Témoignages. "On a peur" : alors qu'un nouvel immeuble se fissure à Martigues, les habitants redoutent un effondrement

Publié le Écrit par Alizée Calvo
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Dans le quartier de Notre-Dame-des-Marins à Martigues, l'inquiétude monte. Depuis l'évacuation d'un bâtiment, les habitants de l'immeuble voisin voient les fissures des murs de leur immeuble s'agrandir. France 3 Provence a recueilli leurs témoignages.

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Consternée, Anissa Belambri inspecte les couloirs du deuxième étage de son immeuble. Depuis 2017, elle réside dans le bâtiment L, du bailleur social 13 Habitat, à Martigues. Inquiète, elle glisse sa main dans l'une des nombreuses fissures qui sont apparues le long des murs. "Chaque jour, on constate que ça s'ouvre de plus en plus", souffle-t-elle.

Dans ce quartier de Notre-Dame-des-Marins, 150 habitants des bâtiments K et M ont été évacués en septembre. Les résidents du bâtiment L, l'immeuble voisin, craignent eux aussi de devoir partir.

"Ils ont essayé de mettre du silicone pour refermer les fissures, détaille Anissa Belambri. Mais ça s'est rouvert." Cette mère de famille a grandi dans le quartier. Bien qu'elle n'ait pas envie de le quitter, elle se pose des questions : "J'ai du mal à dormir, ça me travaille, confie-t-elle. Ma belle-mère qui habite au 6ème étage est partie, elle avait trop peur que l'immeuble s'effondre."

"On a un bébé de 5 mois, nous sommes partis"

Partir, certains en ont fait le choix depuis l'évacuation des bâtiments K et M. C'est le cas de Nadjet Gonaia et de son mari Mohammed. Pendant trois mois, des proches les ont hébergés. Ils viennent de revenir dans la résidence.

"On a un bébé de 5 mois, nous sommes partis car on a peur", raconte Nadjet Gonaia. "Imaginez, si l'immeuble d'à côté s'effondre, toute la poussière qui tombera, c'est risqué pour un enfant", ajoute son mari.

Dans le couloir, le bruit des roues de leur poussette résonne. Leur voisine, Anissa Belambri vient à leur rencontre. "Quand vous êtes partis, la fissure n'était pas aussi grande non ?", demande-t-elle en pointant le mur dans lequel elle peut glisser sa main. "Non, lui répond Nadjet Gonaia. Les petites fissures dans notre appartement grandissent aussi." D'après ses souvenirs, elles seraient apparues en 2022.

"On a fait une demande de relogement, ajoute Mohammed Gonaia. On a besoin d'un T3 mais on prendra même un T2 s'il n'y a que ça de disponible : on veut juste être dans un endroit propre et bien."

"Je vis dans les cartons par peur de devoir évacuer"

Il est 11h, une demi-heure avant d'aller chercher ses enfants à l'école, Anissa Belambri rejoint d'autres habitantes du quartier. Au pied de l'immeuble, elles discutent.

"Ils nous disent que tout va bien mais en même temps des experts viennent, on ne sait pas ce qu'il se passe", se désole Noële Saez. Elle résidait dans l'immeuble qui a été évacué en septembre et a été relogée dans le bâtiment L.

"Avant d'emménager je leur ai demandé [à 13 Habitat] si l'immeuble était sécurisé, précise-t-elle. Maintenant on est sûr de rien, je vis dans les cartons par peur de devoir évacuer". Elle regarde son chien Cartel tout en ajoutant : "Je ne le laisse même plus tout seul chez moi".

Le bailleur social 13 Habitat est quant à lui moins inquiet : "À la suite de la fissuration en septembre dernier du bâtiment K de Notre-Dame des Marins, à Martigues, les 17 autres immeubles de la cité ont tous été expertisés. Aucune anomalie n’a été détectée", déclare-t-il dans un communiqué de presse lundi 18 décembre.

"13 Habitat a néanmoins décidé de procéder à des travaux préventifs de confortement du sol sur l’ensemble du contour du bâtiment L", précise-t-il. Sur la façade, des capteurs de mesure de fissures ont également été installés

En attendant, le rapport de l'expert mandaté par le bailleur social, 25 habitants se sont cotisés pour faire venir un autre expert. Ce dernier conseille de "prendre les mesures de sauvegarde immédiatement afin d'assurer la sécurité des personnes".

Par précaution, Rhym Kadir, à l'origine de la demande de cette seconde expertise a "préparé des sacs avec des objets de valeur et des papiers, au cas où nous devions partir".

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