La petite fille, victime de harcèlement à l'école, selon sa maman, a été violemment agressée vendredi dernier par d'autres élèves dans la cour et elle est toujours hospitalisée.
Il y a de la colère et de l'incompréhension dans la voix de Leïla. Colère face à un tel déferlement de violence contre sa fille de 10 ans. Incompréhension que la directrice de l'école n'ait pas appelé les pompiers. "Ce qui s'est passé ne devrait jamais exister".
Synda est scolarisée dans une classe double CM1-CM2 à l'école Square Michelet, dans le 9ᵉ arrondissement de Marseille. Vendredi 7 juin, la maman a reçu un appel lui demandant de venir chercher sa fille, agressée par plusieurs élèves dans la cour de récréation à la pause méridienne.
Dans la plainte déposée le 12 juin que France 3 Provence-Alpes a pu consulter, Leïla relate qu'à son arrivée dans la salle des professeurs, elle a découvert sa fille en état de choc, qui lui a crié : "Ils m'ont frappé dans la tête, maman".
"Tu es grosse", "tu es marron"
"Ma fille a perdu connaissance pendant qu'il la prenait à coups de pied dans la tête, elle pissait le sang, raconte la maman qui a conduit elle-même Synda au service pédiatrique de Saint-Joseph. "Quand on est arrivées, elle a vomi, ils l'ont prise directement en urgence", ajoute-t-elle."Ils ont constaté le trauma crânien, ils ont fait un scanner, ils ont vu qu'il y avait un hématome, ils l'ont gardé et elle est toujours hospitalisée depuis une semaine". L'hôpital a fait un signalement judiciaire concernant Synda. Il est précisé qu'elle est "hospitalisée pour un traumatisme crânien sévère avec perte de connaissance initiale et un syndrome de stress aigu".
Selon Leïla, sa fille est victime de harcèlement depuis plusieurs mois de la part d'un élève de sa classe. Elle dit l'avoir "signalé à maintes reprises et rien n'a été fait".
"Tous les jours, il lui dit 'tu es grosse', 'tu es marron', il lui tire les cheveux, il lui dit des trucs obscènes que la petite ne comprend pas, jusqu'au jour où elle s'est baissée pour faire ses lacets et il a simulé une fellation. Alors là, c'était trop, je suis allée voir la directrice et je lui ai dit", mais là encore, dénonce-t-elle, "rien n'a été fait".
Selon elle, l'instigateur est un élève de sa classe qui "a prémédité son coup" avec des CM2. "Il a monté sa petite équipe et ils l'ont massacrée".
Des coups de pieds dans la tête "comme dans un ballon"
Selon Leïla, la directrice était occupée à l'accueil des élèves au portail et deux professeurs surveillaient la cour. "Elles ont mis plus de cinq minutes à arriver parce qu'elles n'avaient pas vu, il a fallu qu'un élève court les chercher", affirme la maman. Leïla rapporte une scène d'une extrême violence, des coups portés dans le dos et au visage. "Quand elles en tiraient un, un autre y allait, et lui remettait un coup de pied, comme s'il tirait dans un ballon. Elles m'ont dit qu'ils hurlaient, ils étaient enragés, on aurait dit des fous".
"Son frère a été témoin de la scène, il est resté traumatisé", "l'image qu'il a de sa sœur, c'est allongée par terre, avec des yeux blancs, en train de saigner du nez", précise-t-elle.
"Elle s'est vu mourir, parce que ça a duré un certain temps, ajoute la maman, jusqu'à ce qu'une petite fille, quand même assez grande, lui a sauté sur la tête à pieds joints, comme si c'était un jeu".
Elle a entendu un bruit, elle a perdu connaissance, elle s'est sentie partir, elle a cru qu'elle mourrait.
Leïla, maman de SyndaFrance 3 Provence-Alpes
La maman ne sait pas quand sa fille pourra sortir de l'hôpital. "Elle est toujours dans un état de choc, je ne la reconnais plus, elle est complètement fermée, elle ne parle pas". Synda fait des cauchemars. "Elle a déclenché des phobies, elle a peur de sortir. Elle a peur que des gens la frappent. Elle ne se sent en sécurité que dans sa chambre d'hôpital avec la porte fermée", dit-elle.
Pour l'heure, aucune enquête n'est ouverte. Lors de la publication de cet article, la rédaction de France 3 Provence-Alpes n'est pas parvenue à joindre la directrice de l'établissement.
>>> A savoir : Il existe un numéro gratuit, anonyme et confidentiel contre le harcèlement scolaire : le 3018. Les appels sont pris sept jours sur sept, de 9h à 23h.
Le gouvernement met également en place une plateforme d'aide et de renseignements education.gouv.fr.non-au-harcelement.