Quatre jours après la révélation du scandale, le parquet de Marseille a ouvert une enquête à l'encontre de la présidente du bailleur social 13 Habitat, Nora Preziosi. Elle est accusée de prise illégale d'intérêts, détournement de fonds publics et recel.
Ce jeudi 18 juillet, le parquet de Marseille a confirmé à France 3 Provence-Alpes "l’ouverture d’une enquête préliminaire des chefs de prise illégale d’intérêts, détournements de fonds publics et recel" après les révélations autour de l'attribution d'un HLM à la mère de Nora Preziosi. Lundi 15 juillet, Marsactu révélait dans un article (payant) que la présidente de 13 Habitat, l'office HLM des Bouches-du-Rhône, avait obtenu en juin 2023 un logement social à Marseille pour sa mère, près de la plage des Catalans. Cette annonce avait déclenché de vives polémiques.
Enquête ouverte à l'encontre de Nora Preziosi
Quatre jours après la révélation de cette affaire, la justice a décidé de réagir. L'enquête ouverte a été confiée à la Brigade de la criminalité financière (BCF) de la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) du SIJP de la DIPN13, confirme le parquet.
Nora Preziosi est accusée d'avoir utilisé sa position au sein de l'office HLM des Bouches-du-Rhône, entité qu'elle dirige depuis juin 2022, pour favoriser sa mère à obtenir un logement. Il s'agirait d'un appartement T4 de 90 m² avec terrasse aux Catalans sur le littoral marseillais dans le 7ᵉ arrondissement, une résidence très demandée. Elle aurait emménagé avec l'une de ses filles handicapées en juin 2023. Le logement social aurait même subi des travaux chiffrés à 33 000 euros, selon le site Marsactu.
"On est clairement dans une situation d'ingérence et de clientélisme assumée", a affirmé à France 3 Provence Alpes, un ancien salarié du bailleur sous couvert d'anonymat, qui dénonce par ailleurs "une chasse aux sorcières sans précédent depuis son arrivée".
"Tout cela est faux et archi-faux"
Selon Nora Preziosi, cette histoire n'a pas lieu d'être. "Je suis choquée par ses propos, tout cela est faux et archi-faux", a indiqué Nora Preziosi à France 3 Provence-Alpes, refusant une interview. "Ma mère de 93 ans et handicapée, demandait un logement depuis dix ans."
L'élue soutient qu'elle n'a pas participé au vote de juin 2023. "Je suis sortie au moment de l'examen du dossier, c'est la commission qui a validé sa demande." Auprès de nos confrères de La Provence, elle a assuré : "J’ai dit à mes services : ’Le jour où un T4 se libère, vous le gardez pour ma mère.’ Est-ce que je n’ai pas le droit d’aider ma mère ? Si on m’accuse, on accuse la commission d’attribution qui a agi de façon souveraine."
Ce jeudi 18 juillet, la préfecture a démenti auprès de La Provence les affirmations de l'élue marseillaise. Selon la préfecture des Bouches-du-Rhône, ce dossier a été présenté par Nora Preziosi à la Commission d'attribution des logements (Caleol) du bailleur social public.
J'ai saisi officiellement le Préfet et l'ANCOLS pour vérification du respect des règles juridiques et administratives dans cette attribution.C'est le minimum qu'on doive aux 48 000 demandeurs de la Ville,âgés ou plus jeunes. La mère de Nora Preziosi, bien entendu ,ne risque rien. https://t.co/hNzhRzcYMM
— Patrick Amico (@patrick_amico) July 17, 2024
Après la révélation de ce scandale, plusieurs élus, comme Patrick Amico, adjoint au maire de Marseille en charge du logement, ou encore les députés LFI Sébastien Delogu et Manuel Bompard ont demandé la démission de la présidente du bailleur social 13 Habitat.