.
"J'ai constaté que le thermomètre frontal livré ne s'allumait pas, écrivait-elle,"que seulement deux flèches servant à indiquer le sens de circulation nous sont parvenues", dans cettte école de 300 élèves.
L'institutrice explique encore que les deux "tatas" (personnel Atsem, ndlr) "auront, même avec toute la volonté du monde, du mal à nettoyer après chaque passage d'un élève aux toilettes, à chaque temps de récréation toutes les poignées, les interrupteurs, les chaises, bureaux...".
"En même temps, à quoi m'attendais-je ?", poursuit l'institutrice décrivant le quotidien de l'année passée. Comme ces "excréments de rats" retrouvés sur les couverts de la cantine, ou ces cafards dans les classes, "jusqu'à les avoir dans notre frigo ou notre four micro-ondes", écrit-elle, photos à l'appui.
"Nous sommes toujours volontaires, encore aujourd'hui, tous réunis, prêt à accueillir nos élèves dans ces conditions, aussi tristes et dangereuses soient-elles", conclut-elle, "Prêts à tout pour eux, car ils restent notre priorité. Mais tout cela est-ce bien normal, Monsieur le Maire ?"
A Marseille, "tout est prêt"
"Tous les produits ont été donnés, il y a des semaines que nous préparons cette rentrée scolaire", s'est défendu mardi Jean-Claude Gaudin, qui en mars s'apprêtait à laisser son fauteuil après 25 ans de règne."Alors ici ou là, il peut y avoir des choses qu'il faut encore bien vérifier, mais globalement, je suis assez satisfait que de nombreuses écoles aient pu rouvrir ce matin", a-t-il insisté.
Le maire, dont la municipalité est régulièrement critiquée pour le mauvais état de ses écoles, indique ainsi avoir mobilisé "depuis plusieurs semaines", l'ensemble des services de la ville et les marins-pompiers "afin de garantir les meilleures conditions de sécurité sanitaires".
"1 506 agents sont mobilisés et 200 d'entre eux sont exclusivement chargés de l'entretien des sanitaires et des locaux communs dans les écoles élémentaires", a encore indiqué Jean-Claude Gaudin.
De quoi garantir "une rentrée au mois de septembre, où toutes les difficultés auront été levés", a-t-il encore précisé.
443 écoles devaient rouvrir leurs portes à partir du 12 mai à Marseille, sur 470 établissements.
75% des écoles de l'académie d'Aix-Marseille ont rouvert ce mardi. "46.000 élèves ont été accueillis et nous en attendons 60.000 d'ici au 22 mai", sur les 300.000 élèves que comptent l'académie, a indiqué le recteur Bernard Beignier. 90% des écoles seront ouvertes d'ici à la fin de cette semaine.