Les fortes pluies de ces dernières semaines ne suffisent pas, dans certaines zones de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, à rendre les sols moins secs et à maintenir le niveau des nappes phréatiques à la normale.
Environ deux tiers des nappes phréatiques françaises restent sous les normales saisonnières, et ce depuis trois mois consécutifs, a annoncé mardi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, sur France Inter et lors d'une conférence de presse. La situation ne devrait pas s'améliorer alors que la chaleur estivale s'installe sur le pays, et notamment dans la région PACA. "Depuis l'été dernier, les nappes ne se sont pas rechargées. (...) Nous restons avec 68% des nappes qui sont sous les normales de saison".
Ces chiffres ont été confirmés en fin d'après-midi par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Entre début avril et fin juin, la situation des nappes "n'évolue que peu voire se dégrade légèrement", a indiqué l'organisme public chargé de la surveillance des nappes.
Les pluies du printemps sont arrivées trop tard pour véritablement recharger les nappes. La végétation a absorbé la majorité de l'eau depuis avril, et la plupart d'entre elles sont tombées sur des sols trop secs pour réellement s'infiltrer. Malgré tout, ces précipitations ont, sur certaines zones de la région PACA, évité que la situation ne s'aggrave.
Une pluviométrie contrastée en PACA
La direction régionale de l’environnement (DREAL) annonce dans son dernier bulletin hydrologique publié le 11 juillet que les cumuls de précipitations de la première quinzaine de juin sont par endroits nettement plus élevés que la normale. Atteignant +300 à + 400% dans le Val de Durance tandis que dans l’Est des Alpes-de-Haute-Provence, ces cumuls n’atteignent que 20 mm.
Globalement, sur l’année hydrologique, la région accuse tout de même un déficit pluviométrique de -20 à -40% sur le littoral des Bouches-du-Rhône, l’Est du Var et les Alpes-Maritimes. Notamment la Côte-d’Azur.
DREAL
Un rapport qui fait réagir Gaétan Heymes, prévisionniste à Méteo-France : "On a de la chance d'avoir eu autant d'eau le mois dernier avec des orages plus nombreux. Sans cela, la situation aurait été peut-être pire que 2022 car les effets de la sécheresse s'accumulent malheureusement dans le temps".
L'impact des précipitations sur les nappes
"Les nappes dans la région PACA ont, pour bon nombre d’entre elles, été sensibles aux conditions hydroclimatiques du mois de juin", peut-on lire dans le bulletin de la DREAL.
Celles de l’Est et du centre de la région, qui jusqu’à fin avril n’avaient pas pu être rechargées, ont retrouvé leur niveau habituel. Certaines ont même dépassé celui atteint en juin 2022.
Le rapport note également que les précipitations tombées au courant des mois de mai et juin ont donc eu un impact visible, mais temporaires, sur les niveaux et débits des ressources en eaux souterraines. Il faut rester vigilants selon le climatologue Gaëtan Heymes :
Une série d'épisodes pluvieux très rapprochés comme par exemple un automne et un hiver humides seraient bienvenus, mais à ce stade de l'année, il est très difficile de prévoir ce genre de phénomène dans notre région.
Gaétan Heymes
Les conséquences des pluies sur les cours d’eau
Une disparité s’observe en fonction des secteurs du territoire. La fonte des neiges est quasi terminée et malgré les pluies tombées, on note une baisse des débits des cours d’eau. C’est le cas par exemple dans les stations des Alpes-Maritimes.
En revanche, les stations de Meyreuil sur l’Arc(13), Châteauvert sur l’Argens (83) ou encore Mormoiron sur l’Auzon (84) enregistrent une hydraulicité (débit moyen) supérieure à 2,5. Conséquence d’un cumul pluviométrique excédentaire sur ces secteurs.
Quant à la Giscle à Cogolin et à la Natuby à Trans en Provence, elles ont un rapport à la normale entre 0,02 et 0,20 et sont quasiment à sec.
Selon le rapport du DREAL, malgré les précipitations excédentaires du mois dernier, les sols se sont, de manière globale, asséchés.
Avec AFP.